Couteau Chris Reeve Umnumzaan...
...un bilan mitigé
Selon le site de Chris Reeve Knives (CRK), l'Umnumzaan qui en langue Zoulou signfie "monsieur" ou "Boss" est "un couteau qui mérite le respect", car développé sur l'expérience acquise au cours des 20 années de fabrication du Sebenza, "ce couteau doit permettre d'accomplir le travail avec son nouveau design", sachant que la nature dudit travail n'est pas explicitée . Le couteau se présente comme une framelock doté d'un manche en titane, mais dans lequel la fonction de verrouillage, assurée par le frame sur le Sebenza, est remplacée par une bille de céramique, qui assure un double rôle : celui de blocage de la lame en position ouverte et sa rétention par compression en position fermée afin d'éviter toute ouverture intempestive.
Le pivot de rotation de la lame est particulièrement massif, probablement le plus gros de ceux utilisées par CRK . Le pivot est doté de deux rondelles en bronze phosphore perforées de trous circulaires destinés à réduire la friction à l'ouverture, en conservant au niveau de ces alvéoles de la graisse (ou un autre lubrifiant) et prolonger ainsi la vie du couteau. Le double ergot d'ouverture de la lame est symétrique, il est similaire au système utilisé par Kit Carson sur son M-16 et joue le rôle de mécanisme d'arrêt au contact de la carcasse en titane .
Chacun des ergots reçoit une rondelle en polyuréthane afin de servir d'absorbeur de choc lors du déploiement de la lame. La paternité de ce système est attribuée aux frères Hawk qui ont accepté son utilisation par CRK.
On doit cependant noter que la technologie des amortisseurs de choc a été initiallement créée pour des armes d'épaules (pistolet mitrailleur et fusil d'assaut) et pour des armes de poing de type Colt 1911 qui reçoivent des shock buffers remplaçables pour allonger la durée de vie de la carcasse, il s'agit donc d'une simple transposition de concept et non d'une innovation technologique .
La lame possède un longueur de 93,35 mm avec une surface coupante utile de l'ordre de 90 mm, dotée d'une émouture convexe, un peu déconcertante pour moi qui utilise surtout des couteaux de marque Emerson/Benchmade et Spyderco .
Mais force est de reconnaître que les raisons techniques de ces choix sont trés rationnelles et prolonge la durée de vie de la lame.
L'épaisseur de la lame est de l'ordre de 3,6 mm, soit un accroissement sensible par rapport à celle du Sebenza largement chroniqué dans les colonnes de ce site, et un peu d'épaisseur supplémentaire cela est toujours bon à prendre sur un instrument coupant tactique . Sa finition stonewashed est superbe comme sur celle des Sebenza, mais sera vulnérable au phénomène d'abrasion à la longue. Le profil de la lame est un clip point trés marqué du fait de la présence d'un contre-tranchant partiellement affuté (mais oui !) qui représente une menace sérieuse pour les doigts des utilisateurs en position fermée .
La dureté de l'acier CMP-S30V est limitée à 58/59 sur l'échelle de Rockwell. On constate la présence en position fermée d'un poinçon brise vitre dont l'usage requière un appui fort sur le contre-tranchant et induit un risque potentiel (et même plus) de blessure. Il existe bien une mode de ce type d'accessoires brise vitre mais, en règle générale, ceux-ci sont positionnées en bout de manche pour permettre une frappe plus confortable avec la lame ouverte, il est aussi possible de s'en servir pour briser des matériaux durs autres que le verre. Des clips vidéos diffusés sur Utube montre cependant que le dispositif adopté par CRK fonctionne bien .
Le manche en titane TIAL6VA, trés robuste, possède une structure open frame sans entretoise, la visserie autoserrante est en acier inxoydable 303, l'épaisseur moyenne des deux branches en titane constituant le manche est d'environ 3,81 mm. La masse totale du couteau est de 142 grammes .
En fait, pour être honnête on retrouve toute la qualité des couteaux produits par Chris Reeve mais avec trois bémols majeurs : un contre-tranchant partiellement affuté inacceptable sur un pliant ; la nécessité de recourir à des outils en plastique spéciaux pour pouvoir démonter le pivot de la lame - ces outils n'étaient pas fournis avec mon exemplaire mais le sont maintenant de manière systématique - et enfin, le troisième point, à savoir l'interface constitué par la bille en céramique, probablement plus dure que le talon de la lame, et dont il est admis par différents commentateurs américains qu'elle finira par être éjectée de son logement .
Le remplacement de la bille n'est pas onéreux mais je doute fort que son positionnement soit facile et en outre, la mise hors service risque d'intervenir sur la terrain lorsque vous avez vraiment besoin de votre couteau. Chris Reeve s'adresse principalement à un public de policier et de militaire et à des amateurs avertis, donc la défaillance du verrouillage est une possibilité intolérable .
Ce qui fait qu'il est prudent, hors utilisation à son domicile d'en rester au Sebenza Large Classic . Mais le problème pour CRK est qu'il ne possède plus le monopole absolu des framelock et que les produits Benchmade deviennent des concurrents trés sérieux, avec notamment le BM 760 BK, le BM 755 MPR, trés impressionnants et le Subrosa qui avec sa configuration attrayante sera un aversaire commercial redoutable.
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Mots-clés : Couteaux Chris Reeve
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