Les
couteaux fabriqués selon un procédé semi-industriel par Rick Hinderer ont toujours exercés sur moi une grande attirance, c’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis porté acquéreur de tous les
couteaux conçus par ZT dans la cadre d’une collaboration avec Hinderer.
A l’instar du
Sebenza, j’ai tendance à penser que malgré l’utilisation rationnelle et justifiée de moyens modernes de fabrication (usinage CNC), nous sommes davantage dans le domaine d’une réalisation de
couteau quasi-custom en raison de la qualité des pièces produites. En définitive, je procède donc à un arbitrage un peu différent de celui de Patrick-G dans son excellente présentation des modèles XM-18 et XM-24, sans m’en démarquer complétement.
Je dois noter que mes achats de
couteaux Reate Knives montre qu’une firme chinoise de qualité est capable d’atteindre un niveau très proche, mais pas encore complètement identique, avec des
couteaux comme le District 9 et le Torrent. Le Torrent sera utilisé dans les photographies pour donner un repère qualitatif concret. De même, pour le profil de la lame, un Emerson Horseman (un
EDC de cavalier) est utilisé.
Sur la question du prix, avec la problématique considérable d’une limitation de la vente directe à des militaires et pompiers américains en service actif, je dois dire que j’ai été longtemps dubitatif sur la nécessité de payer 800 $. Ce faisant j’ai utilisé un autre moyen via un mandataire qui a pu exciper auprès de M. Hinderer de ma qualité de personnel assermenté avec succès. Cet élément a été largement suffisant et bien accueilli par Rick Hinderer. J’ai donc payé mon exemplaire au tarif le plus bas appliqué par Rick Hinderer et je lui en témoigne ma gratitude sincère.Bien sûr le prix a été majoré de la TVA et des droits de douane français.
Le
couteau est livré dans une boite de carton blanche tout à fait correcte, et je pense que ce détail n’en est pas un et est considéré avec beaucoup de satisfaction par les acheteurs américains. Le
couteau est livré avec un fiche portant les initiales de la personne ayant assuré le montage, mais en revanche elle est dépourvue de date, et elle donne beaucoup mois d’information que la fiche signé
Chris Reeve pour tous mes
Sebenza.
Le
couteau XM-24 possède une dénomination qui renvoie à la fabrication d’un Expérimental Model numéro 24 : si l’origine du numéro 18 est bien connue avec une correspondance avec une unité de pompier qui est celle de Rick Hinderer, il est probable que le chiffre 24 renvoit à une symbolique similaire, sans que j’ai pu débusquer l’information exacte. Toujours est-il que mon
couteau mesure 13,5 cm lame fermée, pour une longueur totale de 23,5 cm qui en fait un
couteau professionnel particulièrement puissant !! Sa masse demeure considérable avec 221,13 grammes. Cette donnée n’est pas anodine, dans la mesure où le
couteau à vocation à prendre place parmi les effets déjà lourds de soldats et de pompiers : on peut penser que le XM-24 ne vient pas en complément d’une lame fixe mais tient lieu de
couteau principal.
L’architecture du
couteau est classique pour tous les amateurs car elle repose sur un schéma qui est aussi utilisé par Mick Strider. Le cœur du mécanisme est un dispositif de verrouillage Reeve Integral Lock (RIL) avec deux platines en
titane Ti6 Al4 V de grade 5. La platine verrou est une formidable pièce de coutellerie dont l’épaisseur atteint les 5 mm, et une chose est sûre elle respire la solidité !!! La platine possède une seule découpe destinée à obtenir l’élasticité nécessaire au système
framelock. L’étude attentive du
couteau et des exercices de flexion modérés au niveau de la pointe montrent l’absence totale de jeu vertical ou latéral de la lame une fois verrouillée.
Le verrouillage est immédiat et très puissant : on ne détecte aucun enfoncement supplémentaire du verrou lors de la prise en main du
couteau, contrairement à certains
framelock fabriqués à Solingen. L’épaisseur du frame et l‘enfoncement du verrou à approximativement 45% en termes d’épaisseur au talon de la lame laisse peu de doute sur la fiabilité de l’ensemble. Mon
couteau est une génération 2 ou peut-être même 3 du XM-24, et en matière de détente et de rétention de la lame en position fermée on note l’absence totale d’ouverture par gravité, même en secouant fortement le
couteau fermé.
La platine en
titane assurant en verrou reçoit le fameux Hinderer Lock Bar Stabilizer, mécanisme ingénieux qui assure qu’il n’y aura pas de déformation plastique irréversible du
titane : ce système très sûr est maintenant fréquemment contourné sur les framelocks industriels par des systèmes internes assurant la même fonction : on peut y voir une sorte d’hommage au travail de Rick Hinderer, même si je ne suis pas convaincu qu’il apprécie beaucoup ce qui est un contournement juridique de son procédé mécanique…. Le verrou du XM-24 reçoit un crantage qui facilite bien les opérations de déverrouillage. Le déverrouillage contrairement à mes craintes initiales ne requière qu’une force limitée, très proche de celle que l’on utilise sur les
Sebenza 21 et 25.
La platine verrou reçoit une structure opposée composite qui comprend une platine en
titane de 1 à 1,5 mm et une côte en G-10 noir d’une épaisseur de 3 à 3,5 mm. L’usage du
titane paraît surtout destiné à servir d’appui mécanique à la très puissante visserie torx qui maintien le
couteau assemblé : l’épaisseur de cette visserie est de nature à rassurer les plus anxieux : non vous ne risquez pas de fléchir le manche en les serrant dans vos grosses mains. Le manche possède une épaisseur de 15 mm pour une hauteur de l’ordre de 27 à 30 mm à l’aplomb du verrou avec une partie arrière fortement galbée qui atteint 32 à 33 mm. La poignée est un chef d’œuvre d’ergonomie qui rend l’usage du
couteau compatible avec les profils de mains grandes et moyennes sans aucune difficulté. Le grip est excellent notamment en raison de la côte en G-10 dont la texture 3D en fines alvéoles, cette texture accroche bien sans être abrasive de manière intolérable.
