Mai 15 27

Couteau Kizer framelock Ki401B1

Une réalisation chinoise de qualité

  • Currently 4.2/5

Note : 4.2/5 (4 notes)

Kizer est une marque de chinois, mais de chinois de qualité, et en réalité d’une qualité qui apparaît remarquable lorsqu’on prend la peine d’examiner en détail, comme je l’ai fait, un de leurs produits. J’ai jeté mon dévolu sur un possédant deux côtes en et une lame en acier Crucible CPM-S35VN, donc des matériaux de qualité, dont au moins l’acier de la lame est importé des Etats-Unis. Kizer produit des intéressants, dont le positionnement est en quelque sorte médian entre et Zero Tolerance. Après examen, on peut penser que Kizer évite dans la plupart des concepts produits les possédant une connotation trop marquée, à grand renfort de coating noir et de serrations disgracieuses. La tendance est plutôt à des de travail assez puissant, d’une dimension comparable aux framelocks Zero Tolerance les plus récents. On dénote indubitablement l’influence de Rick Hinderer, ne serait-ce que par la présence d’un Lock Bar Stabilizer dont il est l’inventeur. Pour le reste on voit bien que les moyens en termes d’usinage et de finition ont été engagés sans mégotter.

Le testé est un qui utilise un mécanisme Reeve Integral Lock (RIL) complété comme mentionné supra par un système de disque anti-déformation plastique lors des opérations de retrait du verrou pour la fermeture du . L’ajustage de la platine verrou est parfait, le verrouillage est franc et ferme.

Le modèle testé mesure 12 cm lame fermée et 21,10 cm lame déployé, ce qui en fait un assez grand sans être monstrueux pour autant. La masse est de 149 grammes, ce qui reste raisonnable et permet d’envisager un usage comme , même si pour « le politiquement correct » le peut sans doute apparaître un peu trop long…
Kizer possède la particularité d’utiliser pour les travaux de découpe des Wire Electric Discharge Machine (Wire EDM Machine) qui sont des machines de découpage automatisée à contrôle numérique (CNC), ces machines sont assez particulières, car elles sont relativement peu répandue dans l’industrie ou prévaut le découpage par laser ou par jet d’eau. En simplifiant d’une manière assez importante, on peut indiquer qu’il s’agit d’un processus de découpage par arc qui peut s’effectuer avec un refroidissement liquide assez important en fonction de la spécification des machines utilisées. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce procédé plus lent que le découpage par faisceau laser permet normalement, avec une bonne expérience et des personnels qualifiés de produire des pièces dont la tolérance est réduite à 2 microns. Nous sommes dans une gamme de précision d’usinage qui rappel fortement les spécifications données par pour son large 21. Les unités de découpage Wire EDM ne requièrent qu’un personnel assez peu nombreux, mais très bien formé sur le plan technique. Manifestement, l’examen détaillé du de la série des 401 en ma possession va bien dans le sens d’une maîtrise parfaite de cette technologie, avec un contrôle métrologique et des opérations d’ajustages conduites à la main.

Les côtes en 6AL4V usinées en 3D en sont d’ailleurs la traduction parfaite, avec des états de surfaces parfaits, aussi bien pour les zones en creux que pour les zones en relief. Sur le Böker Minos, qui possède aussi des côtes en usinées en 3D, la sensation au touché est beaucoup plus agressive et correspond sans nul doute à un découpage par laser. Les ondulations en du Kitzer permettent une prise en main parfaite, mais sans aucune sensation abrasive…

Les côtes possèdent une épaisseur identique de 3 mm avec des variations qui correspondent seulement au positionnement des « vagues » en . Le verrou s’engage avec une fluidité étonnante, le blocage est parfait et lors de la pris en main, il ne se produit pas d’enfoncement secondaire comme sur certains modèles pourtant nettement plus chers. Le manche possède une épaisseur de 12 mm avec une hauteur maximale de 31 mm : la prise en main convient donc à quasiment toutes les morphologies.

Le a été anodisé pour obtenir une couleur gris foncé dans les zones en creux, tandis que les zones en relief ont subi un traitement, probablement un polissage très soigné qui confère une couleur argenté brillante, bien agréable et loin des poncifs du . Le manche possède une courbure légèrement galbée d’un très grand confort.

Vers l’avant, les côtes en ont été découpées pour constituer un quillon inférieur, ce quillon est lui-même complété mécaniquement par le flipper en position ouverte, l’index est donc très bien protégé. Il existe une seule zone de crantage sur le manche, elle est située sur le dessus en arrière de la rampe crantée de la lame sur environ 1 cm : la combinaison de ces deux zones crantées autorise un positionnement très confortable du pouce pour un appui et un contrôle directionnel faciles lors des travaux de coupe. La visserie torx utilisée sur le manche est de moyen diamètre avec trois vis de chaque côté. Le stop pin est massif, de même que l’axe du pivot de la lame qui possède un diamètre rassurant, en revanche, la visserie utilisée semble avoir été sélectionnée pour décourager les démonteurs intempestifs.



