Oct. 13 01

CRKT Michael Walker BladeLock

Une lame élégante dotée d'une mécanique un tantinet compliquée

  • Currently 4/5

Note : 4/5 (3 notes)

Bonjour,  

C’est ma première intervention sur ce blog que je lis et relis avec grand intérêt et au passage je salue Guillaume son auteur et ses lecteurs.

J’ai récemment acquis ce Michael Walker présenté comme « vintage » qui est en fait à la base un modèle de présentation non affûté et non destiné à la vente (ce qui est gravé sur la lame). Il était précisé sur le site d’achat que en a autorisé la vente et l’affûtage préalable (réalisé par ou les revendeurs, je l’ignore). Comme je l’ai vu sur plusieurs sites j’en déduis que devait en avoir un stock. Et c'est vendu à environ la moitié du prix d’origine. Le mien est arrivé, affûté rasoir donc et mieux que mes autres , et dans un état impeccable qui me laisse penser qu’il est totalement neuf et n’a jamais servi de modèle d’exposition.  

 

 

La caractéristique principale de ce réside dans son système de blocage de lame en position ouverte et fermée qui se situe sur la lame, d’où le nom , et non sur le manche comme dans l’immense majorité des cas. Ce qui ressemble à un thumbstud est en fait un bouton monté sur ressort que l’on presse pour ouvrir la lame et pour la débloquer en la fermant. Hors action de déblocage du lock, ce bouton cale le pouce comme un thumbstud. Il est fixé sur la lame (qu’il doit traverser en diagonale) par un axe enfoncé dans l’épaisseur de la lame. Le blocage se produit lorsque la partie cachée de la pièce bouton qui traverse la lame s’enclenche dans un logement situé dans la face interne de la platine droite… je ne sais pas si c’est clair. C’est ce qui m’a attiré, cela m’a amusé de m’offrir ce petit coutal compliqué à un prix très abordable.  

 





Ce système est une création du célébrissime Michael Walker dont jusqu’ici j’ignorais totalement l’existence. Beaucoup d’entre vous familiers de ce blog doivent en savoir mille fois plus que moi sur ce coutelier américain venu de la bijouterie artisanale. J’ai incidemment appris grâce à Wikimachin qu’il avait déposé le brevet du linerlock et inventé une vingtaine de systèmes de blocage de lame comme justement ce qu’il réalise sur des customs signés de son nom et outrageusement décorés () et ici pour cette collaboration signée avec , compagnie qui aime bien tester les innovations mécaniques. D’après mes rapides recherches sur la toile, ce se vendait dans les années 2006-2007 (et on appelle ça vintage !).  

À la prise en main, on a un assez imposant par sa longueur (fermé 114 mm, ouvert 202 mm) et son poids sensible (pesé chez un commerçant compréhensif, on arrive à 133 grammes), joliment fini, satiné.



L’ouverture se fait naturellement, le pouce droit (ce n’est pas un ambidextre) tombe automatiquement sur le bouton et le presse on pourrait dire instinctivement. Une fois le lock débloqué, la lame s’ouvre souplement avec l’action du pouce, classiquement. Il y a un clic à l’ouverture quand la lame se bloque ouverte et un autre à la fermeture. L’axe de la lame est renforcé par deux disques d’acier de 22 mm de diamètre et 2 mm d’épaisseur qui viennent rigidifier les platines au niveau du et contribuer au poids déjà mentionné. Enfin, il y a une entretoise de 35 mm de long, en même matière noire que les plaquettes, qui ferme une partie du dos du manche.  

La prise en main est très bonne comme souvent sur ce genre de manche plutôt fin, incurvé et allongé et le clip (une seule position, très rigide) reste assez discret dans la main. Le pouce vient se caler sur le dessus de la lame qui est généreusement cranté sur 24 mm. L’index se place dans un finger choil (j’ai bûché le lexique !) marqué et se cale d’autant plus que le talon de la lame a une forme circulaire et qu’il est également cranté, permettant ainsi une bonne prise de main avancée sur la lame, avec l’index au niveau de l’axe, en cas de besoin (pour écorcer un bout de bois par exemple).  


