Couteau Chris Reeve Sebenza
Le Retour
Ces derniers mois, je n'ai pas publié de revue de couteau parce que je n'ai pas fait d'acquisition - au contraire .
D'autre part, en faisant le dernier "lifting" du blog, je me suis aperçu que la revue du Sebenza était très succinte, c'était à l'époque du démarrage du site et mes avis étaient assez lapidaires.
Hors, il y a quelques semaines, trouvant que l'un de mes Sebenza "grattait" à l'ouverture, j'entrepris son nettoyage (bien mérité). En un quart d'heure, je me retrouvais avec un couteau en parfait état de fonctionnement, comme neuf et cela facilement. George me sussura alors à l'oreille son fameux "What Else ?" et je me suis dit qu'une revue plus exhaustive était nécessaire .
Ce n'est peut-être pas le plus parfait mais le Sebenza est une référence. Voici une tentative d'explication.
Historique
Le modèle qui va être passé en revue est un large regular de deuxième génération. La lame, en S30V, est moins haute et la pointe est surbaissée. Cette version est à mon sens plus versatile même si je préfère l'esthétique de la première version :
"Les débuts
Chris Reeve a réalisé son premier Sebenza en 1987 et l'a présenté au Knifemaker 's Guild Show d'Afrique du Sud où il a remporté cette année là le prix du meilleur pliant.
Le sebbie (Large) a commencé à être produit en nombre en 1990, et il était encore à l'époque pratiquement "fait main", marqué d'un "H" pour Handmade.
En 1991 les Reeve ont commencé à s'équiper en CNC et ont légèrement modifié le profil et affiné un peu l'épaisseur du manche titane. Ceux-ci était marqués "P" pour Production. Ce marquage a ensuite disparu parce qu'il entretenait une confusion, les gens pouvant assez naturellement imaginer que "P" signifiait Prototype.
Small sebenza
Le Small sebbie a fait pour sa part son apparition en 1993.
Regular
Le changement de profil du Sebenza au bénéfice du Regular actuel s'est opéré au cours du printemps 1996. La production était prévue avec des lames en BG-42, mais pour des raisons d'approvisionnement elles continuèrent d'être proposées pendant une courte période en ATS-34.
Classic, le retour
En 2000, à la demande de clients qui avait conservé une préférence pour le profil antérieur, le modèle original (avec de très légères modifs) fut réintroduit sous le nom de Classic 2000 (ou Classic MM).
Mnandi
Le Mnandi quant à lui est sorti en 2001.
Umfaan
Quant à l'Umfaan, aujourd'hui indisponible, il ne fut produit qu'entre 1997 et 2002.
Umnumzaan
Les 20 premiers protos de l'Umnumzaan furent présentés au Blade Show de 2008. Ils sont aujourd'hui en production courante.
21
Depuis mai 2008 la production du Regular a été arrêtée, et CRK propose désormais un Classic légèrement reprofilé et baptisé "Sebenza 21", pour commémoration de ses 21 années de production.
gm67"
Je rajoute, pour les puristes, que la différence entre le classic et le 21 est le chanfreinage du manche qui permet une meilleure introduction du couteau dans une poche ou un étui. On voit clairement la différence :
Merci Marcfrede pour la photo.
La paternité de ce design revient à Lucas Lardinois, il faut le dire... sans esprit de polémique.
Chris Reeve est originaire d'Afrique du Sud, depuis longtemps installé aux Etats-Unis. Sebenza, en langue Zoulou, signifie "travail" et on comprend pourquoi.
Pour les spécifications techniques, je vous indique le lien vers le site officel, c'est mieux : www.chrisreeve.com/knife-specifications.html
En première approche, le Sebenza est un un grand couteau pliant dans sa version large mais qui optimise l'encombrement. Pour preuve, regardez comme la lame est incluse dans le manche en position fermée :
La trempe de cette lame aboutit à un excellent compromis de résilience, dureté, résistance : suffisamment dure pour garder un excellent pouvoir de coupe longtemps, tout en étant facilement aiguisable. L'indice 58-59 HRC est finalement un bon choix. Une céramique de base rend toute son agressivité au tranchant.
Le clip, à sa base, est encastré dans le frame avec un ajustage parfait, une seule vis le maintient en place. Je n'ai pas constaté de défaut sur ce système sur les Sebenza que j'ai utilisé.
Mais quel est donc ce trou supplémentaire en plein milieu ? Pour des facilités d'usinage, les plaques de titane sont percées afin d'être fixées sur un support. Elles sont alors détourées et mises en forme. A ce stade, la platine droite et la platine gauche ne sont pas différenciées. Seulement après, la découpe du frame et le chanfreinage des bords des platines les différencient. Donc toutes les platines ont ce trou.
a-couteaux-tires.zevillage.org/files//sebenza_022_2.avi
Le Sebenza est un excellent couteau en main mais il fourmille d'innovations.
D'abord, le talon de la lame a une extension circulaire qui maximise la surface de contact avec l'axe d'arrêt, diffusant ainsi l'énergie lors des coupes frappées et évitant la déformation du talon de la lame ou de l'axe.
- vis tronconiques autobloquantes = pas de desserrage, pas de colle ;
- intercalaire de pivot déjà cité (c'est la pièce juste à droite de la grande rondelle) ;
- usinage parfait du talon de lame en contact du frame ;
- extrémité du frame trempé sur une large surface ;
- et surtout, des normes d'ajustage qui sont inégalées pour du semi industriel, c'est parfait.
Les moins
C'est du semi industriel, produit en grande série. Il peut y avoir des défauts de matières ou de trempe. C'est extrêmement rare même si cela peut arriver comme l'a expérimenté Cartapouille :
Second défaut, les têtes de vis sont dures mais pas tant que cela. EVITEZ de bourriner en forcant dessus sinon l'empreinte va s'abimer. Si tel est le cas, les vis sont en vente, pour une somme modique, chez CRK (livraison rapide, j'ai testé).
Enfin, l'ergot de pouce pour l'ouverture ne convient pas à tout le monde.
Pour un usage urbain, préférez le small.
Conclusion
Ce n'est pas le plus beau - mais cette notion est relative.
Ce n'est pas un custom - mais presque.
Ce n'est pas forcémént le mieux fini - le Lochsa de Scott Cook ou l'Amlock de Thierry Savidan sont plus raffinés.
Mais
C'est le plus abouti techniquement - en grande série - avec ses innovations et son ajustage.
C'est le plus étudié pour l'ergonomie et le multi-usage.
C'est un modèle en terme de géométrie de lame, manche, tranchant, émouture.
C'est le couteau de référence auquel on compare tous les autres - et pour cause.
C'est le couteau le plus jalousé, décrié et ... copié sans jamais l'égaler.
Il n'est pas "l'ultime" dans un domaine mais, en moyenne, il est bon partout. Bref, s'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-là, pour un naufrage sur une île déserte et un voyage sur Mars et un rando-trek dans le triangle d'or et pour la cuisine et...
Le prix ? Comme me le disait Pascal, chez Lulu la Nantaise, hier soir : "le prix s'oublie, la qualité reste". Cela je l'ai compris après plus de dix ans d'usage de différents modèles du Sebenza.
Je lui devais donc bien une revue actualisée.
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Mots-clés : Couteaux Chris Reeve, Sebenza
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