Oct. 14
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Spyderco Worker C01GPGR Sprint Run 2014
Un couteau de légende : Everybody's knife
Le Spyderco Worker Clipit 01 est le premier couteau conçu par Sal Glesser. Il est sans doute difficile de réaliser en 2014 à quel point ce couteau a été une rupture technologique dans le développement des couteaux fermants modernes. Selon des informations largement corroborées, c’est l’aide de Albert Mar qui permit à Sal Glesser de faire fabriquer son couteau à Seki City au Japon. Al Mar donna à Sal Glesser la liste de ses contacts ce qui permit un gain de temps majeur et fut sans doute aussi un gage de qualité pour la fabrication du Worker. Le Worker a été commercialisé en 1981 et les derniers exemplaires de série furent fabriqués en 2001 avec une lame réalisée en ATS-55, acier que devait remplacer le VG-10 dans la gamme des couteaux Spyderco.
A posteriori, Sal Glesser estime que le Worker fut le précurseur des fermants tactiques modernes, et il précisa à Claude Laplace dans un numéro de LPDC datant de 5 ans que la notion de fermant tactique faisait référence, dans son approche du sujet, au fait de disposer rapidement d’une lame lorsque le temps est critique : c’est à-dire lorsque c’est la rapidité de l’opération de coupe qui est l’élément discriminant. Dans l’acception de Sal Glesser, l’adversaire n’est pas une personne, mais une situation dans laquelle l’usage d’un bon couteau de poche permet de pallier un danger. C’est une très bonne définition qui à mon sens correspond bien à une approche réaliste du couteau tactique.
Le Worker possède des dimensions extrêmement compactes soit 99 mm fermé pour une longueur totale d’approximativement 17 cm ce qui est vraiment raisonnable et en fait toujours un EDC fort intéressant. La masse est de 91 grammes soit elle aussi très raisonnable.
Le Sprint Run 2014 correspond à la fabrication de 1500 couteaux qui ne sont pas la copie conforme du Worker initial, mais conformément aux vœux de Sal Glesser une version améliorée par adjonction d’une sécurité passive sur la pompe dorsale, une encoche devenue célèbre chez Spyderco, il s’agit bien sûr du David Boye’s Dent qui fait l’unanimité chez les utilisateurs mais pourra éventuellement choquer les puristes à la recherche d’un clone du Worker historique. Personnellement j’estime qu’un dispositif de sécurité complémentaire n’est jamais inutile sur un fermant, mais c’est une idée qui peut toujours être contestée.
Le Worker de 1981 introduisait trois innovations majeures, la première étaient le fameux Spyderhole, breveté à nouveau sous la dénomination actuelle de Roundhole qui permet une ouverture à une seule main de la lame aussi bien par les droitiers que par les gauchers ; la seconde était la présence d’un clip de poche : un élément qui a réellement révolutionné la manière dont un couteau de poche tactique (ou non) se porte. La troisième est intervenue après la mise à disposition de la première mouture du Worker, il s’agissait du fameux et toujours aussi efficace Spyderedge, les fameuses serrations si efficaces sur les couteaux de travail de la marque de Golden.
L’idée du clip a été inspiré à Sal Glesser par un porte-clés en forme de grenouille qui se clippait en bordure de poche pour permettre une prise en main immédiate des clefs sans perdre son temps à fouiller dans le contenu de la poche…
Le Worker 2014 possède une architecture classique pour un Spyderco, c’est-à-dire un système de verrouillage par pompe ajusté avec minutie à Seki City. Le système à pompe est structuré autour de deux platines métalliques ajourées comportant chacune trois découpes circulaires de diamètre variable. Ces platines sont finement ajustées et découpées : la partie inférieure est découpée en forme de courbe, ce qui permet de conserver une prise en main excellente malgré la faible longueur du manche.
Les platines possèdent une épaisseur identique qui est de l’ordre de 1 à1,5 mm environ. Les côtes en G-10 vert sont particulièrement réussies et fournissent un excellent grip avec une surface légèrement abrasive. La couleur du G-10 est plutôt foncé, il s’agit d’un vert bouteille très agréable à l’œil.
Le clip est le clip standard de Spyderco en forme de cuillère, il n’est pas forcément le plus beau, mais il fait à merveille sont travail. Il possède quatre positions. On note que le polissage des flancs est inférieur en qualité par rapport à celui des Spyderco produits dans les années 2001/2002 au Japon, et c’est quand même un peu dommage pour un modèle aussi emblématique que le Worker et a fortiori sur un Sprint Run.
L’épaisseur du manche est de 85 mm pour une largeur comprise entre 2,2 cm vers l’avant du manche ou les deux platines forment une sorte de petit quillon, avec une largeur maximale de 2,4 cm vers l’arrière dans la partie la plus galbée du manche : ce galbe asse prononcé est un élément fort intéressant qui participe fortement à l’ergonomie du couteau et le maintien toujours parmi les meilleurs réalisations de dimensions compactes.
Les derniers Worker produits entre 2000 et 2001 possédaient une lame réalisée en ATS-55, cet acier était une version moins couteuse que l’ATS-34 et Sal Glesser envisageait de généraliser son utilisation comme acier pour tous les designs utilitaires, en fait, l’ATS-55 fut remplacé par le VG-10 qui continu a bénéficié d’un bon retour des utilisateurs pour sa facilité d’entretien et sa capacité à obtenir un tranchant très coupant.
Assez logiquement le Sprint Run 2014 possède une lame en acier VG-10. Pour l’essentiel la lame est identique à celle du Worker, c’est-à-dire une forme clip-point possédant un tranchant redoutable. Toutefois, le Sprint Run est doté d’une lame possédant un faux contre-tranchant fort bien réalisé au lieu du contre-tranchant partiellement affuté du premier Worker.
Pour le reste, la lame mesure toujours 70 mm de la pointe au ricasso avec une épaisseur de 3 mm qui devient fortement dégressive vers la pointe de la lame. Le tranchant est de 66 mm, l’émouture est réalisée en creux et le tranchant est largement plus que rasoir !!! La finesse de cette lame en fait un outil particulièrement précieux pour des travaux de coupe de grande précision, travaux qui sont souvent délicats à réaliser avec des fermants tactiques de grandes dimensions, même sir l’introduction du Finger Choil sur les couteaux de travail de la marque vient nuancer cette appréciation.
En guise de conclusion, il est possible de dire que le Worker reste un must pour tous les fans de Spyderco, mais au-delà pour tous les amateurs de couteaux, car il représente réellement une évolution majeure vers la technologie des fermants de toutes marques que nous sommes appelés à utiliser de manière régulière à l’heure actuelle.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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