Nov. 13 26

CRKT KISS Assist

Un couteau complexe avec des capacités limitées

  • Currently 2.5/5

Note : 2.5/5 (2 notes)

Le KISS Assist pour Keep It Super Simple est une création emblématique d’Ed Haligan et cet étrange qui a été décliné dans un grand nombre de variantes est une des créations les plus connues de probablement autant que le fameux M-16 de Kit Carson. Pour autant, si le M-16 s’est imposé comme un très réussi, le KISS paraît être un chef d’œuvre byzantin en matière de construction et d’ajustage, à l’opposé de tout concept de . Le KISS a déjà été évoqué dans les colonnes du blog de Guillaume mais il n’a pas eu droit à sa revue, c’est une lacune que je propose donc de combler, d’autant plus que comme le Michael Walker Blade Lock il s’agit d’un complexe système tout à fait digne de figurer dans une collection. En ce qui me concerne j’ai profité d’une promotion sur un site Internet français bien connu pour acquérir ce .

Le mesure 9,5 cm fermé pour 16,5 cm lame déployé, pour une masse de 70 grammes. Cette compacité et ce faible poids le destine tout particulièrement à être un de gentleman et/ou un d’appoint que l’on limitera volontairement à des tâches de coupe facile : ouverture du courrier, petits emballages etc…

Sur le plan mécanique le KISS se caractérise par une architecture mono-platine assez baroque mais qui a fait des émules dans le domaine de la coutellerie. Le travail d’usinage et d’ajustage est si complexe que la fabrication du a toujours été maintenue à Taïwan sans tentative de passage par la Chine. Sur le plan mécanique le blocage de la lame est assuré par un mécanisme dont les principes de base sont ceux d’un . Toutefois, la platine assurant le verrouillage de la lame est elle-même une découpe de la platine. Cette découpe prend la forme d’une barre rectangulaire articulée par une double découpe circulaire de petit diamètre. Cette mini platine verrou possède une excellent élasticité, qui d’une part bien sûr permet d’assurer le verrouillage de la lame en position déployée, mais aussi assure son maintien en position fermée en toute sécurité.

La barre possède à son extrémité un petit tenon, dont une découpe à angle droit forme une butée qui vient bloquer le talon de la lame après ouverture de cette dernière. L’usinage arrondi de la partie opposée permet de venir bloquer la lame en position fermée d’une manière très solide.
Il est probable que l’acier utilisé pour la réalisation de la platine soit du 420J2, choix très correct que l’on retrouve d’ailleurs aussi chez . On note la présence d’une plaquette en fibre de carbone sympathique mais réduite dans la pratique à la portion congrue, soit 1 mm sous un film protecteur qui évoque le plexiglass.

Le est équipé d’un mécanisme d’assistance à l’ouverture par barre de torsion de type Outburst que l’on aperçoit comme sur un de démonstration en raison de l’architecture squelette. Ce système fonctionne bien et il est sécurisé par adjonction d’un système breveté de type Fire Safe.

Concrètement cela signifie que le thumbstud possède l’architecture d’un piston. Pour procéder à l’ouverture du il faut comprimer ce bouton dont l’enfoncement provoque le déverrouillage de la lame. Simultanément il convient d’exercer une poussé sur le thumbstud pour enclencher l’assistance à l’ouverture. Cela paraît assez complexe exposé comme cela mais le fonctionnement est irréprochable.

La platine unique possède une épaisseur de 3 mm et elle est dotée d’un clip de grande dimension qui peut aussi servir de pince à billets. En fait ce grand clip rajoute du grip pour procéder à l’ouverture de la lame. Je suis dubitatif sur le fonctionnement de l’ensemble si l’on retirait ce clip dont la préhension me paraît indispensable pour procéder à l’ouverture correcte du .

La prise en main du est étonnant bonne pour un concept a priori aussi baroque.

La lame est stoppée de manière classique par un stop pin massif, l’axe de la lame respire aussi la santé, en revanche le petit ergot métallique qui sert de verrou inférieur à la lame déployée suscite une certaine réserve de notre part. Mécaniquement le blocage paraît tout à fait solide avec les trois points classiques : ergot inférieur, axe du pivot et stop pin.

Dans la pratique on n’a trop envie de tester la solidité réelle de ce mécanisme qui est typiquement celui d’un liner lock plus que celui d’un .

