Couteau Spyderco C185 TIP Farid Mehr K2
Le K2 de Noël
Le second framelock remarquable, et qui fera, je l’espère bien l’objet d’une revue séparée est le Martin Slisz Bowie, à qui nous devons déjà le Techno au sein de la gamme Spyderco.
La sortie simultanée de deux couteaux framelocks à mécanisme RIL et lame Bowie ne peut pas être une simple coïncidence, on peut y voir la volonté d’imposer deux Sebenza Killer. Reste a savoir si les consommateurs vont suivre avec des prix de vente qui se situent dans la marge haute des réalisations de la firme de Golden. A priori, le survol des forums américains dédiés à la coutellerie montre un phénomène d’engouement pour ces deux couteaux, ce qui est déjà un indicateur positif pour la firme de Sal Glesser : il convient de dire que les couteaux vendus aux Etats-Unis ne sont pas pénalisés par une TVA de 20% dont l’impact est dévastateur en Europe…
Le K2 est un couteau de grande dimension, fermé il mesure 139 mm, pour une longueur totale de 254 mm lame ouverte. Sa masse est de 176 grammes soit équivalente à celle d’un super-Commander Emerson, le port en poche reste tolérable.
Le manche possède deux platines en titane, d’une épaisseur de 3 mm chacune. La platine verrou possède un découpage très propre du ressort, le niveau d’exécution est dans le haut de gamme traditionnel du sous-traitant Taïwanais de Spyderco. La platine verrou est doté d’un Lock Bar Stabilizer d’une conception différente de celui imaginé par Rick Hinderer, le disque d’acier est situé à l’intérieur de la platine et prend appui sur le rebord supérieur de la platine verrou pour empêcher un déplacement vers l’extérieur du verrou, qui aurait pour conséquence une déformation plastique irréversible du verrou de titane. Il est bien mentionné dans le dépliant accompagnant le couteau que la prise en main durcie le verrouillage et rend un déverrouillage accidentel quasiment impossible : c’est vrai, c’est un fait je viens de le constater…
Les découpes en forme de serpent au niveau du verrou sont la signature caractéristique de Farid Mehr.
Ce mécanisme est absolument indispensable, parce que compte tenu de la longueur très importante du verrou celui-ci est particulièrement puissant : ce qui est cohérent avec les dimensions massives du couteau et sa vocation outdoor affichée clairement.
Il convient de souligner que sur mon exemplaire que je viens juste de déballer le déverrouillage me paraît très dur : il faudra voir dans le temps, mais compte tenu de la puissance de coupe étonnante de la lame, je préfère un verrouillage de ce type.
La rigidité structurelle du couteau est très bonne, il n’y a pas d’entretoise en G-10 ou en titane, par contre en bout de manche il existe une sorte de pièce en acier intercalé entre les deux côtes en titane qui possède l’apparence d’un doonuts. Cette pièce reçoit une visserie Torx très puissante, dont le diamètre est identique à celui du pivot de la lame. On note la présence d’un stop pin massif et d’un passage dans les deux platines pour y mettre éventuellement une lanière.
Le manche possède une épaisseur de 11 mm, la hauteur du manche est de 35 mm : on peut donc disposer d’un grip excellent à condition d’avoir des mains plutôt grandes. On note l’absence totale de crantage sur l’ensemble du couteau : ce n’est pas surprenant puisque l’énorme manche garantie une ergonomie identique à celle d’un très gros couteau fixe. Observez bien les photographies de prise en main : pour des mains comme les miennes tout va bien, le contrôle du couteau est parfait, en revanche si vous possédez des mains plus petites, le Sebenza Large 21 sera beaucoup mieux adapté à votre morphologie.
Le seul élément dissonant par rapport à la qualité du couteau est le clip standard sypderco, moche et brillant, qui gagnera à être remplacé par un clip custom sur un tel couteau. Au demeurant, c’est un élément scandaleux pour le prix d’achat du K2. On constate toutefois, que le clip en forme de cuillère assure une excellente rétention en poche, ou le couteau se fait très vite oublié malgré ses dimensions et sa masse.
