Couteau Sog Twitch XL
Un folder qui affiche les paradoxes de ses qualités
C'est avec une certaine appréhension que je vous propose ma première revue sur ce blog. En effet, si je suis utilisateur/amateur de couteaux depuis quelques décennies, je n'ai pas la compétence (je dirais même virtuosité!) technique, ni les connaissances en matière de diversité des styles, marques et modes de fabrication des couteaux "tactiques" qu'ont une bonne partie des membres de ce blog. Mais, je sais aussi que ce qui prime ici, c'est une curiosité bien placée pour les intérêts, goûts et pratiques des autres en matière de couteaux .
Les couteaux que je serai peut-être amené à vous présenter sont avant tout, pour moi, des outils "simples", abordables, certainement archi-connus de vous tous, dont j'aime particulièrement le contact et la présence au quotidien (aspect très important!), qui répondent à mes divers besoins, et me séduisent par certains aspects. C’est donc, à la fois à une présentation «technique» et, surtout, du plaisir que j’en ai à l’usage, avec toutes leurs limites, que je me livrerai.
C'est le cas du Sog Switch XL que j'utilise depuis début mai 2014 et dont j'ai vu qu'il n'y avait pas de revue lui étant consacrée sur le blog. J'ai acheté ce pliant environ $ 70 dans une petite armurerie de quartier à Chicago. C’est le fait d’être un utilisateur invétéré, quasiment quotidien et pleinement satisfait, depuis plus de 6 ans, de son petit prédécesseur, le Twitch II, qui m’a incité à l’achat de ce modèle XL. J'avoue qu'à l'époque j'avais été un peu déstabilisé par 2 points : le look très "tactique" de la lame et le côté très "carré"/rectiligne du manche, moi qui apprécie les lignes plus élancées/épurées.
Avec ces séries, il est difficile de ne pas faire une revue sans établir quelques comparaisons avec les autres modèles de la gamme. Il en sera donc ainsi entre le modèle intermédiaire, le Twitch II (je n’ai jamais eu en main le Twitch I ni le Blink) et ce modèle XL, d'autant plus que je possède les deux en versions similaires. Seules changent les dimensions mais pas seulement, on le verra, et, par voie de conséquence, les profils d'utilisation et l'affectation dans l'EDC. Le catalogue Sog présente ces deux modèles dans les mêmes déclinaisons: lame lisse ou avec serrations, satinée ou avec revêtement black Tini, avec manche noir, finition graphite, ou même en bois de rose qui leur confère un aspect plus "gentleman folder". La seule différence notable entre les deux séries est la présence d'un Twitch XL tanto, au look encore plus tactique que le mien.
Les deux modèles que je possède ont en commun d'appartenir à la même nomenclature de présentation : Satin/Drop Point/Straight/manche finition graphite.
D'une dimension totale ouverte de 19,05 cm (15,75 pour le Twitch II) et d'un poids de 120 gr (74 gr pour le Twitch II), le Twitch XL présente, pour moi (donc avis à 2 cents!), les caractéristiques idéales de l'EDC urbain : tout métal, présence en poche, sans peser un "âne mort", longueur optimale et polyvalence. La discrétion est d'autant plus effective que le clip, en acier mat et ferme, de 5 cm de longueur pour 0,9 cm de largeur, permet un véritable "deep carry", chose pas si courante aujourd'hui mais uniquement en "tip-up", des deux côtés du manche. Ce clip, dont ma seule critique s'adresse au sigle "Sog" qu'il arbore en-dehors de la poche/ceinture, est fiché bien en bout et au centre des plaquettes métalliques qui constituent le manche.
Le manche
Le manche du Twitch XL, comme celui du Twitch II et des deux autres plus petits modèles, est en aluminium anodisé 6061-T6, en finition graphite du plus bel effet.
Quand j’ai acheté le Twitch II, je craignais les rayures avec ce type de revêtement particulièrement soyeux et sensuel, il faut le dire ! Mais 6 ans après, il n’en est rien. C’est du solide pour un usage régulier et quotidien ; il y a bien quelques petites rayures, mais il faut les chercher à la loupe. Aucun jeu lattéral ou vertical entre la lame et le manche jusqu’à maintenant pour les deux modèles. Bon, il faut dire que je ne suis pas un bourrin avec mes quelques lames, je les utilise pour ce qu’elles ont vocation à faire (piquer, couper, trancher) et je les bichonne régulièrement .
Comme je l’évoquais plus haut, ce manche tout métal de 10,8 cm (9,02 cm pour le Twitch II), qui concentre l’essentiel du poids du couteau, est constitué d’un ensemble de plaquettes métalliques qui intègrent en leur centre le système d’assistance à l’ouverture SAT pour SOG Assisted Technology, propre à la série des Twitch. Si j’écris des âneries, merci de me corriger, de m’expliquer et d’apporter des compléments !