La lame est réalisée en acier AUS-4 avec une dureté annoncée de 55/57 RKC. La lame possède une émouture chisel totalement monoface qui en fait un clone du CQC-7B. Mais, voilà les tests de coupe conduits sur divers types de carton montrent que cette lame ne soutient pas du tout la comparaison avec celle d’Emerson et qu’il est même probable que le choix d’une émouture à une seule face ait aggravé le problème.

Le tranchant d’origine est assez quelconque, il coupe bien un papier de faible épaisseur mais se révèle incapable de couper un emballage renforcé du type de ceux utilisés pour envoyer des colis fragiles par la poste.

La lame mesure 70 mm avec un tranchant de 64 mm environ pour une épaisseur de 3 mm. Une entretoise en zytel permet d’abriter le tranchant de la lame dans la partie postérieure du manche, mais l’on constate qu’une partie du tranchant reste exposée et que les doigts peuvent assez facilement venir au contact du tranchant en position fermée.. Ce qui est pour le moins un élément contestable, compte tenu du faible coût de cette entretoise il eut été facile de la prolonger sans majorer le coût du .

Donc un bilan très mitigé, un classieux qui peut servir de lame d’appoint et d’ urbain avec un mécanisme sophistiqué qui intéressera les amateurs de à système, mais aussi dans l’ensemble un outil  qui pourra paraître comme beaucoup trop limité. Si le style de la lame vous paraît plaisant alors choisissez un mini CQC-7B qui dispose d'une lame de 70 mm et possède toutes les capacités d'un vrai , il est vrai beaucoup plus cher.

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Commentaires

1 - Kiss?

sierramatch Belle revue, que j'aimerai pouvoir faire partager mais impression de ci belle façon; Je l'ai eu en main dimanche matin un copain l'avait ds sa malette (il vend des couteaux) je l'ai d'abord trouvé attraillant la prise en main fermé pas mal, ouvert pas nul, mais à ouvrir pas sympa la manipulation de ce couteau m'a parut difficile et le clou j'ai faillit me couper couteau fermé avec la partie de la lame non protègée l'affûtage n'était pas chisel et la lame était spear point, ben voilà un couteau pas sympa pour moi, par contre je viens de recevoir un Sog Vulcan VL 01 et là RAS il est top!

sierramatch a donné 3 couteaux à Darksun

 


sierramatch | Le Mercredi 27/11/2013 à 20:08 | [^] | Répondre

3 - Re: Kiss?

Darksun

Oui, je suis bien d'accord si la réalisation est de qualité sur le plan mécanique en revanche cela n'en fait pas un couteau très sûr. 

Je me suis également fait peur avec le tranchant de la lame qui est au contact des doigts en position fermée...

Heureusement, c'est une lame qui ne coupe pas grand chose sur mon exemplaire. Mais c'est plutôt inquiétant...

 


Darksun | Le Jeudi 28/11/2013 à 12:50 | [^] | Répondre

2 -

 une bonne revue mais qui ne me convincra pas de l'acheter ! je n'aime pas la forme de la lame et le fait qu'il sois demi platine (j'ai le T45 et je suis pas sur d'en racheter) et il a l'air tres complexe, si j'en crois tes explications. merci pour cette decouverte!

 


birdy1962 | Le Mercredi 27/11/2013 à 21:31 | [^] | Répondre

4 - Re:

Darksun Bonjour,

c'est typiquement un couteau gadget qui ne parvient pas à assurer les fonctions d'un vrai couteau, possédant une architecture plus conventionnelle.

Pour une collection je suis plutôt intéressé, mais les capacités de coupe sont trop faibles.

La prise en main est correcte, mais elle peut aussi inquiéter. 

Le système monoplatine me semble très limité comme solution industrielle crédible.

 


Darksun | Le Jeudi 28/11/2013 à 12:53 | [^] | Répondre

5 -

Nicolas Encore une belle revue, Darksun !
C'est le rôle des revues de nous donner des informations sur les bons et mauvais côtés d'un modèle. Si tu dis que le KISS n'est pas bon pour la coupe, c'est très logique, au vu de la nuance d'acier choisie par CRKT pour ce modèle : l'AUS-4.

- AUS-4   > 0.4 % de carbone environ,
- AUS-6   > 0.6 % de carbone environ,
- AUS-8   > 0.8 % de carbone environ,
- AUS-10 > 1.0 % de carbone environ
(pour plus de renseignements sur ces nuances d'acier, voir ce lien).

La trempabilité est déterminée par le pourcentage de carbone, ce qui nous met l'AUS-4 à peu près au même niveau que le 420... L'AUS-4 sera assez résilient et peu tranchant, assez élastique et assez mou.

