Le
couteau Exskelibur-1
titane est une nouveauté Böker Plus 2016 dont je n’avais pas connaissance. Il faut dire que la communication de Böker est très loin d’être parfaite, ce qui est tout de même dommage lorsqu’il s’agit de vendre des
couteaux, d’autant plus lorsque le
couteau concerné est une version haut de gamme d’un modèle déjà considéré comme excellent dans ses déclinaisons antérieures.
Le
couteau conçu par le coutelier sud-africain Mike Skellern reçoit des matériaux qui le placent désormais au niveau des meilleurs
couteaux du marché.
Le modèle Exskelibur-1 est disponible avec un manche en
titane ou bien avec un manche équipé de côtes en fibre de carbone, pour des raisons personnelles j’ai choisi la version
framelock qui s’avère absolument étonnante.
Le
couteau mesure avec la lame fermée 11,70 cm pour une longueur totale de 20,60 cm, sans être un
couteau trop grand, on peut dire que c’est déjà un instrument de grande dimension. Cette grande dimension est rendue plus facile à utiliser par une réduction drastique de la masse, le
couteau pèse seulement 87 grammes, une sorte de record en quelque sorte. Il est certain que la version 2 toujours en mode
framelock est mieux adaptée au concept
EDC. Ce
couteau est aussi très plat, ce qui est plutôt un avantage de mon point de vue.
L’architecture mécanique est très simple et fait appel à un système de type Reeve Integral Lock (RIL) classique sans ajout d’un liner de contact anti-usure au bout du frame et sans dispositif du type Lock Bar Stabilizer : il faut dire qu’il n’est pas destiné à un usage
tactique quelconque mais de manière beaucoup plus réaliste à une utilisation paisible comme utilitaire. L’alliage est un
titane Ti6 Al4 V de grade 5 classique en coutellerie custom et industrielle.
Les deux côtes en
titane possèdent une épaisseur identique de 2 à 3 mm, la partie la plus épaisse correspond pour chacune aux deux extrémités. La platine sui sert de verrou possède une seule découpe assurant l’élasticité nécessaire au fonctionnement du frame, cette découpe est interne et son usinage est très propre. Certes, le
framelock est plus faible que celui du
Sebenza, mais nous sommes dans une configuration beaucoup plus légère !!!
On note l’absence de découpe circulaire destinée à supprimer le stress mécanique du
titane qui est susceptible d’induire la formation d’un crique. Pour autant, le verrouillage de la lame est immédiat et se fait avec un claquement sec jubilatoire. Ce verrouillage est excellent, on ne constate aucun jeu latéral ou vertical, et le verrou ne bouge pas lors de la prise en main, comme cela était le cas pour certains framelocks de prix pourtant fabriqués à Solingen, alors que ce modèle est une production chinoise de très bon niveau.
Le déploiement de la lame se fait au moyen d’une rampe crantée, un système de type lip, comme on en trouve sur un certain nombre de
couteaux custom. Le maniement est assez simple, personnellement je procède à une ouverture partielle avec mon pouce droit et je termine le mouvement avec l’index droit : l’ouverture est plutôt facile avec un peu d’entraînement. Bien sûr le système reste plus lent qu’avec des thumbstuds ou un Round Hole, mais franchement cela marche bien et intellectuellement c’est intéressant de changer un peu de mode opératoire.
La visserie du manche comprend des vis torx au nombre de deux, de diamètre moyen, on trouve aussi bien sur un stop pin assez massif et un axe de pivot de la lame qui paraît bien dimensionné par rapport à la lame : la construction est robuste et la prise en main confirme cette première impression, reste à voir comment le
couteau va vieillir dans le temps.
