Une belle journée d'automne
... et la capture à grand risque de beaux "safranés" !
Brrr, déjà du givre sur le pare-brise du gros G ! Et on n'est qu'en mi-Octobre ...
6 h du mat, encore un café pendant que le moteur chauffe. Tout est prêt, y compris les sacs en plastique pour les champignons.
C'est parti, je sais où est mon poste, pas besoin de passer au cabanon. Arrivée au pied de la très raide piste laissée par les forestiers. Pas moyen d'aller plus loin avec le 4 x 4. Le sac sur le dos, la carabine déchargée en travers sur la poitrine, la lampe offerte par Leeroy en main, j'y vais, je laisse mon camarade au premier poste et je grimpe en m'arrêtant pour souffler tous les 100 pas (oui, je compte et je souffle, les cigarillos laissent des traces ... Mais ça va bien ! ). Je sais que j'en ai pour une bonne heure, c'est une galère à monter, ces pistes forestières, c'est du rocher à vif, ça glisse, vraiment casse-gueule, surtout dans la nuit.
Le jour se lève quand j'arrive : je suis passé de 1100 m à 1500m.
Je suis trempé, je me change comme toujours (automne comme hiver), un bon sous-pull en mérinos et une polaire Patagonia rouge. Un ruban fluo sur le chapeau, je peux armer, mettre la sûreté, chercher d'éventuelles traces en fumant le premier !
Vers 8 heures, tous les postiers sont supposés être en place, en bas, les chiens commencent à donner de la voix, c'est parti !
Je sais que je suis sur une zone où les chevreuils passent bien, c'est assez dégagé et les sangliers préfèrent passer dans le sale. Si c'est un cochon, ce sera pour mes camarades, en tête (petite battue à 8).
Je me fais surprendre par une chevrette et son chevrillard, ils se sont dérobés et dans la direction opposée des aboiements, je les regarde, pas question de tirer. C'est vraiment un moment d'intense émotion, à chaque fois renouvelée.
1 heure, 2, puis 3, sans rien voir. On n'entend plus les chiens, je m'apprête à vider culasse et chargeur quand un bruit discret derrière moi, me met en éveil, j'ôte la sûreté sans bruit et je me retourne doucement, prêt à épauler. C'est un joli brocard, trop joli ... Je n'ai pas envie aujourd'hui, j'ai d'ailleurs de moins en moins envie de tirer le chevreuil, en tous les cas, pas en battue, il mérite mieux ! Une belle approche à l'arc, par exemple, ce sera pour l'an prochain, j'ai décidé de m'y mettre sérieusement.
Bon, pas beaucoup de tirs entendus dans le périmètre de la battue, je saurai plus tard, quand je serai redescendu.
Quelques coups de 12, probablement sur des grives qui arrivent. Pas encore de bécasses, mais si le froid s'installe au nord, elles ne vont pas tarder à "descendre" dans le sud. Sauf si ,la neige vient trop tôt, comme ces deux dernières années.
Il est temps d'entrer dans la forêt pour une autre quête, plus pacifique, mais non moins intéressante : la quête du lactaire sanguin !
C'est le champignon préféré des gens des montagnes du sud.
Pas de quoi se taper le luc parterre, il n'a plu que tard en saison et le froid commence à venir. Mais il y en a quelques uns, sous les jeunes conifères, sous les repousses et sous les genêts. deux kilos tout de même qui se transformeront en 5 le soir, après une bonne balade dans une de mes places favorites.
Et le couteau : un grand Sebenza ayant appartenu au maître de céans.
Au début, je rechignais à le mettre en terre pour couper le pied des "safranés", mais si on y va délicatement, il ne souffre pas. Je le referme à chaque champignon, je n'aime pas marcher avec un couteau ouvert. Pour cet usage, il est idéal, s'ouvre et se referme d'une main (même gauche !).
Pour le casse-croûte, j'avais ce jour-là un joli Thiers, offert par Claudine Dozorme, avec des côtes en résine et inclusions de plumes de geai (Mercorne). Il faudra que je trempe la lame dans le perchlo, ça brille trop pour moi ! Le mécanisme de blocage-déblocage, au cul du manche, très ingénieux, le rend particulièrement sûr.
La dague à servir, réalisée par Citadel, est au fond du sac, cette fois-ci encore, elle n'aura pas ... Servi ! Et c'est très bien ainsi, j'ai eu à le faire et je déteste vraiment.
En redescendant, je croise de belles traces, toutes fraîches, très impressionnantes : celles d'un daguet, aperçu devant les chiens par d'autres chasseurs. Il est passé tout près de moi, vraiment discrètement. Heureusement, le cerf, qui commence à coloniser nos montagnes, n'est pas au plan de chasse.
C'est bien ! J'irai les photographier au printemps, lorsqu'ils sortent le soir dans les champs de sainfoin.
Comme je l'ai fait pour cette délicat te chevrette.
Une bien belle journée !
Le lendemain matin, l'endroit où je me trouvais, était recouvert d'un fin tapis blanc, qui ne restera pas. C'en sera bientôt fini des champignons, si le froid vient ! On trouvera encore des chanterelles dans, les adrets moussus ! Poil au ... Fût !
Une journée pauvre en champignons, mais quand-même quelques sanguins, peu de chanterelles et pas mal de petits gris (tricholomes terreux) de baguettes de tambour et coulemelles (lépiote élevé) et de rosés des près (agaric champêtre). Les derniers finiront au vinaigre, conservés dans l'huile...
Les sanguins, on les aime au four, sur canapés, avec sel, poivre (beaucoup !), ail et persil ... et une bonne rasade d'huile d'olive de Nice !
Le lundi matin, avant de redescendre vers la côte, un regard étonné vers le poste où je me trouvais la veille : il a neigé là-haut, et l'endroit où je me trouvais (au centre et 200 m avant le sommet qui est à 1700m) est recouvert d'un mince tapis blanc, qui ne tiendra pas ... Espérons que nous aurons un peu de répit, la neige, c'est beau, mais ça complique bien la vie du village.
Nous avons le temps ... Et s'il n'y en a pas cet hiver, ce sera aussi bien ! Les anciens ne chassent plus que la grive au poste et lorsque la neige arrive, ils ne peuvent plus chasser ... Et qui va me tirer ma "brochette" du réveillon ? hein, qui ?! Parce que moi, les grives, je ne les tire qu'au vol et je loupe beaucoup !
Bonjour chez vous...
Mots-clés : Couteaux
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