Mars 15 21

Couteau LionSteel Molletta SR-1 G 2014

Full Titanium Framelock

  • Currently 4.8/5

Note : 4.8/5 (4 notes)

La Molletta de Lion Steel est un apparu il y environ 4 ans. Ce innovant fut d’abord produit et commercialisé sous la forme d’une série limitée numérotée de grande qualité. On pouvait penser que ce était produit pour démontrer les capacités technologiques remarquables de la firme italienne, en revanche il était difficile de dire dans quelle mesure, le produit deviendrait une production de série. Maintenant, avec une information rétroactive on sait que le produit a rencontré un immense succès auprès des amateurs de beaux en Europe aussi bien que sur le marché américain. Ce succès bien mérité, m’a conduit à acquérir une version possédant un manche en Ergal et une lame en D2 (SR-1A) dont une revue a été faite sur ce blog. C’est donc tout naturellement que je propose une évaluation de la version originale. J’ai jeté mon dévolu sur une version SR-1G c’est-à-dire Titanium Gray avec le fameux manche intégral en et je dois avouer que je suis bluffé par la qualité de réalisation de ce , qui est sans conteste l’un des concurrents européens du , sans en être pour autant une imitation servile.
 

La Molletta SR-1G est livrée dans un petit coffret en bois avec un clip et un outil permettant de resserrer la visserie de l’axe du pivot de la lame dont est pourvu le et de mettre à poste le fameux clip de poche. Une présentation luxueuse qui indique clairement un vrai respect du consommateur !!

Le mesure 11,7 cm fermé pour une longueur totale de 21 cm lame déployée (en tenant compte de la vis située en bout de manche pour la fixation du clip). La masse est conséquente puisque, malgré l’usage du , on obtient 189 grammes. Il est important de dire qu’en dépit de ce poids, la Molletta est un parfaitement bien équilibré, si bien que lors de la prise en main la masse se fait assez sensiblement oubliée, en poche c’est tout de même une autre question !!!

Une des singularités de ce grand est sa poignée monolithique usiné dans une seule pièce en , une technologie qui n’est pas triviale quand on imagine la complexité des opérations d’usinage qui ne sont rendues possible que par un parc de machines outil permettant l’utilisation de gabarit en 3D. Cet usinage est d’autant plus remarquable que c’est le concept de la poignée monobloc qui fait de la Molletta un au design et à la prise en main unique dans la production coutelière actuel.

L’organisation du dispositif de verrouillage est une utilisation du système Integral Lock, mais ce dernier est assez largement perfectionné. Le verrou en possède deux innovations majeures qui sont d’une part le fameux manchon en acier trempé qui vient coiffer la partie en venant au contact du talon de la lame, ce système sophistiqué fait que l’interface lame/frame est totalement assurée par un système en acier, ce type d’interface est aussi utilisé chez Zero Tolerance sur des modèles très haut de gamme, mais si l’on revient sur la chronologie des évènements il semble bien que cela soit qui ait initié cette technologie.

La plupart des framelocks modernes se contente encore de liners de renfort anti-usure fixés sur la face interne du frame en , chez Zero Tolerance et chez , et plus récemment chez Böker Plus avec le Vox F3 très réussi d’ailleurs.

Personnellement, je suis chaudement partisan de l’utilisation de dispositif anti-usure sur les verrous en et j’estime que la configuration mécanique utilisée sur la Molletta est l’une des meilleurs que l’on puisse concevoir. Le manchon est fixé au moyen de deux vis torx traversière de petit diamètre (diamètre plus petit que celui du  système utilisé chez ZT, mais similaire aux montages effectués chez ). La seconde spécificité est la mise en œuvre d’une pièce circulaire qui rappelle le Lock Bar Stabilizer de Rick Hinderer, mais dans ce cas précis le dispositif a été perfectionné pour constituer un verrou secondaire qui vient bloquer le frame en position ouverte : le dispositif est simple à actionner, il suffit de faire tourner le bouton circulaire dans le sens des aiguilles d’une montre. Le déverrouillage se produit par une giration de la pièce dans le sens opposé. Bien sûr ce disque en acier sert aussi de dispositif anti-déformation du frame en .

En effet, si lors du désengagement du frame l’utilisateur utilise une trop grande force, le débattement obtenu d’entraîner une déformation plastique irréversible de l’alliage de : le verrou ne sera plus en condition opérationnel. C’est pourquoi, le système de Rick Hinderer est repris sur les fermants tactiques possédant un système de verrouillage surpuissant, c’est notamment le cas pour le très impressionnant Farid K-2 de .



Il va s’en dire que l’engagement du verrou est franc et puissant et qu’il n’existe aucun jeu latéral ni vertical de la lame, par ailleurs l’engagement du verrou est stable, c’est-à-dire que la prise en main du n’aboutit pas à un enfoncement supplémentaire du verrou.