D’ailleurs, le système flipper-ressort-lockback-verrou de sécurité occupe l’essentiel de l’épaisseur du manche, d’où la succession de lames métalliques entre les 2 plaquettes d’aluminium, pas moins de 5 en bout de manche dans lesquelles s’intègre le clip. Si le tout, comme de coutume chez Sog, est parfaitement et solidement ajusté (assemblé aux USA), aligné, poli, et chanfreiné, un vrai régal pour les mains, le revers de la médaille est une propension à amasser les poussières et la crasse !
Du reste, une chute de ce couteau dans de la terre sablonneuse fine et bien humide, alors que je faisais quelques greffes et boutures avec, m’a confirmé, à jamais, la vocation fondamentalement urbaine du Twitch XL. Bonjour la galère pour le nettoyage ! C’est assez regrettable, car la forme assez “carrée”/rectiligne du manche, que j’appréhendais un peu au début, assure une préhension particulièrement ferme, confortable et d’autant plus sécurisée que les doigts sont parfaitement protégés par la courbe supérieure du manche et le généreux quillon que forme le flipper une fois qu’il a fait son office. Ce quillon et cette courbure compensent le fait que le manche en aluminum anodisé est totalement lisse, dépourvu de quelque grip que ce soit.
Système SAT d’ouverture assistée
Je ne peux pas terminer cette évocation du manche sans partager le plaisir que représente l’ouverture assistée de ce pliant, même si je ne suis pas un fan de ce sytème.
Imaginer un couteau au poids raisonnable, bien vertical en poche, par effet d’inertie et en position “tip-up”. A la sortie du couteau, le manche vient se placer naturellement dans la paume de la main, le pouce et le majeur se positionnent des deux côtés (le majeur venant en butée sur le bout du clip) alors que la pointe de l’index agrippe nonchalament le flipper cranté et bien dimensionné qu’il actionne sans effort, presque dans la foulée.
La lame jaillit véritablement, émettant un “clac” net et franc du plus bel effet! Pour achever la préhension, le pouce vient se placer le plus naturellement possible dans le creux en haut du manche aménagé pour le passage du flipper devenu quillon. C’est une expérience particulièrement jouissive , pour qui se trouve en situation d’avoir véritablement besoin d’un couteau à ouverture une main fiable et rapide. Du reste, Sog informe du caractère addictif de ce type d’ouverture assistée. En 6 ans, l’ouverture de mon Twitch II qui dispose, comme tous les autres modèles de la série, du même système SAT, n’a jamais été prise en défaut.
Revers de la médaille, s’il est possible de fermer le Twitch II d’une main (à cause de sa petite taille), le recours aux deux mains est incontournable avec le XL. Le lockback; qui peut être verrouillé en mode fermeture comme en mode ouverture par un cran de sécurité, ne fait que libérer le ressort du système. Après, on sent parfaitement la tension d’un ressort qui justifie l’usage de l’autre main pour replier la lame. Bien sûr, les plus téméraires peuvent toujours essayer de le refermer d’une main... mais c’est tellement laborieux et risqué qu’il vaut mieux s’y prendre à deux mains... encore pleines de doigts .
La lame
Si elle n’est composée “que” d’acier AUS 8, comme celle du Twitch II et autres modèles, la lame de 82,6mm de longueur du Twitch XL (67,3mm pour le Twitch II), a un tranchant utile de 81mm, ce qui est un ratio plus que satisfaisant ! Elle pique et coupe fort, très fort même. Son pouvoir de coupe vient probablement de son émouture creuse et relativement haute, d'une gestion de l'épaisseur de base de 3,2 mm qui va en s'amincissant à partir de son premier quart pour terminer très fine en pointe, et de la force d’inertie du poids de l’outil concentré dans le manche.
Joliment satinée, quoi qu’un peu brillante à mon goût, et de profil drop point, elle se montre particulièrement sobre en informations : sigle SOG Twitch XL en recto et Pat. 6,941 etc en verso.
Quelqu’un peut-il me dire ce que signifie ce chiffre que l’on retrouve aussi à l’identique sur le Twitch II ?
Si les deux thumbstuds représentent une alternative pour ouvrir le Twitch II, en revanche ils ne servent à rien sur un couteau comme le Twitch XL dont l'ouverture assistée présente un ressort d'une telle tension, à moins, qu'agissant comme butées, ils ne limitent les risques de casser le fil de la lame sur le bloc ressort-lockback.
La légère courbure, en haut de la lame, la présence d’un faux contre-tranchant fin et long, ainsi que l’écart important entre le quillon et le fil de la lame, dont la pointe se trouve dans l’axe du couteau, lui confèrent un aspect tactique particulièrement “piquant” qui ne sacrifie en rien à l’esthétique.
