Couteau Spyderco Tenacious
Une revue complète par Pearce
Mais, mes dernières expériences et prises en main m’ont réconcilié avec Spyderco, et m’ont même enthousiasmé.
En prélude à un prochain achat plus important, j’ai tout récemment opté pour le modèle Tenacious. Et, je suis emballé.
Je vous livre mon avis, lequel n’engage que moi, bien entendu ; j’en profiterai pour comparer le Tenacious à l’un de mes couteaux d’appui de prédilection : le Böker Trance.
Ce nouveau Spyderco (dont rien que le nom déjà me plaît bien) m’a fait une bonne première impression dès la prise en main (ce qui, pour ma part, est toujours un excellent point de départ).
D’emblée, je dois dire que je ne m’attendais pas à un couteau de cette taille (les photos des catalogues sont souvent trompeuses). Avec presque 20 cm en position ouverte, et environ 115 gr, c’est un couteau que je qualifierais de respectable. Toutefois, la répartition du poids est bien pensée et rendrait l’ensemble presque léger en main. Ainsi, mon Böker Trance (avec ses 16,3 cm et ses 92 g bien compacts) me paraît plus lourd que le Tenacious. Bref, L’équilibre général de ce Spyderco est très bon, avec un centre de gravité ramené sur le manche au niveau de l’index, ce qui, à mon sens, est bien plus agréable et plus maniable qu’un couteau avec le poids trop en avant sur la lame (mais tout est affaire de goût).
Ma main s’est donc très vite faite au manche, et à l’ergonomie bien conçue du Tenacious.
Le manche est entièrement platiné en acier. Les platines sont allégées à l’aide de trous de différentes tailles bien réalisés (j’apprécie qu’un couteau soit bien fini, même là où ça ne se voit pas). Le G10 noir qui recouvre les platines est de bonne facture, et ne comporte pas d’angles vifs susceptibles de blesser, ni de craquelures au niveau des fixations.
Le manche est tout en rondeurs et dispose d’une simili garde à l’avant et d’un renflement arrière qui donnent un sentiment de confiance, aussi bien en prise marteau qu’en prise pic à glace.
La structure du manche est ouverte, pour un nettoyage facile, et elle bénéficie d’un vissage BTR (six pans creux hexagonale) correct, qui permet une reprise de jeu éventuel, et, pourquoi pas, une customisation du manche par retrait des plaquettes en G10 et pose d’autres plaquettes (en bois, micarta, os, etc.).
L’ouverture se fait sans heurt véritable : cela coule relativement bien, même si j’ai dans l’idée que les rondelles en bronze phosphoré auront besoin de se faire un peu. Le lock claque bien, de manière franche, et en un seul temps (clac !), et non deux (clic, clac !) comme cela arrive parfois. Le lock se positionne bien sur le talon de la lame et offre une résistance que je n’ai pas prise en défaut pour le moment. J’ai une préférence assez marqué pour le frame lock et l’axis lock (notamment celui du BM 530), qui sont tous deux mes références en termes de blocage de lame. Le Tenacious dispose d'un frame lock dissimulé sous la plaquette en G10 et on voit bien sur la photo que la platine fait office de lock.
Ce verrouillage n’appelle pas de critique, et confère une bonne assurance lors des coupes. Il faut dire que la platine qui sert de blocage est assez épaisse. Pour vous donner une idée, elle est à peine plus fine que celle du Böker Subcom. En outre, en position fermée, la bille de détente du liner offre une retenue de la lame sans appel, ce qui très plaisant. Mais la valeur d’un système de blocage tient aussi et surtout à sa bonne conception/réalisation, et là, c'est une réussite.
La lame du Tenacious est telle que je les affectionne : belle, large, plate, et utile.
J’aurais préféré un microbillage, mais le « tiré en largeur» proposé ici n’est pas inintéressant. Le trou d’ouverture est bien positionné, et il a le bon goût d’être bien chanfreiné ; il agrippe le pouce sans le heurter.
