Mai 15 14

Couteau Spyderco C190 CFP Schempp Bowie

Une interprétation baroque du mythe

  • Currently 3.8/5

Note : 3.8/5 (4 notes)

Le C190 CFP est une création du très prolifique Ed Schempp dont le prototype avait été présenté lors du Blade Show de 2014 sous la dénomination de Frontier. Il s’agit d’une version fermante du Bowie, selon les éléments communiqués par l’inspiration d’Ed Schempp serait le utilisé dans le film Iron Mistress de Gordon Douglas où l’acteur Alan Ladd incarne le légendaire Jim Bowie. Ce film plutôt romantique datant de 1952 a popularisé le fameux , alors même que sur le plan historique la forme exacte du utilisé par Jim Bowie reste énigmatique. En outre, la référence cinématographique utilisée par la firme de Golden est un film considéré comme mineur, qui est resté célèbre uniquement pour la personnalité de Jim Bowie et pour le caractère extrêmement fort du Bowie dans la culture américaine.


L’interprétation du par Ed Schempp est à mettre au même niveau que celui de la navaja, une réalisation exceptionnelle et baroque. Ensuite l’aspect esthétique et notamment la forte inclinaison de la lame par rapport au manche, pourra susciter chez nombre d’amateurs de une réserve compréhensible, même si la qualité de la réalisation est indéniable. Le est une réalisation de l’excellent sous-traitant taïwanais de la firme à l’araignée, ce sous-traitant fabrique quelques-unes des pièces les mieux finies de la firme, notamment le Marcin Slyz Bowie.

Le Schempp Bowie mesure 11,9 cm fermé pour une longueur totale, lame déployée, de 21,2 cm pour une masse de 130 grammes. C’est donc un assez grand, mais d’un poids raisonnable.

Sur le plan de la construction du manche, nous sommes en présence d’un mécanisme Liner Lock bien maîtrisé, avec deux platines en acier inoxydable d’une épaisseur de 1,5 mm. Les platines ne sont ajourées par aucunes découpes. Le manche comprend une entretoise massive elle aussi en acier inoxydable, dont l’ajustage avec les platines est tout à fait remarquable. Le est doté de mitre en laiton superbe, mais vulnérable à l’oxydation qui forme un double quillon (inférieur et supérieur). L’idée est de reproduire sur un fermant une garde en S qui existait sur nombre de Bowie traditionnels. Les mitres sont réalisées et usinées sans aucun défaut, et l’ajustage au manche, ainsi que la cohérence avec les côtes en fibres de carbone sont exécutés de main de maître.

L’ergonomie est aussi au rendez-vous, mais la prise en main est optimale avec des mains de dimension moyenne, l’organisation du manche va pénaliser les amateurs de possédant de grandes mains : disons que j’ai personnellement une prise en main correcte, mais avec déjà une petite crispation des doigts qui traduit la problématique.

Le manche possède une géométrie du type « Coffin Handle » qui est un clin d’œil à un grand nombre de Bowie américain possédant une poignée (cercueil) de ce type. Le galbe et la hauteur du manche vers l’arrière contribuent à donner une excellente préhension : je vais toutefois nuancer cet avis en indiquant que la limitation est toujours de posséder des mains de taille moyenne, ce qui sans doute un peu restrictif…

Le manche possède une épaisseur de 10 mm (les mitres en laiton poussent cette épaisseur à 11 mm), la hauteur du manche juste avant la garde en S tombe à 17 mm, ce qui est vraiment peu, vers l’arrière en revanche la partie galbée atteint 29 mm de hauteur, ce qui est excellent.

Le est totalement dépourvu de crantage, ce qui est correct pour l’interprétation du Bowie traditionnel, mais en version fermant de poche cela tend à rendre le un peu lisse : bien sûr la garde en S verrouille (et limite) considérablement la prise en main. Les côtes en fibres de carbone sont parfaitement détourées et il n’y a aucune bavure ou point d’accrochage sur mon exemplaire. La texture est agréable au touché, mais elles offrent un grip moins sûr que le G-10, il est vrai plus lourd.

Le clip est clip en forme de trombone, assez largement utilisé chez : ce clip est très efficace en ce qui concerne la rétention en poche, et discret en raison de sa couleur noire. En outre, il est réversible ce qui ne gâche rien bien au contraire.

La lame est une très belle réalisation en acier CPM-S30V, un grand classique qui conserve toute ma confiance sur un fermant. La lame s’ouvre de manière onctueuse grâce à deux rondelles en bronze phosphoré montées de chaque côté de cette dernière. Le Spyderhole, ou plutôt le Roundhole suivant le nouveau dépôt de brevet effectué par Sal Glesser, est extrêmement facile à utiliser malgré un diamètre assez peu important.

Le talon de la lame est usiné de manière rectiligne au niveau du stop pin comme un Emerson, le stop pin par lui-même est assez conséquent, il est de nature à rassurer les plus anxieux !!!

L’inclinaison assez importante de la lame peut déconcerter, mais une fois en main le est parfaitement maniable, une configuration similaire a été déjà utilisée par Ed Schempp sur le Tuff (une variation à lame en CPM-3V sur le thème du kukri)  dont l’ergonomie était excellente. En fait, l’inclinaison prononcée de la lame est plutôt de nature à faciliter les opérations de coupe : après un délai d’accoutumance on dispose vite d’une précision identique à une lame plus classique.

On note que la lame n’est pas conçue pour placer le pouce dessus, c’est là le rôle de la garde en S. Une partie du dos de la lame située au-dessus du Roundhole est plate, tandis que vers l’avant la forme, très fortement caractérisée clip point du Bowie, laisse la place à un faux contre-tranchant, qui n’est pas du tout affuté.

La lame mesure 90 mm avec un tranchant lisse utile de 88/89 mm. L’épaisseur de la lame est de l’ordre de 2,5 mm, avec une gestion très saine de la matière : la lame n’apparaît pas comme fragile, même si elle se rapproche plus de celle d’un que d’un de travail. L’émouture est une émouture plate remarquablement réalisée avec un tranchant très coupant dès l’ouverture de la boite.

Dans l’ensemble, il s'agit d'une réalisation baroque qui mérite largement de figurer dans la collection d’un amateur de ou de beaux fermants. Il se comporte très bien dans une fonction d’ atypique mais très coupant, auquel on s'habitue, en contrepartie d’un port quotidien. Même sans utilisation de quelques jours, il convient de nettoyer d’une manière méthodique les mitres en laiton qui sont fort vulnérables à l’oxydation (a fortiori à la transpiration lors de la prise en main). Je suis très content de mon acquisition sur le plan personnel, même si le prix européen actuel ne le place pas forcément dans les meilleurs rapports qualité/prix..

Ils ont lu aussi :



Mots-clés :

Découvrez l'auteur