Rockstead Shin
Le pliant ultime ?
Le Shin est un liner lock de très haut de gamme qui a l'ambition de marier les qualités de la coutellerie traditionnelle japonaise avec les techniques et les matériaux les plus modernes.
Il est livré dans une boite en balsa et accompagné par un certificat d'authenticité.
Ce certificat indique la date de réalisation, décrit précisément le modèle ainsi que la dureté mesurée de l'acier constituant la lame.
Le manche est en alliage d'aluminium avec un insert en peau de raie pastenague. C'est, avec la peau de requin, un des matériaux traditionnels utilisé sur les manches de katana japonais. Sur le Shin cet insert est magnifique et il contribue à améliorer la tenue du manche avec une texture caoutchouteuse.
La prise en main est excellente du fait de deux autres particularités. Tout d'abord le manche vu de dessus est légèrement plus large dans sa partie centrale. Voici une comparaison avec le manche du Sebenza ou on voit bien la différence de profil :
Second facteur, en vue de profil l'arrière du manche redescend quelque peu ce qui contribue à maintenir la main dans la bonne position et assure la prise :
Contrairement à ce que pourrait faire penser un examen superficiel, le manche n'est pas de structure "intégrale" (c'est à dire d'une seule pièce). En réalité il s'agit de deux pièces d'aluminium jointes...mais la qualité de la jointure est telle qu'il est difficile de s'en rendre compte.
Le déploiement et le repliement de la lame sont d'une souplesse impressionnante, le verrouillage est franc et solide avec un verrou en acier (ce qui assure sa durabilité au contact du talon de la lame). Seul bémol, la bille de rétention est assez faible et il suffit d'un petit coup sec pour que la lame sorte de son logement.
Le modèle Shin mesure 21 cm et pèse 145g. On retrouve donc presque exactement les dimensions et le poids d'un Sebenza 25. La lame du Shin est juste un poil plus épaisse à 3,7 mm alors que celle du Sebenza est indiquée à 3,56 mm sur le site de Chris Reeve.
La lame mesure 95 mm de long avec un tranchant utilisable d'environ 90 mm. Cette lame porte le nom du modèle ainsi que le numéro de l'exemplaire en question. On retrouve le trou traditionnel des couteaux Rockstead dans la partie supérieure de la lame. Le site web de la firme indique que cette ouverture est utilisée lors de la construction pour faire passer un outil, mais elle a bien évidemment aussi un but de signature visuelle sur la plan du design.
Le modèle Shin possède une émouture convexe, ce qui est assez rare sur un pliant. C'est un peu plus difficile à réaffuter mais la résistance est améliorée puisqu'il y a plus de métal derrière le tranchant qu'avec une émouture concave (hollow grind). Cette émouture est polie à la main lors de la finition du couteau jusqu'à atteindre le stade du miroir. C'est magnifique à regarder mais c'est une vraie plaie à photographier ;-)
L'acier utilisé est très particulier puisqu'il s'agit de la nuance YXR7 produite par Hitachi Steel. Il s'agit là d'un acier issu de la métallurgie des poudres et ayant les machines-outils à haute vitesse comme principale application (matrix high speed tool steel).
La dureté (hardness) obtenue après la trempe est hors du commun puisqu'elle est mesurée à 65,4 sur l'échelle de Rockwell pour mon exemplaire. La résistance (toughness) est également décrite comme excellente.
Le seul problème de cet acier est le risque de rouille puisque la proportion de chrome n'est que de 5%. C'est pour cette raison que la lame du Rockstead Shin est protégée par un revêtement DLC (Diamond like carbon coating) déposé en phase vapeur. Le polissage miroir participe également grandement à la protection contre la rouille.
Rockstead propose presque systématiquement ses modèles en deux versions qui diffèrent par leur acier. Outre la version YXR7, il est donc possible de commander un modèle Shin en acier laminé qui utilise une âme en acier ZDP-189 prise en sandwich entre deux plaques de VG10. Lors du dernier SICAC j'ai eu l'occasion de discuter avec le patron de Rockstead, Mr Hiroshi Hanada. Sa recommandation générale est d'opter pour la version YXR7 qui, bien que billant un peu moins haut sur l'échelle de Rockwell que le ZDP-189, est plus résistante aux chocs.
La firme Rockstead base une grande partie de sa communication sur la qualité de coupe exceptionnelle de ses couteaux avec de fréquentes démonstrations en live dans les salons.
Je ne peux que confirmer cette réputation puisque le tranchant de mon Shin est absolument extraordinaire, le meilleur parmis tous les couteaux de ma collection. Je ne sais pas si c'est l'acier, le profil ou le minutieux polissage miroir mais le résultat est là : un vrai sabre laser !
Bien entendu il y aurait de quoi être sceptique devant un tel étalage de superlatifs à propos du Rockstead Shin. Quand on lit les commentaires sur les sites d'amateurs de couteaux, on voit que plusieurs personnes dénoncent les tarifs élevés pratiqués par Rockstead, s'interrogent sur leur qualité réelle et même parfois dénoncent le côté "snob" ou "hype" qui entourerait ces couteaux.
En réponse à ça je ne peux que vous inviter à regarder les trois vidéos postés par Jim Skelton à propos de son Rockstead Shin. En voyant les vidéos et en écoutant l'avis d'un amateur qui possède de nombreux couteaux customs prestigieux, on comprend que la réputation de qualité de Rockstead est parfaitement méritée :
- [Rockstead Shin unboxing & initial thoughts www.youtube.com/watch ]
- [Rockstead Shin Full Review PT.1 www.youtube.com/watch ]
- [Rockstead Shin Full Review PT.2 www.youtube.com/watch ]
En conclusion le Rockstead Shin est un pliant d'une qualité absolument exceptionnelle. Qu'il s'agisse de l'acier, de la lame, du manche ou de l'action du verrou, on est dans le très haut de gamme.
Ses seuls défauts sont une bille de rétention un poil faible et surtout prix très élevé qui, hélas, empêchera de nombreux amateurs de profiter de ses qualités.
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