Bradley Alias 1
J’avais dit que j’attendrais le premier aiguisage avant de poster la revue, mais je sens que je vais l’attendre un moment, ce premier aiguisage. Donc je vous livre maintenant mes impressions sur le BRADLEY ALIAS 1 de chez Bradley Cutlery.
Comme pseudo, j’aurais dû choisir « le néophyte », parce que je suis loin de m’y connaître comme la plupart de ceux qui me liront. C’est ma première revue de couteau, donc soyez indulgents s’il y manque quelque chose.
L’alias a beaucoup souffert des comparaisons incessantes avec le sebenza. Lame en S30V, framelock titane, format comparable… Je n’ai pas de Seb, je ne peux donc pas en parler, mais ils ont quand même l’air d’évoluer dans des catégories différentes. Il faut quand même rester logique : j’ai acheté mon bradley aux environs de deux centaines d'euros (frais d’expédition compris depuis les Etats-Unis). Le Seb, c’est au moins le double. On ne discute donc pas des mêmes choses…Il semble quand même que les différences concernent surtout l’esthétique (j’en parle plus loin) et les finitions (arrondis subtils sur manche et lame…). Quant à la partie fonctionnelle, là Bradley tient bien la comparaison. C’est bien construit, solide, et ça coupe vraiment ! Le SAV réputé de CRK fait aussi une différence. Bien que dans les documents papiers joints à l’Alias, le constructeur offre lui aussi la possibilité de lui retourner le couteau pour entretien ou aiguisage.
La prise en main du couteau me plaît bien. Il est correctement équilibré manche/lame, et l’ergonomie du manche a été visiblement chiadée. J’aime bien le creux du manche dans lequel passe le pouce quand il va pousser l’ergot pour sortir la lame. La position de cet ergot contribue à rendre l’ouverture super rapide. Le titane « 6AL-4V » microbillé est aussi beau qu’agréable. Il ne glisse pas, même quand on a les mains un peu moites ou qu’on est en environnement humide. Oui, c’est vrai, il prend les rayures facilement, et il se patinera certainement en perdant un peu sur ses arêtes ce joli microbillage bien mat, mais ça ne me dérange pas.
La lame a été traitée pour monter à une dureté de 58-60 HRC selon le fabricant. Sa forme « modified spear-point » est exactement à mi-chemin entre le tactique et l’utilitaire. Aiguisez le contre-tranchant, et ça devient une lame franchement agressive, supprimez-le et la voilà carrément plus citadine – ce que j’aurais peut-être préféré, pour ma part. En plus, J’aime bien que la lame ait le dos solide et qu’on ait la place d’appuyer dessus s’il faut. Là ce n’est pas le cas. D’ailleurs à ce sujet, les crans sur le dos de la lame, à l’endroit où vient appuyer le pouce lors des coupes en force, sont un peu vifs. Quand on compare les finitions brutes de pomme à ce que j’ai vu du dos d’un seb en gros plan, on commence à comprendre pourquoi ils ne sont pas au même tarif !
La finition de la lame « stone-wash » est aussi complètement à mon goût. Cf ce que je dis de sa forme plus haut. Là c’est pareil : poli miroir, ça ferait un couteau chic qui décore et qui brille. Franchement mate, nitrurée, etc. on tomberait dans l’ambiance militaire. J’aime bien que ça reste entre les deux, efficace et sobre sans effrayer les foules.
La forme de la lame me fait penser à celle du Benchmade 730 Ares en plus large. Le tranchant est excellent. Le faux contre-tranchant lui donne un air discrètement agressif, mais ça reste supportable (vous l’aurez compris, je ne suis pas un fan des tactiques-superninja-de-la-mort-tout-pointus-de-partout). Ce contre-tranchant donne un peu l’impression qu’elle est assez fine (alors qu’elle fait 3,05mm d’épaisseur comme sur beaucoup de pliants de ce format), impression contredite par l’émouture droite qui, à l’inverse, tendrait à lui donner un aspect plus massif. Je n’ai pas encore eu à l’aiguiser. Je l’ai depuis une dizaine de jours seulement, et j’ai beau m’en servir pour découper tout ce qui me tombe sous la main, je n’ai pas encore perçu la moindre altération notable dans la performance de coupe.