Le clip est en , d’une couleur gris anthracite avec des variations de couleur plus ou moins foncées en fonction de l’éclairage. Ce clip  permet un excellent maintient en poche et il possède deux positions, tip up et tip down. On note que le est livré avec une vis supplémentaire pour le clip.

La lame se déploie au moyen d’un flipper assez grand, dont la partie utile sur le plan mécanique (pour lancer l’impulsion d’ouverture) est crantée, ce qui est une bonne chose. La lame est aussi dotée de deux thumbstuds qui permettent également une ouverture assez facile : il est toutefois bien certain que l’utilisation du flipper est plus ludique !! On note que la lame possède des deux côtés des rondelles en bronze phosphoré, qui permette une ouverture moins fluide qu’un système Ball Bearing ou bien IKBS.

La lame est réalisé en acier CPM-S35VN qui est toujours l’acier utilisé par pour ses fermants, par ailleurs cet acier fait un retour en force chez Zero Tolerance via le modèle 0630 qui est une collaboration avec Ernest Emerson et les modèles 0450 et 0452 qui sont des collaborations avec Dmtry Sinkevitch.

Le CPM-S35VN a été développé en 2009 par Crucible. Les données techniques publiées montrent que le S35VN possède la composition suivante : 1,40% de carbone, 14% de chrome, 3% de vanadium, 0,5% de niobium et 2% de molybdène. Cet acier possède donc des carbures de vanadium, de niobium et de chrome. L'adjonction de niobium permet selon Crucible d'obtenir une résistance accrue de 15 à 20% par rapport au S30V concernant les chocs (sollicitations mécaniques transverses). En revanche, les capacités de coupe des deux aciers données par l'indice CATRA sont identiques avec un indice de 145 (la base 100 est donnée par le 440 C, le test est une opération mécanique de coupe de cartons enduits de silice, dans ce test scientifique le 154 CM obtient seulement un indice de 125!!). Toujours selon Crucible pour des applications de coutellerie, le traitement thermique recommandé doit procurer une dureté comprise entre 58-61 HRC.

La lame possède une géométrie drop point agréable, avec une très légère ceinture recurve, mais pas assez pour compliquer les opérations d’affilage. La lame possède à sa naissance une épaisseur de près de 5 mm, mais avec une décroissance rapide et bien gérée. En outre l’adoption d’une émouture en creux parfaitement réalisée permet l’obtention d’un tranchant très coupant qui fait de ce un véritable Slicer. La lame mesure 90 mm jusqu’au flipper et possède un tranchant lisse utilisable de 82 mm.

Le dos de la lame est intégralement plat malgré un faux contre-tranchant dont le rôle est essentiellement esthétique. On note que hormis le marquage de la marque Kizer et l’acier utilisé, qui sont tous deux des gravures au laser, la mention Made in China figurant du côté droit de la lame est un simple autocollant facile à enlever : il est certain que le fabricant a pris en compte l’impact psychologique de ce marquage et la possibilité de le retirer…

Pour conclure, c’est un d’une qualité supérieure, avec une structure mécanique particulièrement saine, et une capacité de coupe identique aux modèles américains les plus couteux du marché. Bien sûr, il manque encore un dispositif anti-usure sur le frame en , et il conviendrait de remplacer les rondelles en bronze phosphoré par des roulements à bille pour obtenir une ouverture d’une fluidité parfaite ; toutefois, compte tenu du prix et de la qualité générale du il est difficile de vouloir formuler des critiques injustifiées.

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Commentaires

1 -

Guillaume Bonjour !

Voici un couteau bien alléchant sur le papier : matériaux de grande qualité, usinage parfait. C'est la démonstration de la capacité des producteurs chinois à tirer vers le haut leur production.

J'ai cependant deux nuances à apporter, si tu le veux bien.

La première est sur le design, et sur l'ensemble des designs de la marque, c'est quand même très "ressemblant" à ce que produit d'autres marques. Ce n'est pas de la copie ni du faux mais c'est très fortement inspiré. Tu me diras que c'est aussi la force des producteurs chinois de prendre ce qu'il y a de meilleur et de l'adapter.

La seconde observation est sur la mécanique : je déteste les flippers ! Ca fait mal dans les poches, ça s'accroche partout, ça ne rentre pas dans des étuis classiques sur les équipements et le gain de temps à l'ouverture n'est pas flagrant. Mais c'est à la mode...
Enfin, je suis plus réservé que toi sur l'intérêt de complexifié les couteaux soit par un pivot à roulement à billes, soit par un par un dispositif anti-usure du frame.

Si la tête du frame est correctement trempé, il ne s'usera pas ou peu Cf. les Sebenza. Si le montage est fait très sérieusement, des rondelles en bronze phosphoré sont largement suffisantes. Ou en Téflon comme sur le PPT Custom ou les frames de David Lespect. Par expérience, plus il y a de pièces sur un couteau plus on a de "chances" que cela se détériore.

