Couteau Medford Praetorian G
Un énaurme couteau fermant...
C’est aussi un couteau relativement rare et cher qui la prétention d’être un custom alors que l’information dont je dispose sur Medford Knives and Tools, dont les locaux sont domiciliés à Phoenix en Arizona, permet seulement d’envisager une production en série limitée.
Bien sûr les méthodes de production sont de hautes qualités et correspondent bien à la construction d’un couteau haut de gamme. J’ai découvert l’existence du Praetorian sur des forums américains, complètement par hasard, ou d’ailleurs l’évocation de Medford et de son couteau le plus connu semble susciter des réactions indignes de la part de certaines personnes, bordées d’injures et bashing systématique du produit.
En somme des éléments dont je suis par nature très éloigné et pour lesquels je possède une très faible tolérance. Si un débat doit avoir lieu il est de l’intérêt de tous d’y mettre les formes, ensuite cela n’empêche nullement d’émettre une critique bien construite.
Disons, pour faire simple, que le Praetorian doit son nom à l’idée que se fait le concepteur du matériel des prétoriens qui étaient les gardes du corps des empereurs romains à compter de l'instauration du principat par Auguste avec la fameuse préfecture du Prétoire.
Historiquement Medford commet une simplification abusive car la notion de prétoriens et de cohortes prétoriennes existaient sous la République romaine. Disons pour schématiser, que cette historiographie simplifiée permet de dire que le couteau est assez solide pour se mesurer au matériel le plus solide que les Prétoriens pouvaient acheter, élément anachronique et absurde puisque aucun couteau fermant tactique n’a jamais été en dotation à cette époque… !!!
Le Praetorian est essentiellement une sorte de gros fermant tactique destiné à une clientèle nord-américaine de passionnés et de collectionneurs de couteaux à la recherche d’une pièce de plus à mettre dans une collection. L’aspect tactique étant l’explication qui sert à fabriquer un couteau énorme et peu pratique dans le monde réel, en ce qui concerne l’utilisation comme EDC, franchement elle me paraît marginale, et il existe une version compact du couteau beaucoup plus raisonnable.
Le Praetorian mesure fermé 13,50 cm si l’on tient compte de la pointe brise vitre en acier D 2 qui fait sailli à l’arrière du manche, et 23 cm lame déployée. La masse du Praetorian est de 223 grammes. La taille comme la masse rendent improbable l’usage de ce couteau comme EDC.
L’architecture mécanique du Praetorian G/T est assez simple dans la mesure où l’on retrouve un mécanisme du type Reeve Integral Lock (RIL) simplifié. Bien que la platine soit absolument énorme, il n’en demeure pas moins que le framelock doit son élasticité à une découpe unique.
Par ailleurs, sur un ensemble aussi massif on pouvait espérer un système de type Lock Bar Stabilizer. Cette configuration me laissait dubitatif, mais dans la pratique son fonctionnement ne pose aucun problème.
Le verrouillage de l’énorme lame est parfait et de toute évidence, après un an de manipulation, ce couteau est très solide.
Le frame mesure 3 mm et s’engage au moins à 50% sous le talon de la lame. Si le retrait du verrou s’effectue sans difficulté, son caractère massif constitue par lui-même une limitation du débattement susceptible de l’endommager. Le couteau possède une architecture hybride avec une côte en G-10 noir et une platine verrou en titane.
La platine verrou possède une épaisseur de 3mm et il en va de même pour la côte en G-10 noir. On doit noter que Medford produit des Praetorian avec des côtes en titane, et bien que ce couteau soit celui qu’il l’ait fait connaître, sa gamme actuelle est remplie de forts belles réalisations de taille beaucoup plus raisonnable.
Le manche est complété par une entretoise en acier D 2 dont la fonction officielle est de servir de pommeau brise vitre. On peut noter que le tungstène est plus performant pour une telle application. En vérité, la présence d’une entretoise était rendue nécessaire par la structure open frame du couteau, il est indéniable que cette entretoise donne une rigidité optimale au manche. Les dimensions du manche sont parlantes : sa largeur est de 12 mm et sa hauteur à l’aplomb du verrou est de 30 mm et vers l’avant le quillon inférieur atteint 50 mm. Ce quillon inférieur surdimensionné apporte une protection sans faille pour les doigts de l’utilisateur qui ne risquent en aucun cas d’entrer en contact avec le tranchant de la lame.