Un travail significatif de crantage a été réalisé sur le dessus du
couteau et sur le dessous en position arrière à l’extrémité du manche. Les crantage des platines et des côtes à l’avant du manche mesure 30 mm, et sont prolongés par une courte rampe crantées sur le dessus de la lame. Les crantages réalisés sous le manche (sans compter ceux du verrou) mesurent 44 à 45 mm de long et sont symétriques. Vous l’aurez sans doute compris, il est impossible de déraper en saisissant ce
couteau même avec les mains mouillées.
Le clip est l’excellent clip custom Hinderer qui est réversible tip up et Tip down mais d’un seul côté. C’est un très bon clip assurant une puissante rétention en relation avec la masse du
couteau.
La lame est un profil atypique dans la fabrication de Rick Hinderer il s’agit d’une lame clip point baptisée Skinner, malgré son appellation qui correspondrait à un usage de chasse, elle me fait beaucoup penser sur le plan de la géométrie à la lame conçu par Ernest Emerson pour équiper le CQC-8 et le Horseman. La lame est montée sur un système de roulement à bille du type IKBS et elle se déploie au moyen d’un flipper assez proéminent qui une fois déployé vient constituer un quillon inférieur très protecteur, complétant ainsi la découpe des platines et des côtes.
Ce flipper reçoit un crantage qui n’a aucune fonction ergonomique sachant que vous ne l’utilisez pas pour déployer la lame. Au demeurant la lame particulièrement massive se déploie très bien à l’aide du flipper sans avoir besoin de terminer le mouvement d’un coup sec du poignet. La lame comme, la platine verrou en
titane reçoit une remarquable finition Stonewash. Le logo à tête de cheval sur la face gauche de la lame est très classieux. La lame vient se caler dans des usinages en creux au moyen des deux thumbstuds, système ultra robuste, dont la paternité échoit à Butch Valloton, mais que Kit Carson a popularisé sur les divers déclinaisons de son fabuleux M-16.
Assez curieusement, compte tenu de l’aspect résolument professionnel et
tactique du XM-24 il n’est fait état d’aucune faiblesse concernant le dispositif IKBS : on peut penser qu’un retour professionnel négatif en terme de vulnérabilité du système au sable ou bien à d’autres éléments aurait entraîné une modification, il est peu probable que Rick Hinderer puisse maintenir une clientèle aussi nombreuse et exigeante avec un mécanisme approximatif. C’est pourquoi il est peut être raisonnable de penser que le système utilisé par Hinderer, avec des tolérances dimensionnelles extrêmement serrées ne connaît pas de problème : c’est un élément de réflexion à introduire dans la perception négative des systèmes Ball Bearing que nous avons tendance à surestimer, même si rien ne sera aussi simple et robuste que des washers en bronze phosphoré, par ailleurs.
Le pivot de la lame est un dispositif de centrage de haute précision conçu et usiné par Rick Hinderer, le 17-4HP qui évoque bien évidemment une réalisation de niveau custom, sans l’ombre d’un doute.
La lame est réalisée dans l’excellent CPM-S35VN de Crucible avec une dureté comprise entre 58 et 61 RKC, ce qui confirme que l’on peut faire confiance à cet acier après une mise en service qui a fait naître beaucoup de rumeurs infondées sur les forums anglo-saxons. La lame possède une épaisseur de 4 mm, qui apparaît tout de suite comme considérable. La lame mesure 103 mm pour un tranchant lisse utile de 90 mm, la perte de tranchant est due à un finger choil massif permettant de travailler avec une prise en main avancée sur la lame. Je ne suis pas sûr de la nécessité d’un dispositif aussi pénalisant sur un
couteau tactique aussi massif que je ne ressens pas optimal pour des coupes très précises ; a priori ce n’est pas sa fonction première. Incidemment, on peut considérer que les lames des
Sebenza 21 et 25 dépourvues de finger choil sont mieux optimisées tout en conservant des capacités de coupe de grande précision sans finger choil.
L’émouture de la lame est une géométrie plane qui donne naissance à un tranchant très coupant qui accroche particulièrement bien la matière, malgré son épaisseur. La lame possède un dos totalement plat avec un faux contre-tranchant, mais la partie plate est incurvée avec un usinage concave finalement assez peu courant. La lame possède une hauteur de 32 à 29 mm vers la pointe, ce qui en fait un outil coupant très puissant, la pointe se termine par un losange ou l’on retrouve les 4 mm et qui évoque fortement une lame
tanto ou reverse
tanto.
Au terme de cette étude détaillée je dois reconnaître que je suis agréablement surpris par ce modèle XM-24, même si pour moi, son poids paraît excessif pour un
EDC à vocation militaire. Je pense que tous les amateurs intéressés peuvent se rabattre sans problème sur les Hinderer de la gamme ZT qui sont montés très haut sur le plan qualitatif tout en offrant un rapport qualité/prix qui demeure exceptionnel. Le fait d’acquérir un Hinderer auprès du coutelier reste une démarche d’opportunité et est cohérente avec une activité de collectionneur. Sinon, je suis très content de la qualité homogène de cette pièce que j’estime particulièrement intéressante et j’espère bien lui adjoindre un second XM-24 à profil de lame Spanto.
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Mots-clés : Couteaux Hinderer
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