L’ergonomie paraît assez rectiligne mais le manche assez long autorise une bonne prise en main qui devrait convenir au plus grand nombre possible d’utilisateurs. Le pouce se positionne naturellement à l’aplomb de la rampe usinée au sommet de la lame et le contrôle directionnel de l’action de coupe est très facile. Il faut bien intégrer la masse relativement faible du
couteau par rapport à sa taille sous peine d’amplifier de manière inutile des mouvements déjà importants. Le manche possède une épaisseur de 8/10 mm, il est donc extrêmement étroit et sa hauteur moyenne est de 2,40 cm. La hauteur relative du manche compense donc l’étroitesse de celui-ci.
Le clip en
titane possède une anodisation bleu de toute beauté, malheureusement il est dur comme une barre à mine sur mon exemplaire, soit il sert essentiellement à empêcher une déformation élastique irréversible du verrou, soit c’est simplement un clip raté, comme souvent dans la gamme Böker Plus. Il possède une visserie cruciforme de très petite taille et est réversible en position Tip Up. On notera au passage que les flancs en raison de l’anodisation ont fait l‘économie d’un polissage poussé et sont un peu brut de fonderie…
La lame possède une excellente rétention au moyen d’une bille en acier bien dimensionnée et même en secouant le
couteau comme un prunier, la lame ne sort pas du manche par gravité et c’est très bien comme cela.
La lame est une géométrie Drop Point pure totalement orientée vers l’usage utilitaire le plus polyvalent possible, et je dois avouer que c’est une très belle lame aussi efficace qu’agréable à l’œil. Böker a très bien fait les choses et l’acier utilisé est le CPM-S35VN, il sera donc difficile de trouver mieux, dans le meilleur des cas on trouve seulement des aciers de même niveaux. Personnellement avec mon expérience concrète je considère que le S35VN fait jeu égal avec les super-aciers de type M390, CPM-20CV, et CTS-204P. Tout cela est très difficile à départager de manière concrète lors de l’utilisation des lames, seules des expérimentations du type CATRA sont en mesure de pondérer la place relative de chaque acier avec fiabilité.
Le CPM-S35VN a été développé en 2009 par Crucible en collaboration avec
Chris Reeve tout comme son prédécesseur le CMP-S30V. Les données techniques publiées montrent que le S35VN possède la composition suivante : 1,40% de carbone, 14% de chrome, 3% de vanadium, 0,5% de niobium et 2% de molybdène. Cet acier possède donc des carbures de vanadium, de niobium et de chrome. L'adjonction de niobium permet selon Crucible d'obtenir une résistance accrue de 15 à 20% par rapport au S30V concernant les chocs (sollicitations mécaniques transverses). En revanche, les capacités de coupe des deux aciers données par l'indice CATRA sont identiques avec un indice de 145 (la base 100 est donnée par le 440 C, le test est une opération mécanique de coupe de cartons enduits de silice, dans ce test scientifique le 154 CM obtient seulement un indice de 125!!). Toujours selon Crucible pour des applications de coutellerie, le traitement thermique recommandé doit procurer une dureté comprise entre 58-61 HRC.
La lame possède une épaisseur de 2,8 mm très suffisante pour un usage raisonnable, avec une émouture en creux vraiment exceptionnelle, qui donne l’occasion au S35VN d’exprimer toute sa puissance. Le tranchant obtenu est réellement rasoir au sortir de la boite et la lame adhère très bien à la matière, elle est très coupante. La hauteur de la lame est de 28 mm, ce qui est très respectable. On note que les rondelles placées de part et d’autre de la lame ne sont pas en bronze phosphoré mais plutôt en téflon, cela étant dit le résultat final est très honorable.
Au terme de cette revue, le
couteau apparaît donc comme un excellent outil coupant, avec une distinction identique à celle d’un
EDC de gentleman et des grandes qualités ergonomiques. Son rapport qualité/prix est tout à fait exceptionnel et en fait à l’évidence un très bon choix sur un marché qui comprend un nombre de plus en plus important de
couteaux de qualité.
Talon de lame : Oui
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Mots-clés : Couteaux Boker
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