Fév. 09 27

Machette thaïlandaise.

L'exotisme asiatique.

 

Aujourd’hui, machette d’un pays lointain, utilitaire dans toute sa rudesse et toute son élégance, faite pour le terrain, vibrant de la trempe d’un peuple laborieux.

     Le fourreau ne possède aucun moyen d’accroche, sans doute pour diminuer le coût en matières premières et laisser à chacun d’adapter une sangle à sa guise ou de le glisser à la ceinture (à la manière du katana) ou encore de le tenir simplement à la main.

 

Mais surtout le fourreau n’est pas assez large, et le tranchant affleure quand on sort la lame, si bien qu’elle a petit à petit coupé un de ses anneaux d’osier tressé, je me suis même entaillé l’épiderme superficiellement, tenant mes doigts à cet endroit. Dimensions à cet endroit mal ajustées :

Examinons un détail de la lame artisanale, si loin des moyens de fabrication et de finition de l’industrie moderne :

 

On voit des accrocs sur le fil, ils sont dus à l'usage (avec d’accidentel heurts sur caillou caché, par exemple) ; on voit aussi les imperfections du plat de la lame, liées à son caractère purement artisanal. Malgré ces défauts visibles, cet outil est parfaitement efficace (j’ai testé),et je dois dire que malgré les coups très involontaires sur de la pierre ou des tiges d'acier de béton armé, rattraper l'affutage n'est jamais difficile, et malgré les accrocs du fil, je puis couper des feuilles de papier de façon très régulière.

 

Machette légère pour divers travaux sur bois, ce n'est pas une hache, son usage est différent : sous nos climats, pour défricher du buisson ou assainir un jardin hors d’entretien, par exemple, c’est excellent. Les petits troncs et branches n’y résistent guère – jusqu’à un diamètre d’environ 3 cm pour moi, mais on m’a dit que certains arrivent à couper un tronc de 10 cm de diamètre en un seul coup, sans doute avec des lames un peu plus longues. 

Néanmoins, pour de telles performances de coupe, il est nécessaire d’acquérir le coup de poignet (un peu comme avec un fouet) qui accélère la vitesse de lame sans aucunement « appuyer » le coup avec la force (ce qui lui fait perdre son efficacité). C’est exactement la même différence qu’entre un coup d’estoc ou de lancer. Pour ceux n’ont pas fait ce test :

1)      Prenez un (avec une bonne garde pour éviter de se zigouiller les doigts),

2)      plantez-le d’estoc de toute votre force dans une planche, retirez-le ;

4)      puis lancez-le sur la même planche (si vous ne savez pas lancer, comme moi, prenez le par le manche et jetez la pointe sur la planche en le lâchant à quelques centimètres du bois), et retirez-le.

Vous pourrez ainsi mesurer la différence de pénétration selon la difficulté avec laquelle vous retirerez la lame du bois. J’ai toujours constaté qu’un simple jeté de a plus de force de pénétration qu’un estoc très appuyé.

 

Néanmoins, n’ayant pas le remarquable savoir-faire des autochtones Thaïlandais, la soie simplement enfoncée dans le manche en bambou se détachait souvent et par conséquent, afin d’éviter que la lame ne fasse un vol plané dans la tête d’un copain juste au moment où il sort d’on ne sait où pour vous proposer une petite pause orangeade, je demandai à un ami de placer un rivet :

ce qui sécurise désormais le maintien de la soie dans le manche.

 

Les tressages d’osier sur le manche, en plus d’une fonction esthétique, ont une fonction antidérapante, évitant à la pince pouce-index-majeur de glisser malgré la sueur :


      Donc une belle pièce de coutellerie selon mon goût, où l'on sent le travail et la main de l'artisan dans sa conception utilitaire et esthétique. En regardant la lame dans son ensemble, on peut visualiser les coups de marteau qui l'ont forgée :


      Un ouvrier du cru peut l’acheter pour un prix raisonnable (donc dérisoire pour un Français), réalisé avec toute l’astuce, l'économie et l’intelligence de la nécessité : un vieux ressort de camion, du bambou, de l’osier, du bois (dont j'ignore l'essence), et voilà le travail. Sans fioriture, c’est le moins que l’on puisse dire.

J’adore.

 


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Commentaires

1 -

 Bel article et belle ambiance qui sentent bon le voyage.... Merci

 


perceval | Le Vendredi 27/02/2009 à 12:23 | [^] | Répondre

2 - Re à Perceval

Nicolas Cette belle lame me fut offerte par un ami à son retour de Thaïlande et en retour d'un Mongin yatagan corne de cerf d'un équilibre de ligne proprement exceptionnel.
Cette belle machette est un beau souvenir, elle ne rechigne jamais à travailler, et quand ça dépasse ses compétences : hache ou scie.
Elle est maniable, rapide, simple à affûter.
C'est donc cet ami qui m'a parlé de cette ambiance et de son voyage, que je rapporte ici.
Merci Perceval.

 


Nicolas | Le Vendredi 27/02/2009 à 15:29 | [^] | Répondre

3 - fine lame

leonidas Merci Nicolas pour cette revue empreinte d'un parfum de voyage, ce qui nous fait du bien par ces temps difficiles. J'aime beaucoup cette lame élancée que l'on aimerai voir servir pour la cueillette des bananes, ananas et autres fruits exotiques. Le fourreau est en parfaite adéquation avec le couteau, simple, austère peut être, mais donnant toute la dimension que l'on est en droit d'attendre d'une telle lame.
La gravure Hokuzai n'est pas sans m'arracher un soupir de nostalgie...  Bravo !

 


leonidas | Le Vendredi 27/02/2009 à 15:36 | [^] | Répondre

4 - Re: fine lame

Nicolas Il est bien évident que je songeais à toi en choisissant cette vue du mont Fuji pour le fond, cher Léo !
Pour information, la lame mesure 27 cm, et le manche 15.
Mais le fourreau, en revanche, n'est pas très pratique. J'attends de trouver un morceau de gros-gros bambou qui traine pour en faire un nouveau plus sécurisant, la lame se glisserait entre deux arcs de cercle accolés, ce qui donnerait schématiquement en coupe quelque chose comme cela :  (I)

 


Nicolas | Le Vendredi 27/02/2009 à 16:08 | [^] | Répondre

5 - Re: fine lame

leonidas Merci Nico tu es mignon. Pour ton fourreau, j'avais réalisé un fontaine pour un ami dans du bambou de grand diamètre en deux mètres de longueur dans une jardinerie. Il me reste un bon mètre qui traine depuis dans le garage, si toutefois cela t'interesse et que nous pouvons nous voir à l'occasion de la rencontre organisée par Guillaume, je pourrai te l'apporter, si tu patiente jusque là.

 


leonidas | Le Vendredi 27/02/2009 à 17:03 | [^] | Répondre

6 - Re: fine lame

Nicolas Une rencontre ? Chouette ! mais je ne suis pas au courant (ou j'ai loupé l'info).
Guillaume ?

 


Nicolas | Le Vendredi 27/02/2009 à 20:41 | [^] | Répondre

7 - Re: fine lame

Guillaume On y pense... Projet en cours de gestation.

 


Guillaume | Le Vendredi 27/02/2009 à 21:18 | [^] | Répondre