Couteau Spyderco Poliwog
Un couteau robuste tout de courbes et d'acier
Lorsque j'ai vu le Poliwog pour la première fois (il y a un petit moment déjà, j'étais au lycée je crois), je me suis dis un truc du genre "Mais qu'est ce que c'est que ce truc énorme avec sa lame toute petite ? c'est une blague ? ils en vendent de ça ?" (ou quelque chose d'approchant). Néanmoins, ce couteau m'a quelque peu interpelé, et m'a indéniablement marqué. Plus j'y pensais et le revoyais au fil du temps et plus mon opinion se modifiait. J'ai commencé à le trouver "intéressant", avec son système de verrouillage original, puis "pas mal", avec son look métallique brillant, et enfin "franchement classe" avec son Spyderhole, sa forme racée et son manche à l'air si ergonomique.
Seulement le temps que j'en vienne à réaliser que j'adorais ce couteau, puis que j'ai les finances nécessaires pour me le permettre, Spyderco en avait cessé la production et l'avait remplacé par un modèle au manche en plastique noir franchement moins attirant.
Tout ça pour dire que lorsque je l'ai aperçu trônant sur l'étagère du haut de la vitrine d'une coutellerie rencontré au hasard de mes visites de vacances (à Sarlat pour ceux qui connaissent), et quelques jours à peine après avoir discuté avec ma dulcinée de ma déception de n'avoir jamais pu me le procurer, mon hésitation ne fut pas longue !
Me voici donc à présent en possession de l'objet tant convoité, dont je m'en vais vous faire une revue :
1 - Le design :
Que l'on aime on que l'on déteste, on ne peut nier l'originalité du design chez Spyderco. Le Poliwog ne fait pas exception à la règle avec des formes trapues, une lame courte et une forme en demi-lune relativement harmonieuse comparée aux formes habituellement plus "cassées" des couteaux de la marque.
Par ailleurs, le couteau est beaucoup plus fin une fois en main que ce à quoi je m'attendais, sûrement à cause de la largeur du manche.
La lame, bien que de forme unique, peut être qualifiée de spear point. Relativement épaisse (3mm) et courte, elle dégage une impression certaine de robustesse. Elle est percée du célèbre Hole tenant lieu de thumbstud et porte gravés d'un côté l'araignée et le mot "SPYDERCO", et de l'autre la dénomination de l'acier et ce qui semble être la griffe du designer (à confirmer).
Le Poliwog ouvert, la robe d'acier poli, les découpes du manche et le trou de la lame lui donnent un aspect organique légèrement aquatique, la bille du Ball-bearing lock faisant penser à une bulle prisonnière du manche
Fermé, il fait cette fois penser à une grosse pointe de flèche.
Du fait de sa forme caractéristique, seule une partie de la lame vient se loger dans le manche, et l'ensemble forme une certaine symétrie bien pensée.
Cette étude des formes du couteau se retrouve dans l'interface entre la lame et le manche, puisqu'ouvert, chaque ligne de la lame vient s'aligner parfaitement avec une ligne du manche. Mis à part les découpe du manche, le couteau ne présente aucun angle droit.
Le couteau enfin accueille un clip réversible droite/gauche de type "wire", très raide, mais efficace pour un port en poche assez discret.
En résumé j'adhère tout à fait au design, à la fois trapu et élancé, ma préférence allant au système de verouillage ajouré permettant une observation sous tous les angles de son fonctionnement.
2 - Matériaux
Le Poliwog est entièrement réalisé en acier.
La lame est faire d'acier VG10, un acier d'origine japonaise de bon niveau, réputé être un très bon compromis entre qualité de coupe, inaltérabilité et facilité d'affutage.
Le manche est d'acier inox poli, tout comme le spacer au niveau du verrouillage et l'entretoise au niveau du clip. De mémoire, il s'agit pour l'ensemble d'acier 420 standard (de mémoire).
La bille de verrouillage quand à elle est semblable à une bille de roulement à bille (d'où son nom de "ball-bearing (aka roulement à bille) lock"). A ce titre, elle a probablement reçu comme il se doit un traitement de surface visant à la rendre plus dur et résistante à l'usure. Malgré ses innombrables verrouillages/déverrouillages/frottements, la bille de mon Poliwog est lisse comme au premier jour.
3- Assemblage et qualité de fabrication
Comme il se doit d'un Spyderco, l'assemblage est nickel. La finition de tous les éléments est impeccable, sans aucune trace de bavure, et toutes les arrêtes extérieures du manche sont largement chanfreinées pour favoriser le confort.
Tous les éléments s'emboitent parfaitement, et le jeu inexistant. Les lignes s'alignent parfaitement, et l'ensemble du couteau est extrêmement rigide.
La lame s'ouvre et se ferme dans un silence absolu et seul le *clac* sonore de l'acier butant sur l'acier trahit la fin du mouvement.
Les éléments du mécanisme de verouillage sont solides, bien maintenus, et il est tout à fait exclu que la bille sorte de son logement, même en forçant comme un sourd. :-)
Le tout est assemblé en torx, et je n'ai noté aucune trace de desserrage des vis.
Le seul petit bémol que j'émettrai concerne la symétrie de la lame, dont l'emouture est légèrement plus haute d'un coté que de l'autre (affutage à la main ?). Cependant le défaut n'es absolument pas gênant tant il est infime. Par ailleurs, pour le voir il faut regarder les deux côtés de la lame en même temps, ce qui est assez rare.
