Le Chinese Folder de Bob Lum est considéré par les amateurs de
couteaux comme l’un des designs les plus intéressants de
Spyderco. La version présentée dans cette revue est une version devenue rare, elle date du 14 décembre 2001.
Les raisons de la rareté du Blue Lum sont assez étranges, et son prix pour les collectionneurs atteint des sommets, sans doute excessifs. Les années de production du C65 sont selon
Spyderco la période 1999-2002 et l’année 2008 (Sprint Run avec lame en ZDP-189).
Il semblerait que cette variante du Chinese Folder dotée de côtes en aluminium bleu ait été produite en très faible quantité, sans qu’il soit possible de dire s’il s’agissait d’un Sprint Run. Les seule s autres versions à être autant recherchées sont les deux variantes dotées de côtes en aluminium vert, avec et sans spyderegde.
J’ai récupéré mon exemplaire à l’état neuf, semble-t-il dans le cadre d’une vente de déstockage dont la provenance est américaine et qui pour une très rare fois a été réservée à des collectionneurs français grâce à l’énergie d’un site de coutellerie en ligne bien connu de tous les lecteurs de ce blog. Un exemplaire vert doté de dents a échappé à ma convoitise et je ne pense pas qu’il y aura une autre opportunité. Par principe j’évite d’acheter des
couteaux sur ebay car j’aime être certain de la provenance honnête d’un
couteau et en outre les contrefaçons chinoises de
Spyderco sont devenues un véritable fléau pour l’honnête homme et le passionné de
couteau.
J’ai eu à plusieurs reprises sur ce blog l’occasion de dire mon admiration pour le travail de Bob Lum et je réitère une nouvelle fois ce point de vue. Il existe toujours une version de série compacte produite par
Spyderco et un Sprint Run doté de côtes en G-10 rose (dont nous aurons peut être l'occasion de reparler si tout se passe bien!!!!) dont les bénéfices sont partiellement reversé par
Spyderco à la lutte contre le cancer du sein : c’est un état d’esprit que j’aime beaucoup dans l’entreprise de Sal Glesser, quoiqu’il arrive il y a toujours un aspect humain et émotionnel qui perdure, et c’est toujours une bonne chose par les temps qui courent.
Le Blue Lum se présente comme un
couteau totalement dépourvu d’agressivité, c’est la version moderne d’un fermant chinois traditionnel (on peut aussi penser au Shilin Cuter qui a fait l’objet d’un remarquable article dans un numéro de LPDC). Le
couteau mesure 11 cm en position fermée et atteint 18,50 cm lame déployé, ce qui le situe dans la catégorie des
EDC, avec une masse de l’ordre de 77 grammes.
Le
couteau a été réalisé à Seki City et, techniquement parlant, c’est un liner lock d’un facture extrêmement traditionnelle et robuste. Le
couteau possède deux platines en acier inoxydable, avec une épaisseur de l’ordre de 1/1,5 mm. Contrairement aux architectures de ce type plus moderne les platines ne sont pas ajourées par des découpes. Le liner est parfaitement ajusté et s’engage avec un cliquetis sonore qui n’a rien à envier à la production actuelle, on peut même dire que la qualité de 2001 était déjà tout à fait exceptionnelle : on sait que les Japonais ont été un peu plus lent que prévu pour l’ajustage du Liner Lock et que l’essentiel de leur production actuelle demeure des
couteaux Lock Back de grande classe comme les Endura et les Delica. En tout cas, c’est un sans-faute sur mon exemplaire et la lame ne possède aucun jeu résiduel, un essai de flexion modéré à la pointe de la lame démontre à fortiori un calage mécanique parfait.
