Machette thaïlandaise.
L'exotisme asiatique.
Aujourd’hui, machette d’un pays lointain, utilitaire dans toute sa rudesse et toute son élégance, faite pour le terrain, vibrant de la trempe d’un peuple laborieux.
Le fourreau ne possède aucun moyen d’accroche, sans doute pour diminuer le coût en matières premières et laisser à chacun d’adapter une sangle à sa guise ou de le glisser à la ceinture (à la manière du katana) ou encore de le tenir simplement à la main.
Mais surtout le fourreau n’est pas assez large, et le tranchant affleure quand on sort la lame, si bien qu’elle a petit à petit coupé un de ses anneaux d’osier tressé, je me suis même entaillé l’épiderme superficiellement, tenant mes doigts à cet endroit. Dimensions à cet endroit mal ajustées :
Examinons un détail de la lame artisanale, si loin des moyens de fabrication et de finition de l’industrie moderne :
On voit des accrocs sur le fil, ils sont dus à l'usage (avec d’accidentel heurts sur caillou caché, par exemple) ; on voit aussi les imperfections du plat de la lame, liées à son caractère purement artisanal. Malgré ces défauts visibles, cet outil est parfaitement efficace (j’ai testé),et je dois dire que malgré les coups très involontaires sur de la pierre ou des tiges d'acier de béton armé, rattraper l'affutage n'est jamais difficile, et malgré les accrocs du fil, je puis couper des feuilles de papier de façon très régulière.
Machette légère pour divers travaux sur bois, ce n'est pas une hache, son usage est différent : sous nos climats, pour défricher du buisson ou assainir un jardin hors d’entretien, par exemple, c’est excellent. Les petits troncs et branches n’y résistent guère – jusqu’à un diamètre d’environ
Néanmoins, pour de telles performances de coupe, il est nécessaire d’acquérir le coup de poignet (un peu comme avec un fouet) qui accélère la vitesse de lame sans aucunement « appuyer » le coup avec la force (ce qui lui fait perdre son efficacité). C’est exactement la même différence qu’entre un coup d’estoc ou de lancer. Pour ceux n’ont pas fait ce test :
1) Prenez un couteau (avec une bonne garde pour éviter de se zigouiller les doigts),
2) plantez-le d’estoc de toute votre force dans une planche, retirez-le ;
4) puis lancez-le sur la même planche (si vous ne savez pas lancer, comme moi, prenez le couteau par le manche et jetez la pointe sur la planche en le lâchant à quelques centimètres du bois), et retirez-le.
Vous pourrez ainsi mesurer la différence de pénétration selon la difficulté avec laquelle vous retirerez la lame du bois. J’ai toujours constaté qu’un simple jeté de couteau a plus de force de pénétration qu’un estoc très appuyé.
Néanmoins, n’ayant pas le remarquable savoir-faire des autochtones Thaïlandais, la soie simplement enfoncée dans le manche en bambou se détachait souvent et par conséquent, afin d’éviter que la lame ne fasse un vol plané dans la tête d’un copain juste au moment où il sort d’on ne sait où pour vous proposer une petite pause orangeade, je demandai à un ami de placer un rivet :
ce qui sécurise désormais le maintien de la soie dans le manche.
Les tressages d’osier sur le manche, en plus d’une fonction esthétique, ont une fonction antidérapante, évitant à la pince pouce-index-majeur de glisser malgré la sueur :
Donc une belle pièce de coutellerie selon mon goût, où l'on sent le travail et la main de l'artisan dans sa conception utilitaire et esthétique. En regardant la lame dans son ensemble, on peut visualiser les coups de marteau qui l'ont forgée :
Un ouvrier du cru peut l’acheter pour un prix raisonnable (donc dérisoire pour un Français), réalisé avec toute l’astuce, l'économie et l’intelligence de la nécessité : un vieux ressort de camion, du bambou, de l’osier, du bois (dont j'ignore l'essence), et voilà le travail. Sans fioriture, c’est le moins que l’on puisse dire.
J’adore.
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