Couteau Spyderco Endura 4 Sprint Run 2015/16 C10FPBORE
Un coeur en acier japonais HAP-40
Il faut bien préciser que le succès de l’Endura est un élément clef du succès commercial de Spyderco : la force d’une telle entreprise réside en grande partie dans sa capacité à innover mais aussi à conserver au catalogue des classiques plébiscités par les utilisateurs. C'est le cas de l’Endura, du Delica, du Police, du Military, du Native etc…
Pour justifier cette nouvelle version en série limitée, Sal Glesser prend argument d’un acier outil japonais rare en coutellerie industrielle le HAP40 fabriqué par l’aciériste Hitachi. Cette nuance est très exotique, et il est difficile de la situer par rapport aux aciers américains issus eux-mêmes de la métallurgie des poudres.
L’Endura c’est d’abord un look et une fonction de couteau de travail incroyablement populaire. Ce couteau est à sa 4ème génération selon la nomenclature de la firme de Golden et il y a fort à parier que cela ne sera pas la dernière !!!
L’Endura est un classique qui est apparu en 1990 et représentait un progrès considérable dans l’introduction d’un couteau relativement léger doté d’un manche en FRN, c’est-à-dire du nylon renforcé par de la fibre de verre . La première génération de l’Endura possédait des côtes dotées d’une texture dite « Volcano Grip ». La lame était à cette époque soit en G-2, soit ultérieurement en AUS-8, et dans les deux cas avec une émouture en creux. Le manche était assemblé au moyen de rivet. En 1997, l’Endura-2 rejoignit le catalogue, cette fois avec un manche doté de côtes métalliques et un clip métallique. A l’instar du modèle à manche en FRN le système de verrouillage de la lame était toujours un lockback remarquablement ajusté avec le choix de trois lames : tranchant lisse, Spyder Ege et tranchant mixte lisse et Spyder Edge : on avait donc un couteau de plus en plus performant.
Le clip de l’Endura fut modifié une première fois en 1998 pour le rendre réversible et réalisé en acier inoxydable, permettant un port Tip Up réversible lui conférant un caractère totalement ambidextre. La version à manche en FRN reçue désormais une texture sur les deux côtes du manche et l’acier ATS-55 (une version métallurgique simplifiée de l’excellent ATS-34) fit son apparition. C’est également à cette époque que le système de sécurité passif David Boye « Dent » fut introduit sur la pompe dorsale du mécanisme Lock Back : il s’agit d’une découpe en creux (une encoche) qui a été conçue pour limiter les risques de déverrouillage accidentel. A titre personnel, sur les différents modèles d’Endura que je possède je n’ai jamais pris en défaut ce système.
En 2006, l‘Endura fit l’objet d’un travail de rétro-ingénierie complet pour atteindre l’actuelle version 4 du couteau. Pour accroître l’intégrité structurelle du couteau des platines ajourées en acier inoxydable furent insérées dans les côtes en FRN. La texture des côtes en FRN fut modifiée pour recevoir une texture à géométrie bidirectionnelle qui accrue de manière significative la qualité de la prise en main. L’introduction de platines en acier permettait aussi d’incorporer un clip à quatre positions fixé au moyen de trois vis.
L’acier VG-10 apporta un gain métallurgique supérieur en termes de puissance de coupe et de résistance à la corrosion, selon les données publiées par Spyderco, tout en étant plus facile à affiler que les lames en ATS-55. La construction par rivet céda la place à une visserie de qualité et des washers à faible friction furent insérés de part et d’autre de l’axe du pivot de la lame. L’émouture de la lame passa à un design présenté comme un saberground qui est souvent comparé à une émouture scandinave. Assez rapidement Spyderco proposa à la vente des variantes de l’Endura à émouture plate intégrale en acier VG-10, mais aussi en ZDP-189.
Le Sprint Run 2015/2016 dont la lame est en acier laminé reprend toute les spécifications de base d’un modèle Endura 4. Le couteau mesure 12,6/12,7 cm fermé pour une longueur totale de 22,3 cm : un grand couteau donc mais très maniable et disposant d’une ergonomie supérieure grâce aux côtes en FRN orange. La masse de ce couteau est de 96 grammes ce qui en fait un poids plume.
Tous les éléments constitutifs de ce couteau sont ceux évoqués pour la version 4 de l’Endura avec des côtes en FRN orange du plus bel effet : on dispose d’un grand couteau de travail très puissant, mais l’utilisation d’une couleur claire lui confère toute de suite un aspect sympathique à mille lieux d’un couteau agressif.
La réalisation de l’ensemble a été confiée au sous-traitant japonais de Seki-City et sans surprise on dispose d’un ensemble de très haute qualité, avec une maîtrise parfaite du système de verrouillage à pompe. Vous serez donc en terrain connu pour une très belle réalisation à vocation utilitaire.
La cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, est la présence d’une lame en acier laminé dont le cœur est réalisé dans un acier outil de très haute technologie, le HAP-40 d’Hitachi, avec des flancs en SUS-410.
Le SUS-410 est un acier martensitique inoxydable (à l’origine un acier spécial japonais, bien qu’il soit aussi produit par la Chine, selon les standards originaux) qui vient assurer la protection d’un cœur en acier HAP-40 qui est un acier au carbone fortement allié issu bien évidemment de la technologie de la métallurgie des poudres. La lame possède la même épaisseur, 3 mm, et la même longueur que les Endura de série (97 mm).
La composition chimique de l'HAP-40 est très intrigante et en fait une pièce de choix pour un amateur de couteaux Spyderco, c’est un acier outil de la catégorie des « High Speed Tool Steels », avec les éléments suivants : carbone 1,3% ; chrome 4,0% ; tungstène 6,0 %, molybdène 5,0% ; vanadium 3,0% et cobalt 8,0%. Cette combinaison chimique exceptionnelle lui confère des capacités exceptionnelles de résilience et de très haute résistance à l’abrasion. En théorie un tel acier peut recevoir des traitements thermiques sophistiqués, et la fiche technique d’Hitachi est un modèle du genre avec des diagrammes tout-à-fait exceptionnels que je vous conseille vivement de consulter par simple curiosité intellectuelle. Sa dureté peut atteindre et dépasser les 66/68 RKC sur l’échelle de Rockwell…
Evidemment le faible titre en chrome en fait un acier au carbone vulnérable à la corrosion d’où le recours à un laminage faisant intervenir l’acier SUS-410 comme protection contre la corrosion, la démarcation entre les deux étant clairement visible par une ligne des deux côtés de la lame dont l’émouture est une géométrie plane intégrale. Le tranchant est d’une puissance exceptionnelle, avec une capacité de coupe extraordinaire…
Vous l’aurez sans doute compris, je suis un fan de l’Endura et aussi un fan des aciers spéciaux exotiques, et cette réalisation de qualité possède tous les atouts aptes à satisfaire mes attentes. Si vous êtes-vous aussi une sorte de Steel geek, cette pièce devrait vraiment vous combler !!!
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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