La lame est une géométrie Bowie un peu édulcorée par l’émouture plate intégrale qui possède une épaisseur de 4 mm. Cette lame mesure 110 mm avec un tranchant de 105 mm. La rampe de la lame située derrière le Spyderhole est chanfreinée pour former une surface arrondie lisse ou le pouce exerce une pression très forte, sans aucun inconfort. Le dos de la lame est plat, avec une pointe qui remonte, ce qui est typique du style Bowie. L’épaisseur est très bien gérée, la lame n’apparaît jamais comme fragile. La lame possède une hauteur de 37 mm, ce qui en fait un outil très sérieux.
Pour sa première custom collaboration avec Farid Mehr, Sal Glesser a décidé d’expérimenter un acier, qui sur le plan technologique rentre bien dans la catégorie des super-aciers fortement alliés, le CPM-10V de Crucible. En réalité le 10V date de 1978, mais c’est un acier qui à ce jour n’a jamais été utilisé pour la fabrication de lame. C’est donc un pari audacieux de la firme à l’araignée : ce n’est pas une surprise, Sal Glesser aime relever les défis. Déjà sur l’exceptionnel framelock d’Edd Chemp, le Tuf, il avait utilisé un acier antichoc le CPM-3V (le Spyderco Tuff fera lui aussi l’objet d’une revue dans les colonnes de ce blog).
Le CPM-10V possède la composition chimique suivante : carbone 2,45% ; chrome 5,25% ; vanadium 9,75%, molybdène 1,3%. La présence d’une quantité élevée de carbone donne un tranchant très résistant, dont la puissance de coupe est essentiellement fournie par des carbures de vanadium qui sont très dures et possèdent une résistance exceptionnelle à l’usure. La résilience de cet acier est équivalente à celle du M2HSS.
Cet acier fournit une résistance maximale à l’usure pour une dureté de 60 RKC selon les données fournies par Crucible. Il semblerait que Spyderco ait choisi un traitement thermique portant la dureté à 63 RKC, mais cette information est donnée sur des forums sans documentation technique en support, elle est donc sujette à caution.
Le seul acier issu de la métallurgie des poudres capable de surpasser la résistance à l’usure du 10V est le CPM-15V, toutefois, sa médiocre résilience en fait un acier peu favorable à la réalisation de lame de couteau.
Bien que le CMP-10V (AISI A11) soit supérieur au CPM-S90V il s’agit d’un acier qui n’est pas inoxydable comme le montre son faible titre en chrome. Il est vulnérable à la corrosion comme une lame en acier au carbone. Il va donc nécessiter un entretien rigoureux.
L’émouture plate intégrale donne naissance à un tranchant d’une grande puissance, capable de découper aussi bien la fameuse feuille de papier que les cartons d’emballage les plus solides.
Techniquement, nous sommes bien en présence d’un Sebenza killer, extrêmement solide et disposant d’une lame d’une efficacité supérieure. Pour autant, le Sebenza large 21 possède un retour d’expérience de plus de 20 ans, pour l’instant le K2 n’a aucun retour similaire. En outre, à titre personnel, je déplore l’inconstance de Spyderco sur l’usage des liners anti-usures, certains modèles en sont dotés et d’autres pas sans explications. Je pense que le K2, destiné à des activités plutôt rudes, aurait dû posséder un tel dispositif, mais bon, ce n’est pas non plus une absolue nécessité.
Au final, une réalisation remarquable, dont la lame se déploie de manière tout à fait fluide, avec un fort potentiel de coupe et de robustesse, c’est un couteau tout à fait intéressant qui mérite assez largement d’être acheté, malgré une politique commerciale inflationniste après l’année de pose relative 2013-2014.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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