Couteau Lionsteel Big Daghetta Titanium 2017
Tactical Operation Lock (TOL)
Initialement ce couteau avait tout pour me déplaire puisque je l’avais considéré comme une copie du système Axis Lock avec en plus une lame en acier 440C pas top du tout et des côtes en aluminium à l’ajustage des plus approximatif.
Assez curieusement ce couteau a pris racine avec une évolution vers l’acier D2 que Lionsteel maîtrise à la perfection (de même que le Sleipner assez proche chimiquement, le caractère semi-inoxydable en moins) avec des côtes en G-10. Mais le couteau n’arrivait toujours pas à capter mon attention.
En 2017, une version grand modèle, dite Big Daghetta, a été commercialisée avec un manche en titane : j’ai pris connaissance en détail des spécifications et force est de reconnaître que j’avais grandement sous-estimé cette réalisation technologique.
Le système de verrouillage dénommé TOL pour Tactical Operation Lock n’est pas du tout une copie de l’Axis Lock mais plutôt un précurseur du système Tri Ad Lock d’Andrew Demko.
Techniquement le TOL est une sorte d’hybridation technologique entre un cran forcé et un Lock Back dont le verrou sera actionné au moyen d’un système axial à verrouillage non linéique mais plutôt ponctuel.
Oui je sais, dit comme cela c’est très compliqué en apparence, mais sur le plan de l’ingénierie, c’est quelque chose de très avancé dont Lionsteel avait d’ailleurs envisagé le perfectionnement selon une modalité qui a été commercialisée mais qui semble actuellement abandonnée.
Seul le système TOL de la Daghetta reste dans le circuit en 2017.
Les plans sont inclus dans cette étude parce qu’ils sont très parlant sur le plan mécanique mais ne montre pas le stop pin présent actuellement.
L’évolution 2017 de la Big Daghetta n’a pas été simplement cosmétique puisque le TOL comprend désormais un stop pin qui n’apparaissait pas sur les plans que Lionsteel avait communiqué aux amateurs américains pour montrer l’absence de contrefaçon de l’Axis Lock.
Pour des raisons de choix purement personnelles j’ai opté pour la version titane mais il existe des versions avec des côtes en G-10 moins onéreuses. De mon point de vue la version titane montre la quintessence du savoir-faire industriel coutelier italien et je ne me lasse pas d’admirer mon couteau !!!
La technologie utilisée sur ce couteau est remarquable, mais pas forcément facile à expliciter, disons que le TOL comprend un axe qui comprime un ressort dorsale semblable à un Slip Joint ou même à un Lock back.
La course de l’axe est très courte, sans doute très légèrement inférieure à celle de l’Axis Lock et, en outre, l’axe ne vient jamais au contact du méplat rectiligne usiné au talon de la lame. Le verrou axial entraîne une compression verticale du verrou dorsale qui correspond à la totalité de l’entretoise.
Le retrait du verrou n’entraîne pas la libération de la lame qui reste verrouillée par un slip joint dont il faut forcer manuellement la fermeture.
Les ressorts ne sont pas des ressorts de type Omega comme sur l’Axis Lock et le verrouillage est obtenu par la compression verticale de l’entretoise, compression verticale qui est bien obtenue par une translation linéaire de l’axe. La compression est obtenue sur une surface importante, mais cette surface n’est pas totalement plate ce qui permet de dire que c’est un verrouillage qui est de type ponctuel comme sur le Ball Bearing Lock des Spyderco. Une différence reste en 2017 l’adjonction d’un stop pin massif invisible de l’extérieur qui n’existe pas dans le système Compression Lock ou le talon de la lame vient prendre appui sur l’entretoise métallique.
J’ai testé pendant deux mois mon exemplaire personnel et ce système s’est avéré sans faille : sur le plan de la capacité à verrouiller une lame il offre une prestation équivalente à l’Axis Lock ou au compression lock.
Personnellement, je suis franchement admiratif devant le travail d’ingénierie qui a été réalisé et qui de mon point de vue est l’ultime aboutissement du mécanisme rustique du cran forcé.
Les platines du mécanisme TOL sont concentrées dans la partie supérieure du manche jusque vers l’extrémité du manche. Dans la partie avant du TOL ont dispose d’une organisation mécanique du système de verrouillage qui occupe approximativement un volume similaire à celui d’un Axis Lock, sauf les découpes internes qui sont totalement différentes.
Pour conclure sur le principe de verrouillage TOL, je dirais qu’à lui seul il justifie la présence du couteau dans une collection.