La lame, belle et massive (épaisseur 3,5 mm au ricasso) malgré sa longueur de 112 mm (tranchant 85 mm), a un dessin assez travaillé. Pour employer un terme de spécialiste de haute technologie, hem… , je dirais simplement qu’elle est chiadée… Bon allez, je me lance et si j’ai à peu près compris ce que j’ai lu ici et ailleurs, elle serait de forme clip-point allongée avec un tranchant à profil double et un long faux contre-tranchant qui prend la majeure partie de la lame après le repose-pouce. Merci de me corriger si j'écris des faussetés… Vous noterez surtout le dessin particulier de la lame qui est élargie afin de pouvoir loger le système , ce qui produit cette protubérance arrondie (et crantée) utilisée pour faire ce repose-pouce bien relevé, efficace et confortable.

 

Sur le site où je l’ai acheté, l’acier indiqué était l’AUS-8 mais en vadrouillant sur le net, j’ai trouvé mention d’AUS-6 et d’AUS-4 pour ce même … bon, ne pas savoir l’acier exact ne m’empêche pas de dormir mais l’AUS correspond bien à l’origine taiwanaise de ce surin. Sur la face gauche de la lame, côté bouton de blocage, il est gravé : avec le logo et Dull Cutting Edge Dull Blade Tip et sur l’autre face : U.S. Pat 4,979,301 4003 Taiwan, Michael Walker et Demonstration Model Not For Resale. C’est en partie devenu mensonger puisque la lame est affûtée et le vendu mais bon, ça donne un petit côté Collector marrant.  



Ce n’est pas un « taktikeul ». Certes on l’ouvre d’une main mais on doit d’abord le débloquer et il faut tout de même bien presser le bouton du . En considérant la sophistication relative du système, pas du tout adaptée à un contexte de terrain, de boue ou de sable qui pourrait le fragiliser (si le ressort du bidule rouille et se pète, ou alors l’axe pris dans l’épaisseur de la lame, il va y avoir problème), on a plus affaire à un « de gentleman » d’assez bonne taille qu’à un fait pour être toujours prêt voire à en baver. Par sa silhouette, il me fait penser à une lame du Sud, tendance laguioles (notamment de certains modèles dits « chasse ») et des lames ibères mais c’est une appréciation personnelle. Du coup, les plaquettes partielles, noires et texturées, qui, elles, évoquent un outil plus , auraient pu à mon avis être avantageusement remplacées par du micarta ou de la corne dans les tons gris ou ivoire par exemple, afin de relever cette ligne générale finalement assez élégante.  


Il est d’un emploi agréable, notamment pour manger, parfait pour découper un magret ou une tranche de gigot comme un et quand on montre le mécanisme il éveille l’intérêt des proches (les miens, de proches, sont plutôt des gens à également). Il n’est pas gênant en poche, à part le clip un peu dur, et donne une bonne impression de solidité générale, par son côté massif, mais comme je l’ai dit, le caractère un peu complexe de ce le rend a priori un peu délicat.  

Dimensions : Fermé : 114 mm – Ouvert 202 mm Lame : 112 mm, tranchant : 85 mm, épaisseur 3,5 mm, acier AUS-8 ou 6 ou 4 ?... 
Manche : Platines acier inox ép. 2 mm. Épaisseur du manche à l’axe : 14 mm, au niveau des platines nues : 8 mm, au niveau des plaquettes : 13 mm, avec le clip : 17 mm
Poids : 133 grammes  


J’espère avoir été clair et pas trop chiant. C’est un peu long, merci si vous avez suivi… Les photos en disent plus sans tous ces mots…  

Cordialement,  

Biafra  

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Commentaires

1 - Bienvenue au club !

