Bonjour,
C’est ma première intervention sur ce blog que je lis et relis avec grand intérêt et au passage je salue Guillaume son auteur et ses lecteurs.
J’ai récemment acquis ce pliant CRKT Michael Walker Blade Lock présenté comme « vintage » qui est en fait à la base un modèle de présentation non affûté et non destiné à la vente (ce qui est gravé sur la lame). Il était précisé sur le site d’achat que CRKT en a autorisé la vente et l’affûtage préalable (réalisé par CRKT ou les revendeurs, je l’ignore). Comme je l’ai vu sur plusieurs sites j’en déduis que CRKT devait en avoir un stock. Et c'est vendu à environ la moitié du prix d’origine. Le mien est arrivé, affûté rasoir donc et mieux que mes autres CRKT, et dans un état impeccable qui me laisse penser qu’il est totalement neuf et n’a jamais servi de modèle d’exposition.
La caractéristique principale de ce couteau réside dans son système de blocage de lame en position ouverte et fermée qui se situe sur la lame, d’où le nom Blade Lock, et non sur le manche comme dans l’immense majorité des cas. Ce qui ressemble à un thumbstud est en fait un bouton monté sur ressort que l’on presse pour ouvrir la lame et pour la débloquer en la fermant. Hors action de déblocage du lock, ce bouton cale le pouce comme un thumbstud. Il est fixé sur la lame (qu’il doit traverser en diagonale) par un axe enfoncé dans l’épaisseur de la lame. Le blocage se produit lorsque la partie cachée de la pièce bouton qui traverse la lame s’enclenche dans un logement situé dans la face interne de la platine droite… je ne sais pas si c’est clair. C’est ce qui m’a attiré, cela m’a amusé de m’offrir ce petit coutal compliqué à un prix très abordable.
Ce système est une création du célébrissime Michael Walker dont jusqu’ici j’ignorais totalement l’existence. Beaucoup d’entre vous familiers de ce blog doivent en savoir mille fois plus que moi sur ce coutelier américain venu de la bijouterie artisanale. J’ai incidemment appris grâce à Wikimachin qu’il avait déposé le brevet du linerlock et inventé une vingtaine de systèmes de blocage de lame comme justement ce Blade Lock qu’il réalise sur des customs signés de son nom et outrageusement décorés (http://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Walker_(knifemaker)) et ici pour cette collaboration signée avec CRKT, compagnie qui aime bien tester les innovations mécaniques. D’après mes rapides recherches sur la toile, ce couteau se vendait dans les années 2006-2007 (et on appelle ça vintage !).
À la prise en main, on a un couteau assez imposant par sa longueur (fermé 114 mm, ouvert 202 mm) et son poids sensible (pesé chez un commerçant compréhensif, on arrive à 133 grammes), joliment fini, satiné.
L’ouverture se fait naturellement, le pouce droit (ce n’est pas un couteau ambidextre) tombe automatiquement sur le bouton et le presse on pourrait dire instinctivement. Une fois le lock débloqué, la lame s’ouvre souplement avec l’action du pouce, classiquement. Il y a un clic à l’ouverture quand la lame se bloque ouverte et un autre à la fermeture. L’axe de la lame est renforcé par deux disques d’acier de 22 mm de diamètre et 2 mm d’épaisseur qui viennent rigidifier les platines au niveau du Blade Lock et contribuer au poids déjà mentionné. Enfin, il y a une entretoise de 35 mm de long, en même matière noire que les plaquettes, qui ferme une partie du dos du manche.
La prise en main est très bonne comme souvent sur ce genre de manche plutôt fin, incurvé et allongé et le clip (une seule position, très rigide) reste assez discret dans la main. Le pouce vient se caler sur le dessus de la lame qui est généreusement cranté sur 24 mm. L’index se place dans un finger choil (j’ai bûché le lexique !) marqué et se cale d’autant plus que le talon de la lame a une forme circulaire et qu’il est également cranté, permettant ainsi une bonne prise de main avancée sur la lame, avec l’index au niveau de l’axe, en cas de besoin (pour écorcer un bout de bois par exemple).
