Couteau Böker Plus Mojo
Un design original de Jens Anso
Fox fabrique d’ailleurs sous sa dénomination commerciale une version d’un design très original de Jens Anso une version du Mojo. Le Mojo a fait son apparition dans la gamme Böker Plus en mars 2015 et bénéficie de deux finitions, la première est dotées d’un manche en G-10 noir, un peu triste à mon avis, mais très efficace pour la prise en main.
La seconde est dotée de merveilleuses côtes en cocobolo stabilisé, un bois tropical très dure et résistant à l’humidité, produit par des arbres du genre Dalbergia, qui est originaire d’Amérique Centrale. Ce bois possède de riches nuances rouges alternées de noir. Autant dire que sur le plan de l’esthétique le résultat est absolument remarquable. Le cocobolo est considéré comme un bois cher réservé à quelques applications de luxe, poignés d’armes de poing, manche de couteaux et pions des jeux d’échecs…
Le Mojo mesure 12,2 cm fermé pour une longueur totale de 21 cm, c’est un couteau très massif mais en aucune manière agressif, l’aspect général à la fois étrange pour la lame et superbe pour le manche montre que l’on est en présence d’un couteau utilitaire. La masse du couteau est de 190 grammes ce qui commence à compter en poche, et justement Fox a remarquablement géré cette question en traitant ce couteau comme un fermant classique, à la mode vintage, en le dotant non pas d’un clip mais d’un étui de ceinture. Cet étui de ceinture est en cuir de qualité, qui est fourni en couleur noire pour le couteau équipé des côtes en G-10 et en cuir marron clair pour le Mojo dont les côtes sont en cocobolo.
Le Mojo est un lockback classique mais pour moi, c’est la première fois que j’étudie l’ajustage de ce mécanisme par un fabricant italien aussi célèbre que Fox. L’ajustage peut être considéré comme au minimum équivalent à ceux des Spyderco fabriqués au Japon, les Japonais ayant la réputation de maîtriser à la perfection ce dispositif de blocage de la lame. La finition extérieure du système montre un ajustage parfait largement au niveau de celui obtenu à Seki City. Par rapport au mécanisme de base utilisé sur les Spyderco il est possible de dire que l’encoche de verrouillage de la pompe n’est pas plus profonde, en revanche, sur le Mojo elle est plus longue et plus large, c’est-à-dire largement proportionnée au couteau.
La lame offre une plus grande résistance à l’ouverture que sur mes Spyderco, donc pas d’ouverture accidentelle à redouter, il faut vraiment disposer de la force d’un adulte pour ouvrir la lame, le verrouillage est très puissant, avec un claquement sonore particulièrement marqué. On ne constate aucun jeu vertical même en appuyant fort sur la partie crantée destinée à recevoir le pouce. Concernant le jeu latéral, celui-ci est totalement inexistant au niveau des thumbstuds. En revanche, on note un léger jeu latéral de la lame si l’on exerce une contrainte à son extrémité : cette caractéristique paraît être un jeu fonctionnel qui correspond au fonctionnement normal du système Lockback dont le couteau est équipé. Il est possible de réduire, et d’annuler même totalement ce phénomène de flexion micrométrique à l’aide de l’outil de réglage du pivot de l’axe de la lame. Malheureusement cet outil n’est pas livré avec le Mojo, personnellement j’en possède un pour avoir acheté le Bravado (Olamic Tactical/Fox).
La structure du manche est classique pour un Lockback avec deux platines en acier inoxydable qui sont évidées chacune par deux découpes plutôt petites, qui n’ont sûrement pas beaucoup d’influence sur la masse globale du couteau…Ces deux platines possèdent une épaisseur identique comprise entre 1 et 1,5 mm. On note que l’on n’a pas utilisé d’entretoise inutile qui aurait fait dépassé les 200 grammes au couteau !!!.
Les côtes en bois exotiques sont un superbe travail de marqueterie très proche de ce que l’on peut attendre d’un couteau custom. Ces côtes en cocobolo sont usinées à la perfection avec une finition et un polissage remarquable, et même supérieur à mes attentes… Tous les angles vifs ont été abattus, le résultat est purement et simplement magnifique !!!