Comme d'hab', c'est un avis à deux cents.

 


Guillaume | Le Mercredi 27/05/2015 à 10:46 | [^] | Répondre

2 - Re:

Darksun

Bonjour Guillaune,

Je suis tout à fait d'accord sur le premier point : les couteaux Kitzer sont fortement inspirés de designs existants, le modèle faisant l'objet de l'article est très proche des réalisations de Rick Hinderer pour ZT, mais sans être totalement identique.

Le mécanisme de déploiement par flipper est essentiellement ludique en ce qui me concerne. En revanche, je ne pense pas qu'il soit indispensable sur un fermant à vocation tactique/professionnelle.

Les systèmes ball bearing ou IKBS se sont répandus d'une manière assez importante : ils sont essentiellement cohérents avec l'ouverture par flipper, ensuite sur la plan de la fiabilité il est certain que l'on introduit un facteur supplémentaire de complexité mécanique...

Oui, en ce qui concerne, pour le frame trempé du Sebenza, j'ai bien noté l'absence d'usure de la pièce, mais j'ai quand même un doute sur les productions industrielles, et même les plus chères....

Je pense que le processus de trempe de l'extrémité du frame est chronophage, et que les industriels voient dans les systèmes anti-usures rapportés un moindre mal.

Plus on augmente le nombre de faiblesse potentielle sur un système mécanique et plus on prend de risque d'aboutir à un ennui pour l'utiisateur.

Sur le fond, je pense que ces éléments sont moins justifiables sur un couteau à usage professionnel que sur un EDC urbain, car même en cas de problème technique, les conséquences seront toujours limitées et pas forcément dramatiques pour un usage EDC "civil". En revanche, il est sûr que pour un couteau à usage tactique sérieux, il est sage d'opter pour les éléments les plus robustes pour une fiabilité optimale.

 


Darksun | Le Mercredi 27/05/2015 à 12:40 | [^] | Répondre

3 - Re:

Guillaume C'est exactement ce que je voulais exprimer mais mieux expliqué !

Guillaume a donné 5 couteaux à Darksun

 


Guillaume | Le Mercredi 27/05/2015 à 12:45 | [^] | Répondre

4 - Mr Darksun..

 encore une decouverte pour moi et tant mieux !
merci pour le CR et les critiques-réponses avec Guilaume

salutations a vous

 


birdy1962 | Le Mercredi 27/05/2015 à 21:23 | [^] | Répondre

5 - Re: Mr Darksun..

Bonjour, je possède 2 Kizer  (Ki3404 et Ki3302F) dont je suis TRES content. Tous 2 ayant une longueur de coupe de 80mm, pour "rebondir" sur le flipper,  je trouve au contraire que les thumbstuds sont en trop sur de "petites " lames et gênent  l'utilisation maximale de la totalité de la lame, et seraient à supprimer n'ayant aucune fonction de blocage , à contrario du flipper qui permet un excellent  verrouillage de l'index. Merci à vos superbes revues.

 


MR88SX | Le Jeudi 28/05/2015 à 12:50 | [^] | Répondre

6 - Re: Mr Darksun..

Je possède ce couteau depuis quelques mois, je l'avais acheté "pour voir" et parce que ces caractéristiques paraissaient intéressantes. La qualité est au rendez vous, tant dans les matériaux employés que dans leur mise en oeuvre, les ajustages sont très bons. 2 défauts pour moi cependant, un d'ordre esthétique, je trouve le flipper trop long, en position ouverte je trouve que ça gache un peu la ligne. Ensuite, je n'arrive pas à obtenir une ouverture franche "qui claque" sans rajouter un mouvement du poignet. La faute à un manque de fluidité d'une part (malgré un démontage nettoyage lubrification) et une rétention un poil trop faible. En dehors de ça, c'est un couteau de qualité, et ça prouve qu'une société Chinoise peut faire des produits équivalents aux standards Européens ou Américains, à l'instar de Reate, autre marque Chinoise orientée haut de gamme.

 


Eric13 | Le Jeudi 28/05/2015 à 16:52 | [^] | Répondre

7 - Re: Mr Darksun..

Darksun

Bonjour,

je suis d'accord sur les observations formulées : l'ouverture manque de fluidité, en fait bien que le flipper soit assez long, il est impossible d'obtenir une ouverture complète sans un léger mouvement du poignet.

C'est pour cette raison que j'estimais qu'un système ball bearing achèverait de compléter un système mécanique déjà très propre.

Je possède 3 couteaux Kitzer, dont deux framelocks. La version que j'ai acheté en 2015 est un Sebenza like, avec une lame tanto disposant d'une émouture plate : tout à fait remarquable.

Les Chinois sont capables de faire de très belles réalisations et on voit bien que les moyens nécessaires sont mis en oeuvre.

 


Darksun | Le Jeudi 28/05/2015 à 17:28 | [^] | Répondre