La lame, belle et massive (épaisseur 3,5 mm au ricasso) malgré sa longueur de 112 mm (tranchant 85 mm), a un dessin assez travaillé. Pour employer un terme de spécialiste de haute technologie, hem… , je dirais simplement qu’elle est chiadée… Bon allez, je me lance et si j’ai à peu près compris ce que j’ai lu ici et ailleurs, elle serait de forme clip-point allongée avec un tranchant à profil double et un long faux contre-tranchant qui prend la majeure partie de la lame après le repose-pouce. Merci de me corriger si j'écris des faussetés… Vous noterez surtout le dessin particulier de la lame qui est élargie afin de pouvoir loger le système Blade Lock, ce qui produit cette protubérance arrondie (et crantée) utilisée pour faire ce repose-pouce bien relevé, efficace et confortable.
Sur le site où je l’ai acheté, l’acier indiqué était l’AUS-8 mais en vadrouillant sur le net, j’ai trouvé mention d’AUS-6 et d’AUS-4 pour ce même couteau… bon, ne pas savoir l’acier exact ne m’empêche pas de dormir mais l’AUS correspond bien à l’origine taiwanaise de ce surin. Sur la face gauche de la lame, côté bouton de blocage, il est gravé : CRKT avec le logo et Dull Cutting Edge Dull Blade Tip et sur l’autre face : U.S. Pat 4,979,301 4003 Taiwan, Michael Walker et Demonstration Model Not For Resale. C’est en partie devenu mensonger puisque la lame est affûtée et le couteau vendu mais bon, ça donne un petit côté Collector marrant.
Ce couteau n’est pas un « taktikeul ». Certes on l’ouvre d’une main mais on doit d’abord le débloquer et il faut tout de même bien presser le bouton du Blade Lock. En considérant la sophistication relative du système, pas du tout adaptée à un contexte de terrain, de boue ou de sable qui pourrait le fragiliser (si le ressort du bidule rouille et se pète, ou alors l’axe pris dans l’épaisseur de la lame, il va y avoir problème), on a plus affaire à un pliant « de gentleman » d’assez bonne taille qu’à un EDC fait pour être toujours prêt voire à en baver. Par sa silhouette, il me fait penser à une lame du Sud, tendance laguioles (notamment de certains modèles dits Laguiole « chasse ») et des lames ibères mais c’est une appréciation personnelle. Du coup, les plaquettes partielles, noires et texturées, qui, elles, évoquent un outil plus tactique, auraient pu à mon avis être avantageusement remplacées par du micarta ou de la corne dans les tons gris ou ivoire par exemple, afin de relever cette ligne générale finalement assez élégante.
Il est d’un emploi agréable, notamment pour manger, parfait pour découper un magret ou une tranche de gigot comme un laguiole et quand on montre le mécanisme il éveille l’intérêt des proches (les miens, de proches, sont plutôt des gens à couteaux également). Il n’est pas gênant en poche, à part le clip un peu dur, et donne une bonne impression de solidité générale, par son côté massif, mais comme je l’ai dit, le caractère un peu complexe de ce Blade Lock le rend a priori un peu délicat.
Dimensions : Fermé : 114 mm – Ouvert 202 mm Lame : 112 mm, tranchant : 85 mm, épaisseur 3,5 mm, acier AUS-8 ou 6 ou 4 ?...
Manche : Platines acier inox ép. 2 mm. Épaisseur du manche à l’axe : 14 mm, au niveau des platines nues : 8 mm, au niveau des plaquettes : 13 mm, avec le clip : 17 mm
Poids : 133 grammes
J’espère avoir été clair et pas trop chiant. C’est un peu long, merci si vous avez suivi… Les photos en disent plus sans tous ces mots…
Cordialement,
Biafra
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