Vers l’avant, les platines et les côtes en bois ont été usinées de manière à former un sorte de quillon, qui sans être trop prononcé permet de disposer d’une prise en main sécurisé, la décroissance de la hauteur du manche à son extrémité optimise le confort de la prise en main, ce couteau est un outil qui prolonge parfaitement la main. Malgré un poids assez important, son équilibre est très bien géré, il est impossible d’indiquer sa masse à la seule sensation de prise en main.
La lame est un design toujours aussi intéressant de Jens Anso, sous une approche qui paraît être un drop point modifié se dissimule en fait une lame à géométrie Spear Point, avec juste ce qu’il faut d’aspect recurve pour donner une extraordinaire ceinture coupante.
La lame est réalisée dans l’excellent N690 Bolher, très performant sur les couteaux fabriqués à Solingen, et il semble que le traitement thermique choisi par Fox soit d’une qualité au moins égale. La dénomination complète de l’acier est N690Co (Bohler-Uddeholm), Il s’agit d’un acier martensitique au chrome, avec addition de cobalt, molybdène et vanadium. Il existe une variante N690 ISO Extra qui est réalisée par fusion par arc sous vide.
A l’origine, il s’agit d’un acier de coutellerie, mais pas seulement. Il a été conçu pour les applications de découpe (coutellerie, instruments chirurgicaux...) ainsi que les pièces soumises à forte sollicitation (roulements, valves, pistons, etc.).
La dureté d’utilisation recommandée pour cet acier est comprise entre 58 et 60 RKC. L’un des premiers utilisateurs de cet acier en coutellerie est la firme Extrema Ratio, on le trouve aussi sur des couteaux de la marque italienne Fox, il a d’ailleurs été utilisé avec succès dans le cadre d’une collaboration industrielle avec Spyderco sur le modèle Volpe.
La lame possède une épaisseur de 3,5 mm avec une gestion décroissante qui évite d’avoir une lame trop épaisse diminuant la finesse des travaux de coupe. Cette lame ventrue mesure 90 mm avec un tranchant lisse utile de 89 mm, mais en fait l’aspect recurve de la lame permet d’espérer 1 à 2 mm de plus assez facilement.
L’émouture est du type plate intégrale avec un tranchant particulièrement fin et extrêmement coupant. La largeur de la lame est assez inhabituelle sur un fermant puisque qu’elle atteint dans la partie la plus recurve 35 mm. La lame possède une finition stonewashed discrète, mais totalement homogène.
Le dos de la lame est intégralement plat y compris au niveau du faux contre-tranchant ou l’épaisseur du métal est la plus faible. La lame possède un système d’ouverture ambidextre au moyen de deux thumbstuds massifs, qui possèdent une forme tronconique. Le couteau est livré avec une clef qui permet d’ailleurs de les retirer conformément à la législation allemande. A l’aplomb des deux ergots de déploiement de la lame, celle-ci reçoit une rampe crantée de l’ordre de 2 cm qui permet d’y poser sans problème le pouce pour exercer le contrôle directionnel des travaux de coupe.
En ce qui me concerne, le Mojo en version cocobolo est un couteau très attachant qui rappel à quel point l’usage du bois est susceptible de donner du cachet à un couteau. Cela permet de disposer d’un couteau très robuste qui se distingue largement de la production des couteaux plus ou moins tactiques, et c’est bien agréable. La capacité de Fox à être le sous-traitant de Böker montre clairement la dimension internationale de la firme de Maniago qui s’est imposé même sur le marché américain, en créant une filiale dédiée aux attentes culturelles différentes du public nord-américain. Ce public, réputé très difficile à convaincre est totalement séduit par la production de Fox. Ainsi Böker Plus en indiquant clairement le responsable de la fabrication du couteau bénéficie d’un complément de notoriété absolument pas négligeable.
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Mots-clés : Couteaux Boker
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