Spyderco Military C36 TIPF
Un couteau magnifique
Il s’avère que le traitement thermique était onéreux et difficile et que même avec toute l’expérience de Spyderco il n’a pas été concluant. Le procédé a été abandonné au profit d’une anodisation plus simple, mais peut être également moins intéressante. Puis finalement, la production du couteau a cessé brutalement avant d’être relancée d’une manière toute aussi déconcertante !! Mon exemplaire correspond à la fin de série de la dernière production réalisée courant 2013. La couleur a cédé la place à une teinte gris argenté que l’on retrouve aussi sur une variante du Native 5 doté d’un manche en titane fluté.
Sur le fond le couteau mesure 14 cm fermé pour 24,2 cm lame ouverte ce qui en fait un très grand couteau pas du tout adapté à un usage EDC. Il constitue toutefois un choix pertinent comme couteau de travail, puisque telle est sa vraie vocation. La masse reste admissible avec 144 grammes, même si le Military de série reste un meilleur choix comme couteau de terrain.
Mécaniquement, le C36TIPF est un couteau dont le verrouillage fait appel à un Reeve Integral Lock (RIL) remarquablement maîtrisé. L’engagement robuste et régulier du verrou rappel le Sebenza.
La position du verrou sur le talon de la lame est constante et ne se modifie pas lors de la prise en main, ce qui est une bonne chose concernant un ajustage de qualité. Le dispositif RIL a été renforcé sur ce modèle, contrairement à mon C36 TIP plus ancien par un liner en acier inoxydable fixé à l’intérieur de la platine verrou par deux vis torx très robustes.
Ainsi le liner assure l’interface avec le talon de la lame et l’usure prématurée du titane est une donnée qui est évacuée. On note que la présence de ce renfort de verrou tend à se généraliser chez Spyderco notamment sur le Domino. Il s’agit d’une tendance lourde pour l’industrie coutelière, puisque Zero Tolerance procède de la même manière depuis le test du système sur le modèle 0777. Chris Reeve lui-même est conscient du problème avec une solution à base de bille en céramique technologique (céramique opaque) qui ne fait pas l’unanimité.
Le Liner interne est dessiné pour servir aussi de mécanisme anti-déformation avec une géométrie de la pièce très proche de celle utilisée sur le Rexford 0801, mais cela témoigne surtout d’une réponse technique identique à une même problématique.
Les côtes en titane du Military fluté possèdent une épaisseur identique de 3 mm. Le manche est épais de 9 mm avec un maximum de 3 cm pour la partie la plus large, tandis que le bout du manche est aussi large de 3 cm. La structure du manche est de type open frame, avec trois vis torx de chaque côté pour un montage à l’évidence très solide.
L’usinage des côtes est exceptionnel, les stries usinées par machine-outil CNC sont incroyablement précises et propres. La profondeur des rainures de préhension est décroissante de l’arrière vers l’avant. La texture en 3D est beaucoup plus marquée à l’extrémité du manche que vers l’avant. Sur le plan de l’ergonomie cela est normal puisque la main se referme vers l’arrière, là où justement le grip est le plus puissant.
Finalement on obtient une sensation identique à celle d’un très bon G-10, mais la douceur du titane en plus. C’est un aspect qui est souvent reproché aux framelock : un contact des mains sur des surfaces trop lisses. La solution choisie par Spyderco est la plus efficace de toutes celles que j’ai pu expérimenter. Mais, on peut aussi penser que cet usinage haut de gamme est un élément qui génère un coût de réalisation plus proche du custom que celui du couteau industriel. En conséquence de quoi le positionnement sur le marché sera extrêmement difficile à budget constant face à un Sebenza ultra populaire aux Etats-Unis (et bien au-delà..).
Le clip est le modèle classique utilisé sur le Military, il est fiable, mais framelock oblige il est à une seule position, les gauchers ne seront pas à la fête !!
La lame clip point est la lame classique du Military c’est-à-dire une lame en acier CPM-S30V dotée d’une émouture plate intégrale avec l’un des tranchants les plus coupants de ma collection.
Cette lame mesure 10 cm de long avec un tranchant de 95 mm et comme le tranchant est légèrement courbe on peut même espérer 1 mm de plus à l’arrivée. Dans ce cas précis la présence d’un finger choil est rationnel car il n’entraîne pas de diminution importante du tranchant tout en dotant le couteau d’une capacité de coupe de précision, toujours appréciable.
La lame est épaisse de 3 mm elle est doté d’un dos intégralement plat à l’exception d’une zone de crantage située derrière le Spyderhole, absolument parfaite pour poser le pouce. La lame possède une largeur maximale de 31 mm. Sa pointe est toujours aussi fine, ce qui est compatible avec des travaux de coupe propres et précis mais risque toujours d’inquiéter l’utilisateur qui souhaiterait découper du parpaing…
En bref, un couteau capable de rivaliser avec le Sebenza et dont la disparition/réapparition à éclipse est navrante pour tous les amateurs de beaux couteaux. Il est évident que la politique de Spyderco en matière de série limitée (Sprint Run) ne permet pas de conclure à une disparition définitive, et c’est tant mieux ! D’ailleurs au moment où je rédige ces lignes le C36TIPF est déclaré comme étant de nouveau disponible (au moins pour le marché américain)… Si vous êtes intéressés ne loupez pas une formidable occasion de vous faire plaisir.
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