Nov. 16
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Couteau Benchmade Proxy 928
La dernière collaboration de Warren Osborne
Le couteau Benchmade Proxy 928 a été la dernière collaboration de Warren Osborne avec la firme au Papillon avant son décès. J’ai ce couteau depuis deux mois mais j’ai eu des difficultés à rédiger une revue.
C’est sans doute difficile à expliquer mais j’étais un admirateur de Warren Osborne et je ne souhaite pas tomber dans le récit apologétique ou dans la critique systématique concernant un tel couteau.
Le Proxy est un framelock, un genre assez bien maîtrisé par Benchmade, mais qui était devenu très rare dans le catalogue depuis la cessation de production du Subrosa
La destination exact du couteau est incertaine, bien qu’il soit grand, il est plutôt présenté comme un EDC très polyvalent plutôt que comme un couteau à vocation outdoor.
La question du profil de la lame Drop point a été posée à Benchmade et la réponse a été qu’il n’a pas été envisagé de recourir à la lame reverse tanto que Warren Osborne aimait beaucoup parce que la lame Drop Point était très solide.
Techniquement, le Proxy est un couteau parfaitement abouti : c’est un flipper très réussi avec une excellente détente, au niveau des meilleures réalisations du marché.
Le couteau mesure12,9 cm lame fermée, pour 22,30 cm lame ouverte ce qui en fait un grand couteau, trop grand pour être un EDC urbain. Sa masse demeure raisonnable avec 140 grammes environ.
Sur le plan technique, il s’agit d’un Reeve Integral Lock (RIL) à la sauce Benchmade rebaptisé Monolock . La configuration mécanique est différente de celle du Sebenza. La platine en titane Ti6 Al4 V possède une seule découpe interne, toutefois son fonctionnement dans le temps est irréprochable avec un blocage régulier et puissant de la lame.
La platine en titane ne reçoit pas de Lock Bar Stabilizer et il semble bien que cette fonction mécanique soit encore dévolue au clip sur ce couteau, clip assez inesthétique et dur : c’est un peu dommage.
Le verrou en titane reçoit une interface en acier trempé qui est très différente du reste de la production industrielle actuelle, avec le logement d’un écrou à six pans dans un évidement du titane. Cela fait que le talon de la lame s’appuie sur un des pans de l’écrou, le système est réputé ajustable, mais je ne suis pas certain du sens attribué à ce concept. Cela semble indiquer qu’en cas d’usure d’un des pans de l’écrou il est possible de permuter une autre face de l’écrou contre le talon de la lame . Techniquement c’est faisable au moyen d’une visserie torx de diamètre moyen, toutefois pour un calage parfait de la lame le talon appui sur une face de l’écrou et la face opposée est calée contre le titane du verrou à l’intérieur de l’évidement.
La platine en titane ne reçoit pas de Lock Bar Stabilizer et il semble bien que cette fonction mécanique soit encore dévolue au clip sur ce couteau, clip assez inesthétique et dur : c’est un peu dommage.
Le verrou en titane reçoit une interface en acier trempé qui est très différente du reste de la production industrielle actuelle, avec le logement d’un écrou à six pans dans un évidement du titane. Cela fait que le talon de la lame s’appuie sur un des pans de l’écrou, le système est réputé ajustable, mais je ne suis pas certain du sens attribué à ce concept. Cela semble indiquer qu’en cas d’usure d’un des pans de l’écrou il est possible de permuter une autre face de l’écrou contre le talon de la lame . Techniquement c’est faisable au moyen d’une visserie torx de diamètre moyen, toutefois pour un calage parfait de la lame le talon appui sur une face de l’écrou et la face opposée est calée contre le titane du verrou à l’intérieur de l’évidement.
La platine en alliage de titane possède une épaisseur de 3 mm, son usinage est remarquablement propre avec des creux soignés et une finition sablée avec un touché soyeux.
Bien que cette platine ne souffre d’aucun défaut de conception, elle demeure inférieure à celles des Sebenza Large 21, 25 et Large Inkosi, et aussi très éloignée de celle du Spartan Blades William Harsey Folder.
Cette situation est bien connue de certains amateurs de couteaux, qui considèrent que Benchmade fabrique de superbes produits en matière de fermant, mais ne donnant pas de résultats probant lors d’un usage outdoor. J'ajoute tout de même un bémol sérieux à cette opinion, car quel que soit le couteau utilisé, je ne considère pas que la pratique du batonning avec un fermant soit justifiable dans le cadre d’une randonnée préparée : c’est un effet de mode qui met en danger le couteau et son utilisateur.
Bien que cette platine ne souffre d’aucun défaut de conception, elle demeure inférieure à celles des Sebenza Large 21, 25 et Large Inkosi, et aussi très éloignée de celle du Spartan Blades William Harsey Folder.
Cette situation est bien connue de certains amateurs de couteaux, qui considèrent que Benchmade fabrique de superbes produits en matière de fermant, mais ne donnant pas de résultats probant lors d’un usage outdoor. J'ajoute tout de même un bémol sérieux à cette opinion, car quel que soit le couteau utilisé, je ne considère pas que la pratique du batonning avec un fermant soit justifiable dans le cadre d’une randonnée préparée : c’est un effet de mode qui met en danger le couteau et son utilisateur.
La partie opposée à la platine en titane est intégralement en G-10 beige ; il n’y a pas d’entretoise rapportée la pièce est monobloc. Cette configuration rappelle les couteaux Strider mais en mieux car plus légère. Le manche est très robuste une prise en main musclée ne permet d’observer aucun phénomène de flexion, ni au niveau du G-10 ni au niveau du titane.