La poignée est usinée en 3D avec des nervures latérales qui combinées avec la protrusion inférieure en bout de manche fournissent une ergonomie excellent, on dispose d’une prise en main qui permet réellement d’exercer une grande force lors des travaux de coupe. La partie centrale du manche a été percée de 6 découpes circulaires qui possèdent essentiellement un aspect esthétique venant briser la monotonie d’une telle poignée, l’allégement obtenu ne paraît nullement significatif. La finition satinée grise/ provient d’une anodisation réalisée avec soin. La teinte homogène argentée est flatteuse et se démarque totalement de la finition des tactiques habituels.

Le manche possède une épaisseur de 11 mm, sa hauteur est de 31 mm au centre, l’avant du manche a été découpé pour former un quillon inférieur qui joue parfaitement sa fonction.

La lame est particulièrement massive avec une épaisseur de 5 mm, son dos est plat usiné en arrondi, à l’exception d’une courte rampe cranté en arrière des thumbstuds, où le pouce trouve un appui sans faille.
L’acier utilisé est peu courant, il s’agit de l’acier Sleipner avec une dureté de l’ordre de 60/61 RKC. A bien des égards, il est possible de dire que le Sleipner serait une variante du D2 dont le caractère semi-inoxydable aurait été supprimé en diminuant de manière drastique le titre en chrome. En théorie, cette diminution est de nature à faciliter l’entretien du tranchant.

Sa composition chimique est fournie par Uddeholm, cet acier comprend : carbone : 0,9% ; manganèse : 0,5% ; chrome : 7,8%, molybdène : 2,5%, vanadium : 0,5%. Les explications fournies par l’aciériste indiquent que le Sleipner est destiné à remplacer le D2 classique en fournissant une plus grande résistance provenant de la diminution importante du chrome. Cet acier très coupant, est moins cassant que le D2 lorsqu’il est sollicité lors d’application industrielle. On peut penser que la lame est plus solide que le D2 et sans doute plus facile à affiler, mais cette lame est susceptible de rouiller et devra être nettoyée et entretenue avec soin. Le pouvoir de coupe est en revanche considérable, et paraît meilleur que celui du D2.

La lame de profil Drop Point possède une émouture plate aboutissant à un tranchant redoutable d’origine, d’une efficacité formidable sur les cartons de toute nature. Elle mesure 90 mm, avec un tranchant de 87 mm environ. Le travail de polissage de la lame est irréprochable et fourni une finition satinée homogène. Bien sûr il sera prudent de nettoyer cette lame après chaque usage, et de lui adjoindre un peu de WD-40 en condition de stockage pour s’assurer de l’absence de corrosion.



Au final, donc une très belle réalisation italienne, qui vient concurrencer le meilleur de la production américaine. En outre nous sommes dans un contexte où l’euro subit une forte baisse par rapport au dollar, ce qui fait que les américains de même niveau seront mécaniquement plus chers, la Molletta devient donc un choix aussi judicieux sur le plan financier que sur le plan technologique.

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Commentaires

1 - Couleurs du titane

Bravo pour cet excellent article !
Effectivement, ce couteau a tout pour plaire, sauf aux forces de l'ordre... A n'utiliser qu'en pleine nature ou chez soi, pas dans les musées, aéroports, métro...
Le mien a un manche en titane mauve-violet, mais cette couleur ternit et se ravive selon l'humidité et la chaleur. Ce phénomène est typique des anodisations colorées sur le titane.
Etant d'un naturel inquiet, j'avais contacté pour savoir s'il était possible d'obtenir des pièces de rechange (pièces d'usure, clip...) et la réponse fut "oui" ! J'ai donc commandé et reçu les kits pour SR-1 et SR-2 et, à part le manche, la lame et l'axe de la lame, toutes les pièces composant le couteau sont dans ces kits. Ce n'est pas toujours le cas des autres fabricants, mais peut-être sont-ils échaudés par l'expérience de Buck avec son Titanium entièrement démontable de la fin des années '80...

 


Patrick | Le Mardi 24/03/2015 à 14:01 | [^] | Répondre

2 - Re: Couleurs du titane

Darksun

Bonjour Patrick,

merci pour le sympathique mail. C'est certain le couteau n'est pas adapté à une fonction EDC, je crois qu'il existe déjà une version mini beaucoup plus raisonnable!!!

Merci pour l'info concernant les pièces détachées, personnellement j'étais sûr que l'arhitecture modulaire choisie par Lion Steel permettait le remplacement du système anti-usure.

C'est en fait une très bonne chose sur le plan commercial.

Pour l'instant la couleur blanc argenté de mon exemplaire ne bouge pas, il est fort possible que les nuances chatoyantes soit plus vulnérable, même si cela reste relatif.

Le Buck Titanium était une bonne idée, mais sans doute mal exécutée, à ma connaissance ce couteau à rencontré un succès très mitigé y compris sur le marché américain.

 


Darksun | Le Mardi 24/03/2015 à 14:37 | [^] | Répondre

3 - Re: Couleurs du titane

Non, le Buck démontable était génial, mon épouse le trimballe dans son sac depuis plus de 25 ans... Mais je ne vais pas continuer ici, je suis hors sujet...

