Sep. 08 22

Couteaux et retrouvailles

Un autre excellent article de Pearce !

Couteau EKA
Jusqu’à récemment, je croyais avoir définitivement perdu certains lors de déménagements successifs. Et j’ai eu la grande joie de les retrouver, au fond de vieilles caisses aux contenus hétéroclites. Parmi ces lames redécouvertes, il y en a trois que j’affectionne tout particulièrement. En voici un bref descriptif accompagné de photos.

Un Excelsior (deux lames à cran forcé)

Petit, fin et arrondi, ce Technorati suisse à cran forcé fut longtemps l’un de mes préférés, car il savait se faire oublier en poche et proposait tout ce dont j’avais besoin : une petite lame pour découper précisément des feuilles de papier, et une lame de taille moyenne pour peler une pomme ou une orange.

Couteau Victorinox

Je me souviens encore de la tête et de la réflexion du coutelier qui me le vendit (j’avais alors dix sept ans) : « Comment, j’aurais un Technorati suisse à 32 francs dans ma vitrine ? Ah, là, vous m’étonnez fort, jeune homme… ». Et pourtant, c’était bien le cas. Le Technorati traînait sur une étagère, presque oublié, car d’allure tellement insignifiante à côté des gros modèles multifonctions de la marque suisse.

Couteau Victorinox

Bien des années plus tard, le logo Technorati s’est en partie effacé (il était gravé dans le plastique et finement argenté à l’époque), mais les lames et leur mécanisme sont quant à eux en parfait état. Une goutte de Blue Lube, un passage sur l’affûteur, et, depuis, l’Excelsior ne quitte plus ma poche.

 

Un EKA Swede-38 (cran forcé, manche en bois et lame Sandvik 12c27 phosphoré)

 

Offert par mon père, qu’il l’avait reçu en cadeau d’aciéristes suédois, j’avais été surpris par le pouvoir de coupe de cette lame qui se distinguait tant de mes Technorati, Technorati et autres multi-lames suisses. La finition noire/bleutée de l’acier, façon canon de fusil, sortait également de mon ordinaire.

Couteau EKA

J’ai éprouvé un grand plaisir à ressentir à nouveau dans ma main ce Technorati simple et bien conçu. Le cran forcé est toujours aussi impressionnant à la fois de fermeté et de tenue à l’ouverture, et de douceur et de retenue à la fermeture (rien à voir avec le couperet claquant de mon Technorati). Au (re)sortir de la boîte, la lame n’a même pas eu besoin d’un aiguisage (à noter qu’EKA fournissait la pierre à huile avec le Technorati ; je ne sais pas si cette pratique perdure). J’ai juste resserré, à l’aide d’une pièce de monnaie, les deux grosses vis pour chasser le peu de jeu constaté sur l’outil ; et c’était reparti !

Couteau EKA

Le Swede-38 m’a accompagné lors de mes dernières randonnées, et ce Technorati d’un autre âge, qui n’a rien à voir avec les actuelles productions super sophistiquées, s’est montré très plaisant à l’usage. L’ergonomie remarquable du manche y est pour beaucoup, la qualité de la lame aussi, et puis… il y a ce petit plus qui se dégage de l’EKA : un charme savoureux tenant à la beauté naturelle de l’objet et à son efficace simplicité.

 

Mon tout premier Technorati

 

S’il en était un qui me manquait, c’était bien celui-ci. Exempt de toute marque distinctive, ultra plat, entièrement en métal, à cran forcé et lame carbone bien noircie par le temps, je l’avais reçu à l’âge de neuf ans des mains de mon père, qui le tenait lui-même de mon grand-père.

Premier Couteau

C’est dire s’il s’agissait (et s’agit toujours) d’un trésor, et si sa perte m’avait chagriné. Le retrouver fut une immense joie. Un flot de souvenirs m’a alors submergé ; notamment celui de la fierté ressentie, le jour où, pour la première fois, je possédais enfin cet instrument qui me donnait l'impression de faire mes premiers pas dans le « monde des grands ».

Premier Couteau

 

Lorsque je regarde ce premier Technorati et mon tout récent Military, je mesure d’une certaine manière le chemin parcouru.


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Commentaires

1 - chagrin

leonidas  Bravo à Pearce pour cet (encore) excellent article concernant ces couteaux oubliés...
Comme toi j'avais plusieurs premiers couteaux, comme toi lors de déménagements je les rangeaient des un carton afin de les préserver... 
Malheureusement, mélangé avec des pièces métaliques usagées de voitures, ils ont finis à la dêchetterie pour le recyclage... Une erreur d'un de mes amis, qui avait pris le carton posé sur les pièces à jettées pour des déchêts.
Je ne les aient jamais oubliés, et cette nostalgie que l'on ressent joyeusement dans ton article, nous rappelle combien nous sommes attachés à des pièces qui nous ramènent à tant de souvenir...
Bravo pour ton article et que ces couteaux t'accompagnent et se transmettent encore longtemps.

