Le modèle 761 MLK marque le grand retour de Benchmade dans le domaine du framelock titane. Ce type de couteau avait disparu du catalogue de la marque au papillon depuis que le Subrosa n’était plus en production. Contrairement au Subrosa, le modèle 761 abandonne l’assistance à l’ouverture (qui au demeurant fonctionnait bien avec un mécanisme de type Nitrous) pour un montage du type Ball Bearing. Le 761 MLK est un couteau encore plus luxueux que le Subrosa et se positionne d’emblée comme un rival très sérieux pour le Sebenza Large 21 de Chris Reeve. Pour tout dire, le 761 ressemble énormément au Sebenza Large 21, mais sans en être une simple copie.

De toute manière le Sebenza étant le couteau de référence en matière de framelock, il n’est pas absurde de fournir une alternative industrielle. D’emblée le modèle 761 se présente comme un couteau exceptionnel dont la finition est proche de la qualité custom. Son prix considérable de 390 $ US ne permet d’ailleurs pas beaucoup d’approximation à Benchmade sur un marché américain qui pardonne traditionnellement peu les réalisations médiocres, et a fortiori lorsque celle-ci sont « made in the USA ».

En ce qui me concerne, le contrat est rempli, toutefois, le marché des Etats-Unis possède un excédent de framelocks de qualité, notamment avec les réalisations de qualité de Spyderco comme le Marcin Slysz Bowie et le Fahrid Mer K2… On doit noter que tous ces couteaux se situent dans une gamme de prix élevée très proche du budget nécessaire pour l’acquisition d’un couteau Chris Reeve. Ensuite, il est certain que le feeling personnel des utilisateurs sera sans doute déterminant.

Le couteau mesure 12,7 cm fermé pour 21,8 cm lame déployée. La masse est très raisonnable puisque elle est de 123 grammes, disons qu’elle positionne bien le modèle 761 dans le créneau des EDC de Gentleman.

Mon couteau est une première production qui porte le numéro 235/1000. C’est toujours sympathique pour un collectionneur de disposer d’une pièce numérotée.

Le couteau possède deux platines en titane 6AL 4V (grade 5) qui possèdent une épaisseur identique de 3 mm. Les platines sont usinées avec une grande précision, dont la qualité renforce la sensation d’être en présence d’un couteau custom. Selon les informations fournies par Benchmade les platines reçoivent une finition polie dans un bain d’huile. La texture est soyeuse, la couleur grise soutenue est très agréable, en revanche comme toutes les côtes réalisées en titane, le traitement de surface reste vulnérable aux micro-rayures : mais c’est le cas de tous les couteaux dont le manche est réalisé en titane.

Le manche possède un aspect relativement rectiligne qui évoque la ligne bien connue du Sebenza, toutefois ce manche possède une extrémité galbée, avec une très légère courbure qui procure une excellente prise en main.Le découpage de la platine verrou est très propre, l’enclenchement du verrou est absolument parfait et donne lieu à un clic sonore jubilatoire.

On note l’absence d’une pièce anti-usure sur l’embout du frame venant au contact du talon de la lame, alors que c’est désormais une tendance lourde pour les framelocks industriels, même si tous les couteaux de ce type produits actuellement ne possèdent pas de manière systématique de dispositif anti-usure (on pense notamment aux Spyderco Marcin Slysz Bowie et K2). La platine en titane assurant le verrouillage possède une singularité de conception que je n’ai pas rencontré jusqu’à présent : elle comprend un sorte de butée qui limite l’engagement du verrou a environ 2 mm sous le talon de la lame. Ce dispositif va empêcher le verrou d’être sur-engagé en position verrouillée. Ce dispositif paraît ingénieux, mais il est difficile d’apprécier quel sera son comportement  à l’usage en vieillissant.

Toujours est-il que le blocage est parfait, la lame ne possède aucun jeu latéral ou vertical. Le manche est épais de 10/11 mm avec une hauteur de 2,5 cm au milieu du manche, tandis que l’extrémité du manche atteint 3 cm. L’avant des platines a été découpé pour constituer un quillon inférieur qui sans être proéminent est suffisant pour protéger l’index lors des travaux de coupe.

La visserie torx utilisé sur le 761 MLK est différente de celle utilisée sur les autres couteaux Benchmade que je possède, ce détail renforce l’aspect luxueux du couteau. On distingue deux vis à l’arrière du manche et une 3ème à l’avant correspondant au stop pin. Le stop pin est lui-même assez particulier sur le plan mécanique, il paraît être une extrapolation très réussie des stop pins cylindriques à facettes multiples qui ont été utilisés sur les Stryker Nitrous. Le stop pin est largement assez grand pour assurer un calage sans faille de la lame, avec une orientation des facettes qui constitue visuellement une sorte de prolongation de la rampe crantée usinée sur la lame.

Le clip en titane est de qualité custom et ne constitue pas une reprise d’un clip déjà existant sur d’autres modèles. Il possède une seule position, et cette position lui permet d’appuyer sur la platine lors du déverrouillage, mécaniquement parlant il a été conçu pour jouer le rôle d’un Lock Bar Stabilizer simplifié, destiné à empêcher toute déformation plastique irréversible du verrou.

On note la présence d’un trou permettant la mise en place d’une lanière : la finition est bluffante, les deux orifices symétriques ont fait chacun l’objet d’un chanfrein soigné qui donne une coloration satinée brillante.
La lame est montée sur un système Ball Bearing très fluide dont la nature technologique n’est pas précisée par Benchmade, il ne s’agit pas d’un système IKBS mais d’un système roulement à bille plus classique. L’ouverture à l’aide de l’unique thumbstud est grandement facilitée, même si on peut penser que l’exploitation maximale du dispositif aurait été possible à l’aide d’un flipper.

La lame possède une longueur de 93 mm  avec un tranchant lisse de 88 mm. La géométrie retenue est de type Drop Point modifiée. La lame comporte sur son dos une zone crantée de 21 mm qui fournit un point d’appui parfait pour le pouce : le contrôle directionnel de la lame est parfait et autorise des travaux de grande précision. Le reste du dos de la lame est intégralement plat.

L’épaisseur de la lame est de 3 mm avec une gestion dégressive de l’épaisseur parfaitement maîtrisée. L’acier retenu est le M390 Super Steel avec une dureté de 60/62 RKC. Le M390 est un acier dont le traitement thermique est bien maîtrisé par Benchmade qui l’utilise de manière régulière sur des couteaux de série. L’émouture est réalisée en creux et permet l’obtention d’un tranchant exceptionnel, vraiment très puissant.

Cette capacité de coupe est directement liée à l’utilisation de l’acier M390 Super Steel, issu de la métallurgie des poudres. Cet acier haut de gamme possède une composition qui est la suivante : 1,90% de carbone et une grande richesse en chrome (20.00%) et en vanadium (4,00%) ce qui permet de disposer de carbure très durs. Il est évident que l’affilage de la lame est plus difficile qu’avec du 154CM et partant de là qu’il est sans doute imprudent de penser à l’acier M390 pour des applications tactiques pures. En revanche, sur un EDC devant posséder par définition un tranchant féroce, il s’agit d’un choix qui me paraît tout à fait pertinent.

En conclusion, le Benchmade 761 Monolock est un couteau d’exception dont la qualité de réalisation est similaire à la plupart des couteaux customs, sa lame en fait un outil particulièrement efficace. Néanmoins, pour des applications tactiques, je pense que le Sebenza Large 21 reste supérieur.

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