Les côtes en aluminium bleu de ce modèle sont absolument parfaites et possèdent une épaisseur de l’ordre de 2/2,5 mm : le bleu est un bleu profond avec une restitution homogène de la couleur et des états de surface parfait. L’ajustage de ces côtes en aluminium ne souffre aucune critique. On sait que l’utilisation de l’aluminium pour réaliser des côtes sur les
couteaux Spyderco a fait l’objet d’intenses controverses chez les utilisateurs de la marque. Le principal défaut était (et demeure) une extrême vulnérabilité aux abrasions métalliques, qui sont toujours un
risque lors d’un passage en poche. Certes, l’anodisation dure de l’aluminium permet d’obtenir une dureté importante, mais cela n’est pas une garantie absolue de
protection contre les rayures. A ma connaissance l’aluminium n’est plus utilisé par
Spyderco en 2016, même si par ailleurs le
titane présent lui aussi une grande vulnérabilité aux micro-rayures.
Le manche possède une épaisseur de 11 mm pour une hauteur maximale de 20 mm, le galbe de ce manche confère une très bonne ergonomie, la prise en main peut donc être considérée comme très bonne, avec un bémol toutefois, l’absence de crantage et la texture lisse des côtes en aluminium rendent le
couteau lisse et peut adapté à une prise en main avec des mains mouillées. Sur ce point, il semble bien que des côtes en G-10 légèrement abrasives soit un progrès ergonomique considérable. Le seul crantage présent sur ce
couteau est celui du verrou. On note aussi l’absence totale de quillon inférieur, qui aurait nui à l’esthétique épurée de ce
couteau : la prise en main ordinaire est suffisamment bonne pour que cela ne soit pas un problème.
Il existe une entretoise en G-10 noir avec trois vis traversière de type Phillips, l’axe du pivot de la lame est massif avec au centre une empreinte de clef Allen, la lame est solidement calée par un stop pin massif.
Le clip est le fameux clip en forme de cuillère typique de
Spyderco, dont le caractère un peu primaire jure avec le design du
couteau. Ce clip est beaucoup trop brillant et possède deux positions seulement du côté droit. La qualité de finition du clip n’est pas irréprochable, on retrouve en 2011 les mêmes défauts qu’en 2016, c’est-à-dire des flancs qui manquent de polissage. Si l’on combine ce clip limité à un seul côté avec un Spyderhole dont l’accès est possible uniquement du côté gauche, on obtient un magnifique
couteau pour droitier !!!
La lame en feuille de sauge présente une géométrie qui en fait un outil coupant d’une efficacité absolue tout en étant dépourvue de toute agressivité. Ce design intemporel conserve toute son efficacité, efficacité que
Benchmade transposa dans sa gamme avec le célèbre Déjavoo. Le Blue Lum possède une lame en acier japonais VG-10 dont l’émouture était déjà plate intégrale avec un tranchant incroyablement coupant. Une partie du dos de la lame constitue une rampe qui permet de positionner très facilement le pouce lors des travaux de coupe, le reste du dos de la lame reçoit une sorte de faux contre-tranchant qui ajoute à la finesse du design de la lame.
La lame possède une épaisseur de 3 mm avec une décroissance rapide de la matière qui fait de ce
couteau un redoutable slicer très à l’aise dans le domaine alimentaire, comme pour tartiner un excellent pâté de campagne au poivre vert sur des tranches de pain aux céréales, elles aussi finement découpés (sur une planchette de bois bien sûr). La lame mesure 80 mm, avec un ricasso un peu important à mon goût qui réduit le tranchant lisse utile à 70 mm.
L’examen de ce
couteau qui date déjà de 15 ans démontre que la qualité des produits
Spyderco demeure à minima constante sur les fabrications japonaises, tandis que le reste de la production, notamment celle délocalisée à Taiwan possède un niveau encore supérieur avec des progrès qualitatifs croissant depuis 5 ans et des réalisations époustouflantes comme le Myrtle, le Black Manba et le Nirvana en 2016.
En revanche en comparant un catalogue papier qui était encore fourni dans les boites entre 1999 et 2001 on constate bien que les tarifs ont littéralement explosé, et qu’il est sans nul doute souhaitable pour la firme de Golden de développer une approche médiane qui donnera satisfaction au plus grand nombre. Mais on peut aussi objecter que cela est déjà en partie le cas avec les grands classiques de la marque comme les modèles Police, Military, Endura et Delica.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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