Elle est livrée "rasoir" à la sortie d’emballage et son tranchant est facile à maintenir avec un AUS 8 bien maîtrisé par Sog. Deux ou trois allers/retours sur la céramique et le cuir suffisent à assurer son pouvoir de coupe impressionnant pour des activités "classiques", s'entend : saucissonner, couper des fruits, confectionner un casse-croûte, ouvrir des paquets, couper des feuillards plastique, carton, ficelles et cordes, réaliser des greffes dans le jardin ou couper des tiges en vue de bouturage...
Ça coupe nickel et sans bavures! En revanche, pas commode d'étaler des rillettes ou du pâté avec un profil aussi pointu. Et c'est bien ce profil qui me gêne un peu, du point de vue "social", de la part d’un pliant inséré dans une gamme à vocation «urbaine». En effet, si, de part sa petite taille, son élégance, une jolie courbe en avant de la lame (rappelant celle des Ontario Rat 1 et 2) et son "clac!" discret, le Twitch II passe très bien en société et pousse à la causette, il n'en n'est pas de même avec le Twitch XL. Le "clac !" sonore et la lame assez "agressive" incitent plutôt à un retrait prudent des voisins d'apéro. Il m'est arrivé de lire de la surprise dans leurs yeux, voire même une certaine appréhension: "ne va-t-il pas me mettre le couteau sous la gorge pour s'emparer du dernier petit four ou me délester de ma Breitling?".
J'exagère un peu, mais, parce qu'il n’est pas sans créer un peu de tension chez les non-amateurs de pliants, je ne le sors qu'en petit cercle privé et bien au fait de la pureté de mes intentions .
Pour avoir utiliser ces deux couteaux depuis pas mal de temps, je ne saurais que les recommander comme «urban EDC», à prix abordable qui plus est. Cependant, je terminerai cette revue en insistant sur deux paradoxes :
- à l’instar du Twitch II, le Twitch XL est un couteau "élégant", très solide et de fabrication particulièrement soignée et sophistiquée. Les deux portent le sceau de la qualité Sog, mais illustrent, en contre partie, le principal défaut de cette sophistication. En effet, couteaux au manche très fermé, à cause de ce sytème d’ouverture assistée qui en occupe tout le dos, et exigeant de multiples plaquettes et éléments métalliques, ils sont particulièrement vulnérables à la poussière et autres intrusions microscopiques dans ces multiples pièces. Le sable, le sel marin et l’eau/humidité, par exemple, constituent sans nul doute leurs principaux ennemis. Ils exigent donc un entretien régulier. Peut-être donc un premier paradoxe propre à l’ensemble des EDC de Sog, y compris les plus «tactiques» qui se caractérisent par le recours à des mécanismes sophistiqués (avis, à 2 balles qui n’engage que moi ).
- en conséquence, ils sont faits pour un usage essentiellement “urbain” (entendre aussi "civilisé"), donc plus exposé au regard des autres. Comme je l’évoque ci-dessus, le Twitch II constitue le gentleman folder "type" dans ce contexte: petit, discret, élégant, très solide et efficace, il ne provoque aucune suspicion. Seul, son petit manche de 9 cm de long pourra éventuellement constituer une limite pour les amateurs aux grandes paluches.
Il y a quelques années seulement, le Twitch XL fut conçu pour combler le créneau "grande taille" de la série Twitch. Pour ce faire il fut doté d'une partie des ingrédients, évoqués ci-dessus, qui firent le succès des deux autres. Mais son manche massif, particulièrement "carré" et contendant - pour élégant qu’il soit - et sa lame ouvertement "tactique" - pour esthétique et finement satinée qu’elle soit - s'accommodent mal de la vocation “urbaine” à laquelle sa construction sophistiquée et fermée le destinent.
Deuxième paradoxe donc, en des temps où, “justifiées” par certaines tensions sécuritaires, se mettent en place des mesures de contrôle et de rétorsion préjudiciables aux pacifiques amateurs de (belles) lames dont on sait, par ailleurs, qu'ils sont très loin d'alimenter le contingent des bandits de grands chemins...
Parfois, donc, on peut se demander ce qui passe par la tête des concepteurs ou comment s'établissent les cahiers des charges des outils qui nous donnent tant de satisfaction. Question ouverte et pas seulement adressée à Sog... Comme celle, cruciale pour nous, des stratégies technologiques à venir qui devraient nous permettre d'être de "tolérés/tolérables" porteurs de petites/décentes lames sans que personne n'y voit offense...
Un Twitch XL avec une jolie courbe en bout de lame, comme celle des Twitch I et II - dans la logique d’une gamme, disons, plus “urbaine”, s’entend - aurait certainement contribué à un regard plus attendri et tolérant sur ce qui constitue, par ailleurs, pour moi, un outil fiable et très agréable à utiliser...
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Mots-clés : Couteaux SOG
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