Couteaux - Japon 2
Quelques Higonokami en direct du Japon
Je vais vous présenter les petits que j’ai ramenés du Japon.
Tout d’abord, précisons les termes. Higonokami est une marque déposée, c’est donc un nom propre et, en tant que tel, est invariable et prend une majuscule, comme Opinel ou Victor Hugo. Seules deux sociétés gèrent l’appellation.
De haut en bas :
- le plus traditionnel, lame trois couches et manche en laiton, acheté dans une petite boutique sous le métro aérien, à deux cents mètres de celui dont je vous ai parlé dans Japon 1 (valeur : deux Opinel de base) ;
- en dessous, lame d’acier inconnu et manche en tôle, acheté dans une quincaillerie de la ville de Ôtsu (valeur : trois baguettes de pain) ;
- le même en plus petit ( et quelques miettes de moins), acheté au même endroit ;
- le mastoc à manche plastique acheté dans une quincaillerie de banlieue (valeur : une baguette de pain).
J’ai distribué les deux du milieu et deux exemplaires de celui en plastique jaune aux amis comme cadeau au retour.
Ce qui caractérise le Higonokami est sa conception simple à friction, un seul clou, manche en métal plié, et blocage de lame avec le pouce sur la mouche. La forme de la lame est également caractéristique : en forme de lame de katana avec la pointe en « tanto inversée ».
Faisons-nous une idée des lames :
Oh, mais on dirait que le plus prestigieux des quatre aurait la lame un peu voilée !?
Absolument. J’ai bien essayé de la redresser, mais l’acier trois couches, ça ne se redresse pas comme cela. Ce serait même un coup à se faire mal. Au bout du compte, je me dis que ça fait partie de son charme.
C’est donc celui que j’ai gardé.
Voyons ce qui est écrit dessus, parce que les idéogrammes exercent sur nous la fascination du mystère :
Si je transcris en romanji (écriture romane), sur la boite et sur le manche en laiton est écrit Higonokami.
Le modèle le plus traditionnel possède une lame d’une longueur identique à celle du Douk-Douk classique, et son manche a quelques millimètres de moins. L’épaisseur des lames est comparable au ricasso, mais celle du Higonokami ne s’affine pas en allant vers la pointe. Ce détail et la qualité de l’acier trois couches en font une lame beaucoup plus robuste que celle du Douk. En revanche, j’ai l’impression que le laiton du manche risquerait de plier à un effort latéral bien plus facilement que la tôle du Douk.
Ce qui m’étonne, c’est l'incroyable qualité de la lame relativement à sa destination bureautique : a-t-on besoin d’un acier triple couche pour tailler des crayons ou pour ouvrir du courrier ? Le papier étant certes abrasif, un acier dur suffirait, non ? D’autant que le fait qu’il n’y ait pas de blocage réserve son emploi à l’intérieur de la maison, ce n'est pas vraiment un couteau d'extérieur.
L’ouverture à une main est possible, mais pas très rapide ; tandis qu’il se ferme facilement d’une seule main
Le modèle le moins traditionnel est quand même une étrangeté extraterrestre :
Sur la lame de ce drôle d’oiseau à manche plastique bizarre, quelques idéogrammes :
qui signifient niu higo, qui est la transcription phonétique de new higo. Je présume que, dans l’esprit de ses concepteurs, ce couteau est le « nouveau petit couteau à tout faire et pas cher ».
Lame
On ne lui demandera pas d’abattre un arbre ou de servir un rhinocéros, mais on peut manger avec, et même préparer ce qu’on mangera. Un système de vis-écrou, si bien qu'on peut affermir le serrage de la lame et si le manche venait à lâcher (ce n’est que du plastique de base), rien n’empêcherait le bricolo avisé de s’en rebidouiller un vite fait avec un bout de tôle, pliée bien entendu, et un petit perçage basique.
Pas d’ouverture à une main, mais fermeture à une main facile.
P.S. : Législation japonaise – mots clefs : voyage couteau Japon.
Depuis qu’une femme a tué un homme à coups de couteau dans une gare et un accès de folie, porter un couteau est passible de 500.000 yens (environ 3700 €) d’amende et de trois ans de prison. C’est la bonne vieille technique : calmer l’opinion en légiférant sur le moyen et en évitant surtout de se questionner sur la cause. Ainsi, de nombreux couteliers japonais, depuis cette date assez récente (de l’ordre de un, deux ou trois ans, je ne me souviens plus), ont dû fermer boutique.
Le coutelier : « Je ne vous conseille pas de porter un couteau sur vous, pas même un Higonokami. Là, ça va, parce que vous avez la facture avec la date d’aujourd’hui, mais sinon, il ne vaut mieux pas. »
C’était un message à tous ceux qui voudraient se faire une petite virée à travers le Japon avec un « naïhu » (transcription phonétique de knife) dans la pocket.
Finalement, on n’est pas mal lotis en France. Au lieu de râler.
Mots-clés : Couteaux Japonais
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