 


leonidas | Le Mardi 23/09/2008 à 14:20 | [^] | Répondre

2 - Re: chagrin

Merci pour ce partage Leonidas.

En effet, un couteau peut être le compagnon d'une vie, voire de plusieurs. Car cet outil possède, entre autres mérites, celui de durer et de traverser les époques. Loin des modes et des tendances, il s'offre et se reçoit, se transmet et s'hérite, et toujours demeure le témoin d'une étape, le souvenir d'instants précieux, la marque qui défie le temps.

Là aussi, réside sans doute le charme, le pouvoir d'attraction, et la fascination qu'exerce l'objet.

 


Pearce | Le Mercredi 24/09/2008 à 20:23 | [^] | Répondre

3 - Vraiment merci Pearce..

Anzioluz .. pour ton merveilleux article rempli de la nostalgie du temps qui passe, et qui confirme (s'il en était encore besoin) que les passionnés du couteau ne sont pas que des brutes sans coeur.

Les Sebenza et autres UKPK sont des machines increvables et oh combien efficaces ; mais elles ne remplaceront jamais dans nos coeurs ces adorables petits pliants du temps de nos culottes courtes que nos grands pères nous offraient pour nos 11/12 ans.. histoire de faire hurler nos mères.. 

 


Anzioluz | Le Dimanche 28/09/2008 à 16:42 | [^] | Répondre

4 - Re: Vraiment merci Pearce..

yaya les sebenza et consort, non, mais les couteaux d'artisants, oui... à mon sens.
le côté industriel retire au couteau cette âme que l'on sentait en touchant le vieux pradel de papi et le vieil opinel de papa.
l'autre jour au sicac, j'ai retrouvé cette sensation en tripotant le robusto perso d'éric parmentier, un vrai régal, d'où mon coup de foudre...

 


yaya | Le Lundi 29/09/2008 à 21:30 | [^] | Répondre

5 - Re: Vraiment merci Pearce..

Guillaume Non, à mon sens il ne faut pas dire cela : l'histoire d'un couteau est unique, comme celui de son propriétaire. Un jour, peut-être, je te mettrai en main un Sebenza qui a vécu des aventures. Et ce couteau, il "parle". 

 


Guillaume | Le Lundi 29/09/2008 à 23:06 | [^] | Répondre

6 - Re: Vraiment merci Pearce..

L'important c'est surtout qu'il parle à son propriétaire donc là un peut à chacun son truc aussi.

 


Ceed | Le Mardi 30/09/2008 à 16:24 | [^] | Répondre

7 - Re: Vraiment merci Pearce..

Guillaume C'est vrai : beaucoup de mes couteaux ont leur histoire...

 


Guillaume | Le Mardi 30/09/2008 à 18:51 | [^] | Répondre

8 - Re: Vraiment merci Pearce..

yaya complètement d'accord avec toi guillaume. mon commentaire était légèrement sectaire et un poil trop généraliste.
je te rejoins d'autant plus sur cette idée que mon premier CRKT (un vieux shark) en a vu des vertes et des pas mûres et m'a vraiment bien servi.
en fait, la première impression que laisse un outils d'artisant est à 10 bornes de celle que laisse un couteau industriel. l'usage que l'on fait de cet outils remet à 0 cette impression.

 


yaya | Le Jeudi 02/10/2008 à 09:48 | [^] | Répondre

9 -

LaurentL Il y a des bonheurs retouvés qui laissent des ressentis dans les mains, des odeurs dans les souvenirs, des couleurs dans les yeux et des sourires au visage !

 


LaurentL | Le Dimanche 19/10/2008 à 15:40 | [^] | Répondre

11 -

Bart La valeur sentimentale d'un objet dépasse de 100 fois sa vrai valeur !

 


Bart | Le Dimanche 26/10/2008 à 16:29 | [^] | Répondre

12 -

Ayant relu cette rubrique il y a peu, je me suis mis en quête du poignard que nous avions acheté en commun avec mon frère, lors de vacances en Espagne. Il fut de toutes nos aventures , permit de nous exercer au "lancer" (aïe,aïe, aïe!)   contre le vieux cerisier et fut l'outil de base de la construction d'un mini-radeau mis à l'eau sur la  garonne avec un message qui jamais n'eut de réponse .

Les recherches les plus poussées dans le cafarnaum du garage/débarras de mon papa n'ayant rien donné, c'est vers mon frère que je me suis tourné. Le fourbe  avait profité de mes années loin de la région bordelaise pour se l'accaparer: au fond de la boîte à outil, il profitait d'une retraite bien méritée après toutes les épreuves que nous lui avions fait subir.

Mais le revoilà:




Modèle inconnu; marque AITOR. Il possédait des mini-serrations qui ont disparu au cours de nos affûtages sauvages.

 


Renô | Le Dimanche 17/01/2010 à 16:39 | [^] | Répondre

13 - Re:

Nicolas Ca fait plaisir de voir des lames qui sont usées au travail !

 


Nicolas | Le Dimanche 17/01/2010 à 20:01 | [^] | Répondre