La platine en titane possède un traitement de surface de type stonewash avec un gris uniforme. Le G-10 possède une surface abrasive qui fait beaucoup pour la prise en main du couteau.
Le crantage monstrueux de la lame et du manche fait que ce couteau est uniquement destiné à des utilisateurs possédant de grandes mains, pour les autres il sera essentiellement blessant
De toute façon votre pouce se souvient longtemps de l’utilisation d’un Praetorian. La meilleure prise en main est celle dans laquelle votre pouce utilise le crantage de la lame qui est moins agressif que celui du manche. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la prise en main de ce gros couteau en fait un outil très maniable qui fait largement oublier sa masse.
La visserie utilisée n’est pas une simple visserie torx mais un système plus complexe qui est, à mon sens, utilisé pour empêcher les démontages intempestifs qui annulent la garantie et il en va de même de l’axe du pivot de la lame.
En un an de manipulations ludiques diverses et variées, le couteau n’a pas bougé.
Le clip en titane est très robuste et bien fini, il autorise sans problème un blocage en poche du Praetorian, mais il est préférable d’utiliser un pantalon en toile épaisse.
La lame monstrueuse qui équipe le Praetorian n’utilise pas un système de stop pin mais un dispositif à la Butch Valloton/Kit Carson dans lequel deux faux thumbstuds viennent s’emboiter dans des usinages ad hoc réalisés dans le titane et le G-10.
Après avoir fait impacter à de multiples reprises mon exemplaire dans des feuillards en carton, je suis en mesure de dire que le calage de la lame est optimal, les deux ergots de calage possède un diamètre de 6 mm, ce qui tend à expliquer les choses…
La lame est réalisée en acier D2, il existe aussi des variantes en CPM-S35VN, mais elles demeurent difficiles à trouver y compris aux Etats-Unis où le couteau se vend très bien.
Le D2 est utilisé avec une dureté de 60/62 RKC assez classique pour une lame utilisant cette nuance.
La lame mesure 100 mm et le tranchant utile lisse est de 95 mm en raison d’une sorte de faux finger choil inutilisable au demeurant.
L’épaisseur de la lame est de 5 mm ce qui commence à faire beaucoup et sa largeur est de 48 à 45 mm ce qui est carrément monstrueux pour un fermant.
L’émouture est réalisée en creux et contrairement à mon impression initiale cette lame coupe très fort et accroche très bien la matière (feuille de papier). Le revêtement noir est du type DLC très résistant à l’abrasion. La lame est parfaitement centrée. Les deux rigoles symétriques de la lame ne sont pas du tout les rigoles anti succion des mythos mais seulement des points d’appuis pour ouvrir le couteau.
Le principe est assez simple : vous utilisez un de vos pouces (de préférence la main droite) pour effectuer une pression très forte et en même temps vous poussez : dans des conditions optimales avec les mains sèches cela fonctionne assez bien, sans fluidité, et seuls des mythos pourront prétendre le contraire.
Par contre avec les mains moites ou mouillées, notamment en cette période de canicule il est quasiment impossible d’ouvrir le couteau d’une seule main… Cela étant dit plusieurs framelocks acier ou titane testés sur la même période ont été mis en difficulté. Celui qui a continué à fonctionner de manière fluide est un Sebenza large 21 que je conservais sous la main.
Cet énorme couteau politiquement incorrect désormais décliné en version Micro est jubilatoire pour le collectionneur que je suis, mais il incarne aussi tout ce que ne doit pas être un couteau tactique destiné à un usage opérationnel c’est-à-dire un couteau lourd comme un âne mort avec un look un peu étrange. En revanche, la qualité de fabrication est bien présente et vous disposez d’un couteau résolument original et atypique…
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