 


Patrick | Le Mardi 24/03/2015 à 17:23 | [^] | Répondre

4 -

On voudra bien pardonner la question d'un utilisateur lambda qui n'a pas l'expérience qu'ont la plupart d'entre vous. Sur un point évoqué dans cet essai, en élargissant à la fiabilité dans le temps des framelocks : en dehors des éventuelles malfaçons, défauts de trempe du verrou, etc., est-ce qu'il y a beaucoup de retours d'usure, de fatigue, de jeu dans le temps ? Dans ce cas, est-ce qu'il y a des constantes, conception, métal utilisé ... ? Ceci sur des couteaux de bonne qualité bien sûr.

Jimmy

 


JimmyP | Le Mercredi 08/04/2015 à 10:38 | [^] | Répondre

5 - Re: la problématique du titane

Darksun Bonjour,

en fait ce n'est pas une question de néophyte. Et je reprend une partie de mon argumentation que j'ai développé lors de la revue du Sage-3, auquel je te renvois car il y al'image d'un frame avec un début d'usure considérable.

Le titane est souvent présenté comme un matériau miracle, ce qui n'est pas le cas.
 
Dans la pratique, il permet un gain de masse susbtantiel par rapport à l'acier avec des qualités mécaniques trés satisfaisantes.

La dureté du titane brut (non travaillé) dont la dureté RKC (ou plutôt HRc pour les puristes) est de l'ordre de 27 à 28.

Mais déjà à l'état brut le titane possède une dureté Vickers (HV) significative. Cette dureté est calculée d'après une mesure de l'empreinte d'une pyramide en diamant à base carrée, on considère que cette dureté mesure une résistance à l'abrasion. 

Pour le titane brut cette dureté est de HV 280. Après traitement thermique, un alliage de titane de type 6Al4V grade 5 utilisé pour la fabrication des framelocks est alors de HV 369.

Le grand intérêt de cet alliage est qu'il peut être trempé, ce qui lui donne une trés grande résistance à l'abrasion/érosion qui est normalement la cause majeure d'usure sur un framelock dont le liner possède une géométrie correcte le Sebenza est un modèle du genre, avec une platine parfaite et un bout de verrou trempé.

Toutefois, si le verrou du Sebenza est trempé, cela n'est pas le cas de la majorité des framelocks industriels : en tout cas cette information ne fait l'objet d'aucune publicité : cela incite donc à la prudence.

Donc oui, il existe bien des cas documentés d'usure du frame en titane : si cela n'était pas le cas les marques importantes comme ZT ou Sypderco n'auraient pas étudié des dispositifs antisusure.

Chris Reeve lui-même travaille sur une interface ou le contact direct du titane est remplacé par une interface qui est une bille en céramique technologique.

Maintenant, je possède un assez grand nombre de framelock titane sans dispositif antiusure et je n'ai pas constaté de problème, pas plus qu'avec mes couteaux Emerson dont les platines sont en titane et qui subissent la contrainte considérable de l'ouverture cinétique Wave.

Bien sûr mon expérience personnelle n'est pas un exemple absolu, mais l'on peut aussi considérer la manière de se servir du couteau : à utilisation brutale, usure brutale...

Enfin, il est possible de vaincre le problème de l'usure du titane par la projection d'un dépôt en carbure de tungstène sur la face du frame venant au contact du talon de la lame : cela se fait en coutellerie custom, il semblerait que Benchmade ait tenté une solution de ce type sur son fermant tactique 2015 Vicar.

Ensuite, l'utlisation d'un titane de grade 7, qui débute en coutellerie custom est réputée éliminer les problèmes d'usure.


 


Darksun | Le Mercredi 08/04/2015 à 12:18 | [^] | Répondre

6 - Re: la problématique du titane

 Synthèse parfaite, bel article, grand merci. J'avais lu pas mal de choses sur le sujet, la dureté, la résistance à l'abrasion and so on, je me demandais si en pratique ces questions d'usure étaient de l'ordre de la crainte ou du fantasme. 

Jimmy

 


JimmyP | Le Mercredi 08/04/2015 à 12:42 | [^] | Répondre

7 - Mr Darksun..

 Merci pour cette revue complete de ce joli couteau.
Personnellement, au point de vue esthetique....je n'aime pas le "Lock Bar Stabilizer de Rick Hinderer" et le dispositif anti-usure. Point de vue mécanique, je comprend leurs utilités et approuve.
Comme dit aussi, l'usinage en 1 piece de ce manche est un defi technologique que tout le monde peut pas faire.
le clip et l'outil de serrage dans la boîte est sympa...mais j'y aurais rajouté la piece anti-usure, quitte a rajouté 10.- sur le prix total du couteau.

Salutations

 


birdy1962 | Le Jeudi 09/04/2015 à 09:36 | [^] | Répondre