Or, la lame d'un EDC urbain :
-  n'est pas très longue, pour que le couteau soit à la fois discret et léger,
-  n'est donc pas soumise à de gros efforts de flexion ou à de gros chocs,
-  il y a une sollicitation qui ne pardonne pas : l'assiette, qui est en céramique, plus dure que l'acier et qui par conséquent use le tranchant,
-  par ailleurs, le papier et le carton, sous leur allure anodine, sont assez abrasifs (les couturières le savent très bien et refusent que leurs ciseaux soient utilisés pour couper du papier),
-  un matériau inévitable de nos jours est le plastique, dur ou mou, épais ou fin - les emballages, notamment, nécessitent un tranchant vraiment fin.
C'est pourquoi l'EDC urbain suppose le choix d'un acier dur, au tranchant durable, donc de qualité, et donc augmente significativement le prix.

L'AUS-4 ne répond pas du tout à ce cahier des charges et un petit couteau comme le KISS n'a pas d'autre vocation que l'urbain ; c'est donc un couteau "marrant", fait pour séduire, mais sans doute pas prévu pour répondre à un usage véritable. Un couteau à collectionner, commme tu le dis bien, Darksun, pour son système assez complexe.

 


Nicolas | Le Dimanche 01/12/2013 à 11:01 | [^] | Répondre

6 - Re:

Darksun Bonjour Nicolas,

je suis tout à fait d'accord au sujet de l'intérêt assez faible de l'AUS-4 pour le KISS. On peut d'ailleur s'étonner du maintien de cet acier là ou un AUS-8 donnerait des performances beaucoup plus crédibles.

Concernant les EDC, les couteaux fabriqués par böker Plus possèdent d'excellentes lames en acier 440C dont la réputation a souffert de mauvais traitements thermiques et d'une confusion avec les 440A et 440B qui a été entretenue par certaines productions originaires d'Asie.

Si l'on veut monter un peu en puissance, je dirai que des aciers comme le ZDP 189 et le M390 sont très intéressant. A condition de comprendre que l'interaction de la lame avec une assiette en céramique aura des effets mortifères pour la lame.

Ensuite, le taux d'usure très faible du tranchant pour ces deux aciers trouvera une contrepartie négative dans la difficulté d'entretien du tranchant.

Je ne suis pas sûr qu'ils soient très performants en matière de résilience : donc a priori à éviter sur des couteaux tactiques.

Toutefois ces deux aciers sont excellents pour l'ouverture de cartons et la découpe de plastique.

La lame en S30V du Paramilitary 2 est elle aussi un modèle d'efficacité de même que celle du Sebenza.

L'acier CPM-S30V et son évolution le S35VN sont les nuances qui permettent à la fois de couvrir des besoins en EDC compacts et très coupants et ceux de couteaux à vocation "tactique".

L'Elmax que j'ai aussi beaucoup utilisé possède cette capacité EDC/tactique.

Les aciers Carpenter issus de la métallurgie des poudres se positionnent bien dans la catégorie des EDC.

Par ailleurs, le 154CM et le D2 permettent eux-aussi de satisfaire presque tout les besoins tout en maintenant les coûts dans une enveloppe raisonnable : les meilleurs tranchants que je possède en 154 CM proviennent de chez Emerson et Spyderco. Pour le D2, les couteaux Benchmade sont en règle générale très performants.

 


Darksun | Le Dimanche 01/12/2013 à 12:45 | [^] | Répondre

7 -

Nicolas En effet, le choix d'un EDC urbain n'est pas tout à fait celui d'un tactique pliant, qui a une vocation plus universelle (le "un seul couteau", si l'on veut).
Concernant l'action de l'assiette sur une lame, il n'y a pas vraiment de solution, mais :
- un bon acier, ça change déjà la mise,
- une pointe en pied de mouton fait que seule la pointe est en contact avec l'assiette, ce qui n'use pas le fil.

 


Nicolas | Le Dimanche 01/12/2013 à 14:57 | [^] | Répondre

8 -

 Bonsoir,

Merci Darksun pour cette revue claire et précise sur un couteau vraiment complexe d'autant qu'il a une ouverture assistée et le bidule Fire Safe en plus de son design torturé à mono-platine (ça se dit ça ?). Même si on en arrive à quelque chose de limité dans son usage (ça fait au moins un super coupe papier franchement original) je trouve sympa que des types se creusent la cervelle pour pondre des systèmes d'un autre monde. C'est un peu de l'art pour l'art et finalement ludique.

 


Biafra | Le Dimanche 01/12/2013 à 20:41 | [^] | Répondre