Le manche est composé de côtes en titane d’alliage Ti6 Al4 V de grade 5 que nous connaissons bien. Les côtes possèdent une épaisseur maximale de l’ordre de 4 mm approximativement vers l’avant et l’arrière du manche, l’épaisseur latérale des côtes peut être estimée à 3 mm sur la partie plane la plus saillante. Le titane présente une coloration grise argentée qui est très agréable et s’accorde à merveille avec la lame satinée. Les côtes en titanes ont reçu un usinage en 3D qui rajoute un peu de grip.
Toutefois, cet usinage très propre est assez peu saillant si bien que testé en pleine canicule, il a rendu le couteau glissant (sans être dangereux), et ce phénomène a été accentué par l’aspect rectiligne du manche totalement dépourvu de galbe et très proche du A-100 d’Ernest Emerson.
Je pense que les versions dotées de côtes en G-10 se comportent mieux en pleine chaleur dans la mesure où un essai de prise en main du A-100 s’est avéré positif sur la même période.
L’ajustage du manche est absolument parfait avec une visserie torx de grande qualité.
On doit bien noter que l’énorme entretoise n’est pas seulement un renfort structurel du manche mais un élément central du système de verrouillage de la lame. Juste avant la première vis torx à l’arrière du manche on observe une découpe interne de l’entretoise qui lui confère sa flexibilité inhérente au mécanisme TOL.
La qualité d’ajustage et de finition du manche est très supérieure aux Daghetta d’entrée de gamme. D’une manière générale, le couteau possède des dimensions qui autorisent une prise en main beaucoup plus confortable voire très puissante dans une ambiance à l’hygrométrie normale et autorise donc un usage tactique qui n’est pas seulement fantasmé.
Le manche possède une épaisseur d’un peu plus de 11 mm avec une hauteur de 27 mm. Avec des mains grandes ou moyennes, vous obtenez une excellente prise en main. Les usinages inférieurs en creux des côtes permettent de placer l’index fortement replié sur le manche, ce qui est une très bonne chose eut égard à l’absence de vrai quillon inférieur : certes, la partie correspondante est légèrement crantée par sécurité mais demeure insuffisante pour empêcher un dérapage du doigt vers la lame. La bonne position est donc de plaquer l’index contre le manche, la préhension est alors très bonne.
Le clip est en acier et paraît réversible mais je ne l’ai pas démonté. Il est de bonne qualité et assure un blocage très honorable du couteau sur le rebord de votre poche de pantalon. Une finition bronzé eut été plus discrète selon moi, mais disons qu’il existe au moins une certaine cohérence avec l’ensemble du couteau.
La lame est réalisée en acier D2 avec une dureté annoncée comprise entre 60-61 RKC environ ce qui est la norme pour cet acier semi-inoxydable de grande qualité. La lame mesure 94 mm pour un tranchant lisse utile de 88 mm. L’épaisseur de la lame est de 3 mm et sa hauteur est de 25 mm ce qui en fait un outil très puissant.
La géométrie de la lame est une variation sur le thème du Spear Point, toutefois, l’examen attentif de la lame montre que les côtés sont asymétriques contrairement à une première apparence trompeuse et que l’on est en fait en présence d’un Drop Point modifié pour être plus tendu. Ce profil est très polyvalent et l’émouture en creux de cette lame en fait un instrument tranchant d’une parfaite efficacité. Le tranchant de mon exemplaire est terrible c’est pour cette raison que j’ai insisté sur les modalités de la prise en main sécurisée.
Le dos de la lame est arrondi, sur le dessus du manche il existe une zone crantée correspondant aux platines du TOL qui assez peu marqué, le pouce vient trouver appui entre cette zone et le thumbstdud en titane vissé sur le dos de la lame.
La Daghetta d’origine souffre d’un défaut majeur qui est l’absence de fluidité de l’ouverture en raison de la puissance du système de verrouillage y compris en position fermée où l’on retrouve la dureté d’un Lock Back très puissant. Sur la version étudiée ce défaut a été corrigé au moyen d’un système IKBS, qui a défaut d’être ultra fluide permet une ouverture à une main facile. On remarque toutefois la présence d’un lubrifiant sec de couleur bronze.
Franchement, la conclusion de cette étude est que la Big Daghetta Titanium est une parfaite réussite technologique, avec une touche de baroque et d’exotisme pour le système de verrouillage qui intrigue beaucoup. La pointe en tungstène brise vitre a été testée avec succès, ce couteau est donc dans son ensemble un système parfaitement opérationnel avec une qualité de réalisation très haut de gamme.
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Mots-clés : Couteaux Lionsteel
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