Sur le dos de la lame, il y a ce qu’il faut pour reposer le pouce, avec un guillochage bien réalisé, doux et esthétique à la fois, bloquant bien le pouce, et suffisamment ajouré pour se nettoyer sans contrainte. Le profil de lame est adapté à toutes les tâches quotidiennes d’extérieur comme d’intérieur, avec une longueur de lame utile importante et sans gâchis. L’acier 8Cr13Mov est semblable à l’AUS8. C’est un acier qui me convient bien, de par son bon pouvoir de coupe, et sa facilité d’entretien : à la maison ou en rando, quelques passages sur le Crock Stick Lansky (au passage merci du tuyau), et ça repart.
Le clip est résistant et solide. Il ne présente aucun jeu, et offre une tenue ferme en poche. Il peut être disposé aux quatre coins du manche, et dispose à cet effet d’un vissage trois points. Les contours du clip sont arrondis et polis, et ils ne blessent pas la main.
En ce qui concerne le port en poche, le Tenacious s’en sort plutôt bien. Certes, le Trance demeure plus discret et se ressent moins du fait du positionnement de son clip et de son aspect très plat. Le Tenacious est plus épais et son clip ne permet pas le port profond et discret en poche, un bon gros centimètre et demi du couteau dépassant nettement. Toutefois, le Tenacious a bien passé le test de la poche. Ses contours arrondis compensent sa relative épaisseur, et, même si le couteau rappelle sa présence de temps à autre, cela n’a rien de gênant.
Malgré cet excellent tableau, deux petits détails pourraient selon moi être améliorés :
- Le clip ; mais il s'agit en fait d'un faux problème, car, pour finir, je me suis très bien fait à ce léger dépassement en dehors de la poche, qui offre une bonne prise pour extraire le couteau ;
- La barre d’arrêt de la lame en position ouverte (celle qui se situe dans le manche, et qui bloque la lame juste à l’endroit où débute le guillochage de la lame) ; elle est masquée par le G10, et n’est donc pas réglable (sauf, peut-être, en démontant le tout). Sur d’autres modèles (comme le Böker Trance), cette barre est accessible et ajustable sans démontage, ce qui permet de régler un éventuel début de jeu vertical (que n’a pas pris mon Trance après un an de bons et loyaux services). Cela étant, le Tenacious ne se flippe pas, et l’ouverture au coup de poignet ne m’a pas paru possible, ce qui limite les impacts sur ladite barre, et donc les prises de jeu.
En revanche, je note que Spyderco a tenu compte des critiques formulées sur les finitions des platines et du clip. En effet, j’avais eu l’occasion de manipuler l’un des premiers modèles Tenacious, lequel arborait des platines et un clip au fini « poli miroir », ce qui conférait un aspect clinquant au couteau. Lorsque j’ai reçu mon modèle, je m’apprêtais à sortir le papier carborundum pour modifier tout cela. Or, j’ai été agréablement surpris de constater que les platines et le clip étaient dorénavant proposés avec un fini mat/piqué, tout à fait en accord avec la lame et l’esprit du couteau.
Au final, mon bien aimé Böker Trance a dorénavant un sérieux challenger avec le Tenacious lequel se révèle un surprenant et agréable outil pour cette gamme de prix. Le Tenacious est à mon sens un très bon couteau d’appui, du genre sûr et fiable, un de ceux que j’ai plaisir à porter et à utiliser, mais dont je ne crains ni la perte ni le sacrifice si besoin en est.
Reste que le virus Spyderco semble s’être emparé de moi. Je me vois de plus en plus partir sur les sentiers du Jura, un Military dans une poche, et le Tenacious dans l’autre. Mais, cela est un autre chapitre, dont l’écriture pourrait prochainement s’achever.
PEARCE
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Mots-clés : couteaux spyderco
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