Le manche est long et la partie arrière est fortement galbée et devient plus épaisse, ce qui en l’absence de crantage procure une prise en main très puissante, avec un maniement et un contrôle directionnel très faciles du couteau.
L’épaisseur du manche est de l’ordre du centimètre, à l’aplomb du frame la hauteur est de 2,10 cm alors que vers l’arrière le manche atteint une hauteur de 30 mm.
Le clip en forme de flèche avec une extrémité plié assure sans nul doute un bon maintien en poche, maintenant on était en droit d’attendre un clip plus au niveau du couteau. A mon avis il a été choisi pour appuyer fortement sur la platine en titane (pourquoi pas ?). En revanche le fait qu’il soit poli miroir est proche du ridicule. Il me semble qu’un traitement de surface gris aurait déjà apporté un aspect plus classieux pour une aussi belle pièce que le Proxy.
Le déploiement de la lame se fait au moyen d’un flipper très efficace qui lorsqu’il est déployé sert de quillon inférieur et protège efficacement l’index contre la très puissante lame. Le système est du type Ball Bearing, avec une détente très bien réglée : une impulsion sur le flipper entraîne l’ouverture et le verrouillage de la lame. On note que lors de cette ouverture, les doigts de la main droite doivent être positionnés sur le clip pour empêcher d’exercer un effort de compression du frame allant à l’encontre de l’effet d’ouverture recherché.
La lame est réalisée en acier CPM-20CV que Benchmade utilise massivement en 2016. Elle possède une géométrie Drop Point assez classique, son épaisseur est de 4 mm ; elle mesure 95 mm avec un important ricasso et un casse goutte prononcé, ce qui ramène le tranchant utile à 82/83 mm : un ratio qui me paraît assez médiocre, mais convient bien à un rôle d’EDC. L’émouture est réalisé en creux avec un tranchant très très puissant. Un sacré outil coupant.
Pour rendre autoporteur ce texte je rappel donc les données connues sur l’origine du 20CV, cette partie pourra bien sûr être zappée par ceux qui ont déjà pris connaissance de la revue du Griptilian, mais je préfère être exhaustif dans ma démarche.
Il faut bien comprendre que l’origine du 20CV est complexe à retracer : initialement on trouve des données métallurgiques qui renvoient à une firme qui est Latrobe Speciality Steel Conpany pour un acier issu de la métallurgie des poudres le Dura Tech 20CV dont la composition chimique est la suivante : carbone 1,90% ; manganèse 0,30% ; silicium 0,30% ; chrome 20,00% ; tungstène 0,60 ; molybdène 1,00% et vanadium 4,00%. Le Dura Tech 20CV possédait, lors de sa sortie en 2007, le plus important taux de chrome des aciers fabriqués par métallurgie des poudres. Selon les données CATRA par rapport à une base 100 qui correspond toujours à l’acier 440C le Dura Tech 20CV possède une valeur relative de 180 en termes de rétention du tranchant, ce qui en fait un très très bon acier.
En 2010, Latrobe possédait des accords commerciaux avec Crucible portant a priori sur la distribution des produits, la documentation disponible ne permet pas de dire si l’acier 20CV a fait l’objet d’un accord de licence avec Crucible, ce qui paraît toutefois tout à fait plausible. Toujours est-il qu’en 2011 Latrobe a été rachetée par l’aciériste Carpenter, pour la bagatelle de 558 millions de $, le plus puissant concurrent de Crucible sur le marché américain. Quelques années plus tard, Carpenter a commercialisé d’abord à l’usage de Spyderco un super-acier le CTS-204P qui est un équivalent technologique du 20CV, avec quelques variations mineures des éléments d’addition secondaires en %, sachant que Latrobe existe toujours comme entité commerciale filiale de Carpenter.
La formule chimique du CPM-20CV est une version simplifiée à la marge du Dura Tech 20CV, et elle est la suivante : carbone 1,90% ; chrome 20,00% ; vanadium : 4,00% ; molybdène 1,00% ; tungstène 0,60% : la balance pour le pourcentage restant étant toujours une quantité en fer (par nature puisqu’il s’agit d’un acier). L’examen du Data Sheet de Crucible montre que l’indice CATRA est celui du Dura Tech 20CV, il en va de même pour le module d’élasticité (module de Young) et pour le traitement thermique sophistiqué qui fait intervenir deux traitements cryogéniques : pour autant le data sheet de Crucible est dépourvu de toute référence à un brevet Latrobe ou à un accord de licence…
La dureté annoncée par Benchmade pour le Proxy est de 59/61 HRC.
Le calage de la lame est assuré par l’encastrement des deux thumbstuds présents sur la lame dans des encoches usinées en creux dans le titane et dans le G-10 : le calage ainsi obtenu est de très grande qualité.
Le calage de la lame est assuré par l’encastrement des deux thumbstuds présents sur la lame dans des encoches usinées en creux dans le titane et dans le G-10 : le calage ainsi obtenu est de très grande qualité.
Pour conclure, on peut dire que le Proxy est un design remarquablement maîtrisé avec une qualité d’exécution caractéristique de Benchmade : c’est un très beau couteau dont la prise en main est très puissante avec une capacité de coupe impressionnante le CPM-20CV tient toute ses promesses. La principale critique est que son encombrement correspond davantage à celui d’un couteau de travail ou d’activités outdoor plutôt que celui d’un EDC.
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Mots-clés : Couteaux Benchmade
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