Le lock était un peu raide à déverrouiller lors des premières fermetures de lame, mais maintenant tout est OK. L’ouverture est diaboliquement rapide (pivot avec des rondelles en bronze phosphoré comme sur le Ss… , non, non, je ne compare pas).
Le design est d’une sobriété de bon aloi, à part un ou deux bugs dont je parlerai plus loin.
La taille et le poids sont pour moi ce qu’il ne faudrait pas dépasser. Longueur ouvert : 20,95cm, longueur lame : 9,14cm, longueur fermé : 12,07cm, épaisseur manche : 1,07cm. Poids : 116,23g. Pour un Equipement Quotidien Minimum urbain (EQM est ma traduction de l’anglais EDC), c’est un peu limite. Je pense que si j’avais les moyens d’en acheter un deuxième à porter en EQM, je prendrais aussi un petit modèle. Parce que le grand, quand on le sort, les regards s’arrêtent quand même un peu dessus…Peut-être que c’est une question d’habitude, jusqu’ici j’ai porté des choses nettement plus modestes.
Les rares reproches à formuler, maintenant. Ils concernent le look.
J’aurais préféré un clip plus discret. Il brille comme un coupe-ongle. Un acier bronzé, ça m’aurait mieux convenu (ou mieux du titane…). Il est correctement positionné, mais le couteau dépasse quand même un peu. C’est comme sa taille, ça n’améliore pas la discrétion. Sur les photos, vous pouvez comparer avec le clip du bradley automatique. Le clip de l’auto a un design plus intelligent parce que le couteau disparaît complètement en poche, et sa finition noire le fait moins remarquer sur les fringues. M’enfin tout ça reste très minime comme gêne. (on ne peut pas intervertir les clips, l’écartement des vis étant différent sur les deux modèles, grrrrr).
Autre défaut, dans le design, je trouve que la lame a un look assez strict avec ses angles alors que le manche a une forme un peu molle. C’est confortable à l’usage, mais pour l’œil ils ne vont pas superbien ensemble. Là aussi, l’automatique (celui avec le manche noir) est plus harmonieux M’enfin ça aussi, c’est franchement du pinaillage de ma part.
Le seul truc qui me dérange réellement dans le design, (et qui ne se voit pas trop sur mes photos pourries) c’est ce revêtement bleu flashouille de l’ergot et des entretoises en alu. Ridicule, ce bleu. Mais alors vraiment ridicule. C’est un couteau, pas un jouet ! Je suis sûr qu’ils en sont très fiers (en général, plus on a mauvais goût, moins on voit que d’autres n’ont pas le même). Je me demande pourquoi ils ont fait ça. Peut-être par volonté de faire remarquer le petit nouveau chez les titane framelocks ? Ils se sont dit qu’il fallait inventer une « Bradley touch »… Ou alors une soirée où le concepteur du couteau avait décidé de goûter la gamme complète de chez Jack Daniels ? Là aussi, un ou deux grammes de titane classieux et discret, j’aurais préféré.
Mais bon, pour le prix, on ne peut que s’incliner et dire « Chapeau bas ». Merci Benchmade et Bradley Cutlery ! Et au total, si on me demande si ça vaut la peine d’acheter un Bradley alias 1, je réponds oui sans hésitation et je le recommande comme EQM sans arrière-pensée. Pour le proposer à un prix correct, ils ont rogné sur certaines choses (finitions, détails comme le clip, l’esthétique des entretoises etc.), mais pas sur l’essentiel (matériaux, solidité, efficacité). Des framelocks sérieux en titane + S30V à ce tarif, il n’y a pas l’air d’en avoir des masses… Donc très bon couteau et excellente affaire.
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Mots-clés : Couteaux Bradley
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