Anzioluz Belle revue, belles photos, et prose bien pondue. Félicitations donc !
Quant au couteau, certes élégant, il est bien à l'image de notre monde devenu compliqué, technocratique, avec ce décalage de plus en fou entre les concepteurs et ceux qui subissent sur le terrain..
Quand il m'arrivait encore recemment de co-organiser des treks, je me marrais en voyant des gugusses équipés d'engins de la sorte, style "inter-galactique", et qui ne savaient même pas aiguiser un opinel de base.. Attention, ceci ne s'applique pas à toi qui l'as acheté en toute connaissance de cause et dont tu nous fais part avec humour !
Tiens, je suis même quasiment sûr que notre guide indien du lac Saint Jean, au Quebec, ne saurait même pas comment le prendre en mains ton couteau..
C'était ma philosophie de comptoir à deux balles cinquante.
Bienvenue chez nous,


 


Anzioluz | Le Mardi 01/10/2013 à 18:24 | [^] | Répondre

3 - Re: Bienvenue au club !

 Merci Anzioluz pour la Bienvenue et ton commentaire sympa.

Tout à fait d'accord avec toi, je n'embarquerai jamais ce coutal en rando ! Il est OK à table pour le saucisson, le steak et le poulet mais même je n'aimerais pas trop que de la bouffe un peu liquide genre purée pénètre dans ce mécanisme de précision... Je m'en sers quand même, comme tous mes couteaux, mais je fais gaffe ce qui borne un peu le plaisir de l'utiliser.
Concernant Walker, son concepteur, il ne me donne pas vraiment l'impression d'être un technocrate borné mais plutôt un accro de l'invention de systèmes compliqués. J'ignore s'il était aussi horloger (je plaisante, il fabriquait des bijoux) mais d'après sa page Wiki il a arrêté de faire des fixes car il n'aimait pas l'idée de faire des étuis en cuir... alors il s'est mis aux pliants qui ont dû flatter son attirance, que j'espère ludique, pour les mécaniques tarabiscotées (et surtout c'est trop simple pour lui un fixe !). 

 


Biafra | Le Mardi 01/10/2013 à 19:46 | [^] | Répondre

2 - Très sympathique revue!

 Une chouette revue, très détaillée et fort instructive.
Je partage ton avis sur les plaquettes: quelque chosede plus "habillé" aurait sans doute été un choix plus judicieux, pour ce couteau certes bien joli mais sans doute plus à l'aise au salon ou au bureau que dans la forêt ardennaise 
Merci en tout cas pour cette belle revue.

 


jean-marc-be | Le Mardi 01/10/2013 à 19:31 | [^] | Répondre

4 - Excellente revue

Darksun Bonjour et bienvenue,

ce couteau est fort intéressant, avec un système exotique de verrouillage qui en fait un collector.

La revue est fort bien écrite et le descriptif est très précis.

Bien cordialement

 


Darksun | Le Mercredi 02/10/2013 à 05:43 | [^] | Répondre

5 - ...

 Merci Jean-Marc et Darksun pour ces compliments. J'ai essayé de faire un p'tit texte à la hauteur de la qualité de ce blog sans être trop pédant.

Pour ce coutal, il n'est pas dit que je ne m'essaie pas à la réalisation de plaquettes plus
 "classos", ce qui n'est a priori pas très difficile puisqu'elles sont largement plus petites que le manche.

Une question me vient : Quelqu'un connaîtrait-il d'autres couteaux avec un système de blocage sur la lame et non sur le manche ? Ce n'est pas que je compte me lancer dans une collection de ce créneau a priori très limité mais c'est juste de la curiosité inspirée par ce .

Cordial salut.

 


Biafra | Le Lundi 07/10/2013 à 16:07 | [^] | Répondre

6 - Re: ...

Guillaume L'un des plus connus (et contreversés) est celui-là :

chrisreeve.com/TiLock

'Faudra que j'en fasse une revue un de ces jours... quand j'aurais le temps... ou pas....

 


Guillaume | Le Lundi 07/10/2013 à 17:29 | [^] | Répondre

7 - Re: ...

 Wouahou... même Chris Reeve himself en personne s'est essayé à cette idée étrange de blocage par la lame ! Merci pour cette découverte.

Il doit y avoir d'autres systèmes, genre concours Lépine de l'improbable.

En fait, les Piémontais, même s'il n'y a pas de vrai lock mécanique, sont quelque part de cette famille exotique.

 


Biafra | Le Lundi 07/10/2013 à 22:12 | [^] | Répondre