4 - Qualités de coupe
L'idée général de ce chapitre est très simple : ça coupe !
Le fil est affuté rasoir, et on tranche dans le vif très facilement malgré l'épaisseur de la lame.
Le couteau est particulièrement efficace sur les tranches (saucisson, légumes,...), sur la viande et les parts de tarte/gâteau/pizza.
Plus généralement le couteau se trouve très à l'aise pour toutes les coupes de type "cutter" (c'est à dire en tirant), du fait de son ergonomie particulière ainsi que de la géométrie de la lame et du manche.
Il sera en revanche moins efficace sur les coupes "longues", telles que le découpage d'un roastbeef ou d'un cake, le tranchant de la lame ne mesurant que 4,5 cm.
Il est également très à l'aise pour couper le plastique et le bois, et on peut lui faire accomplir des coupes "dures" sans trop craindre, puisque la taille de la lame lui confère une grande robustesse et celle ci cassera difficilement, même au niveau de la pointe.
Au vu de mes expériences, je confirme donc la réputation du VG-10, qui tient parfaitement ses promesses sur le Poliwog.
5 - Ergonomie
L'ergonomie du Poliwog est à la fois excellente et perfectible.
En prise "marteau", l'ergonomie est vraiment bonne, peut être la meilleure que j'ai jamais rencontrée sur un pliant. le couteau est parfaitement calé dans la main, et les doigts tombent idéalement en face des crans du manches, le pouce venant se positionner naturellement sur le dos de la lame pour y exercer des pressions importantes en minimisant la fatigue.
Pour les coupes de précision en revanche, on perd franchement en ergonomie. le centre de gravité du couteau étant très haut, il a tendance à basculer si il n'est pas tenu fermement.
La plupart des variantes de la prise marteau en revanche offre une prise en main ferme et sûre du couteau, à l'exception de la prise marteau inversée avec le fil tourné vers soi, position dans laquelle le tranchant entre en contact avec la paume de la main.
Il faudra être également prudent dans les autres prises, la partie tranchante de la lame se trouvant à quelque millimètres du doigt lorsque celui ci est dans le dernier cran du manche (celui formé par la fin du manche et le début de la lame).La main est toutefois suffisamment bien calée pour que les doigts ne ripent pas sur la lame, même en forçant.
En résumé c'est un couteau parfait pour les coupe requérant une certaine pression, et pour les coupes tirées (ouvertures de cartons, découpes de plaques, etc.).
Petit plus : il est également très confortable pour les grosses mains.
5 bis - L'ouverture / verrouillage :
L'ouverture du Poliwog est très aisée grâce au très efficace Spyderhole, et la lame se déploie d'un simple mouvement du pouce. Il faut cependant noter que du fait de la petite taille du couteau, il est nécessaire de tenir le couteau calé contre les phalange plutôt que contre la paume pour atteindre le Spyderhole.
La fermeture, en revanche, est nettement plus difficile à effectuer. Comparable sur le papier au système axislock de Benchmade, le système Ball bearing lock breveté par Spyderco se révèle bien moins ergonomique à l'usage. Cela tient au fait que la bille est relativement enfoncée dans le manche, et que les doigts on tendance à rouler dessus plutôt que de la déplacer. Le ressort est également plus raide que sur l'Axislock (comparaison avec un Benchmade 707 Sequel).
Le meilleur moyen de fermer le couteau consiste alors à tirer la bille avec le pouce et le majeur, et en gardant le manche calé contre la paume de pousser le dos de la lame avec l'index. Cette technique s'acquiert facilement mais même maitrisée, la fermeture du couteau prend quelque secondes de plus qu'un axis lock. L'ouverture néanmoins se fait au moins aussi rapidement.
La caractéristique principale du mécanisme de verouillage du Poliwog, c'est son coté complètement ouvert. il est donc très facile de le nettoyer avec un mouchoir, une soufflette, ou même sous un fil d'eau. En effet les élément étant réalisés entièrement en acier inoxydable, le risque d'oxydation est très faible.
le couteau est également très facile à lubrifier, pour la même raison.
La lame étant solide et épaisse, je n'ai pas encore eu besoin de l'affuter. Cependant la réputation du VG10 et le profil de la lame le rendent a priori relativement facile à affuter à la pierre, le fil étant en plus assez court.
Enfin l'assemblage en Torx du couteau le rend démontable assez facilement, pour un nettoyage en profondeur.
7 - CONCLUSION
Pour synthétiser brièvement les paragraphes précédents, faisons un petit récapitulatif :
Les plus :
- Un couteau très robuste
- Un design original
- Une bonne prise en main
- Une bonne lame, solide et tranchante
Les moins:
- Une utilité limitée pour certaines tâches
- Difficile à déverrouiller
Le Poliwog est somme toute un bon couteau et je ne regrette absolument pas de me l'être offert.
Le design plaît ou ne plaît pas, mais sa robustesse, sa qualité de fabrication et son confort de prise en main sont indiscutables. Il fait en outre un EDC assez pratique, malgré son look un peu "agressif"
Il s'agit de mon premier Spyderco, et le couteau me donne confiance en la marque, puisqu'au final le Poliwog a atterri sur le présentoir de mes couteau favoris, aux cotés de mon 707 et mon Morpho .
Voilà une nouvelle revue pour ACT, si vous avez la moindre remarque ou commentaire, n'hésitez pas à m'en faire part. Merci de votre lecture.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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