Couteau LionSteel Molletta SR-1 G 2014
Full Titanium Framelock
La Molletta SR-1G est livrée dans un petit coffret en bois avec un clip et un outil permettant de resserrer la visserie de l’axe du pivot de la lame dont est pourvu le couteau et de mettre à poste le fameux clip de poche. Une présentation luxueuse qui indique clairement un vrai respect du consommateur !!
Le couteau mesure 11,7 cm fermé pour une longueur totale de 21 cm lame déployée (en tenant compte de la vis située en bout de manche pour la fixation du clip). La masse est conséquente puisque, malgré l’usage du titane, on obtient 189 grammes. Il est important de dire qu’en dépit de ce poids, la Molletta est un couteau parfaitement bien équilibré, si bien que lors de la prise en main la masse se fait assez sensiblement oubliée, en poche c’est tout de même une autre question !!!
Une des singularités de ce grand couteau est sa poignée monolithique usiné dans une seule pièce en titane, une technologie qui n’est pas triviale quand on imagine la complexité des opérations d’usinage qui ne sont rendues possible que par un parc de machines outil permettant l’utilisation de gabarit en 3D. Cet usinage est d’autant plus remarquable que c’est le concept de la poignée monobloc qui fait de la Molletta un couteau au design et à la prise en main unique dans la production coutelière actuel.
L’organisation du dispositif de verrouillage Framelock est une utilisation du système Chris Reeve Integral Lock, mais ce dernier est assez largement perfectionné. Le verrou en titane possède deux innovations majeures qui sont d’une part le fameux manchon en acier trempé qui vient coiffer la partie en titane venant au contact du talon de la lame, ce système sophistiqué fait que l’interface lame/frame est totalement assurée par un système en acier, ce type d’interface est aussi utilisé chez Zero Tolerance sur des modèles très haut de gamme, mais si l’on revient sur la chronologie des évènements il semble bien que cela soit Lion Steel qui ait initié cette technologie.
La plupart des framelocks modernes se contente encore de liners de renfort anti-usure fixés sur la face interne du frame en titane, chez Zero Tolerance et chez Spyderco, et plus récemment chez Böker Plus avec le Vox F3 très réussi d’ailleurs.
Personnellement, je suis chaudement partisan de l’utilisation de dispositif anti-usure sur les verrous en titane et j’estime que la configuration mécanique utilisée sur la Molletta est l’une des meilleurs que l’on puisse concevoir. Le manchon est fixé au moyen de deux vis torx traversière de petit diamètre (diamètre plus petit que celui du système utilisé chez ZT, mais similaire aux montages effectués chez Spyderco). La seconde spécificité est la mise en œuvre d’une pièce circulaire qui rappelle le Lock Bar Stabilizer de Rick Hinderer, mais dans ce cas précis le dispositif a été perfectionné pour constituer un verrou secondaire qui vient bloquer le frame en position ouverte : le dispositif est simple à actionner, il suffit de faire tourner le bouton circulaire dans le sens des aiguilles d’une montre. Le déverrouillage se produit par une giration de la pièce dans le sens opposé. Bien sûr ce disque en acier sert aussi de dispositif anti-déformation du frame en titane.
En effet, si lors du désengagement du frame l’utilisateur utilise une trop grande force, le débattement obtenu risque d’entraîner une déformation plastique irréversible de l’alliage de titane : le verrou ne sera plus en condition opérationnel. C’est pourquoi, le système de Rick Hinderer est repris sur les fermants tactiques possédant un système de verrouillage surpuissant, c’est notamment le cas pour le très impressionnant Farid K-2 de Spyderco.
Il va s’en dire que l’engagement du verrou est franc et puissant et qu’il n’existe aucun jeu latéral ni vertical de la lame, par ailleurs l’engagement du verrou est stable, c’est-à-dire que la prise en main du couteau n’aboutit pas à un enfoncement supplémentaire du verrou.
La poignée est usinée en 3D avec des nervures latérales qui combinées avec la protrusion inférieure en bout de manche fournissent une ergonomie excellent, on dispose d’une prise en main qui permet réellement d’exercer une grande force lors des travaux de coupe. La partie centrale du manche a été percée de 6 découpes circulaires qui possèdent essentiellement un aspect esthétique venant briser la monotonie d’une telle poignée, l’allégement obtenu ne paraît nullement significatif. La finition satinée grise/titane provient d’une anodisation réalisée avec soin. La teinte homogène argentée est flatteuse et se démarque totalement de la finition des couteaux tactiques habituels.
Le manche possède une épaisseur de 11 mm, sa hauteur est de 31 mm au centre, l’avant du manche a été découpé pour former un quillon inférieur qui joue parfaitement sa fonction.
La lame est particulièrement massive avec une épaisseur de 5 mm, son dos est plat usiné en arrondi, à l’exception d’une courte rampe cranté en arrière des thumbstuds, où le pouce trouve un appui sans faille.
L’acier utilisé est peu courant, il s’agit de l’acier Sleipner avec une dureté de l’ordre de 60/61 RKC. A bien des égards, il est possible de dire que le Sleipner serait une variante du D2 dont le caractère semi-inoxydable aurait été supprimé en diminuant de manière drastique le titre en chrome. En théorie, cette diminution est de nature à faciliter l’entretien du tranchant.
Sa composition chimique est fournie par Uddeholm, cet acier comprend : carbone : 0,9% ; manganèse : 0,5% ; chrome : 7,8%, molybdène : 2,5%, vanadium : 0,5%. Les explications fournies par l’aciériste indiquent que le Sleipner est destiné à remplacer le D2 classique en fournissant une plus grande résistance provenant de la diminution importante du chrome. Cet acier très coupant, est moins cassant que le D2 lorsqu’il est sollicité lors d’application industrielle. On peut penser que la lame est plus solide que le D2 et sans doute plus facile à affiler, mais cette lame est susceptible de rouiller et devra être nettoyée et entretenue avec soin. Le pouvoir de coupe est en revanche considérable, et paraît meilleur que celui du D2.
La lame de profil Drop Point possède une émouture plate aboutissant à un tranchant redoutable d’origine, d’une efficacité formidable sur les cartons de toute nature. Elle mesure 90 mm, avec un tranchant de 87 mm environ. Le travail de polissage de la lame est irréprochable et fourni une finition satinée homogène. Bien sûr il sera prudent de nettoyer cette lame après chaque usage, et de lui adjoindre un peu de WD-40 en condition de stockage pour s’assurer de l’absence de corrosion.
Au final, donc une très belle réalisation italienne, qui vient concurrencer le meilleur de la production américaine. En outre nous sommes dans un contexte où l’euro subit une forte baisse par rapport au dollar, ce qui fait que les couteaux américains de même niveau seront mécaniquement plus chers, la Molletta devient donc un choix aussi judicieux sur le plan financier que sur le plan technologique.
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