La custom collaboration de Fox avec un des génies de la coutellerie moderne, Ron Lake, est sans aucun doute un évènement majeur. Le couteau se présente d’une manière assez logique comme un Lock Back modernisé caractéristique du travail de Ron Lake.

De manière ostensible le Ron Lake fabriqué par Fox à Maniago reprend un aspect Vintage qui est désormais présent dans plusieurs styles : on prend un couteau dépourvu des aspects tactiques et le système de port par clip est abandonné au profit d’un excellent étui en cuir. Je pense que beaucoup d’amateur de couteau devraient être sensible à l’aspect nostalgique qui se dégage d’une telle combinaison. CRKT avait tenté de présenter plusieurs designs de Ron Lake, assez intéressant sur le plan de la ligne, mais jamais dotés d’une lame dans un acier digne de ce nom. C’est cette déficience qualitative que vient combler le Ron Lake de Fox.
 

Le couteau mesure 10,30 cm fermé pour une longueur totale de 18,30 une fois la lame déployée, autant dire que le couteau est très compact, pas agressif du tout, c’est-à-dire potentiellement bien adapté à un rôle d’EDC. Sa masse est de 116 grammes.
 

L’architecture du couteau est classique c’est un Lock Back revue et corrigé par Ron Lake, c’est-à-dire un couteau fiable et robuste. Le couteau comprend deux platines en acier inoxydable non ajourées d’une épaisseur de 1/1,5 mm. Les deux platines se terminent en fin de manche par une double découpe symétrique permettant d’inclure une dragonne pour autant que cela puisse être justifié pour un tel couteau.
 

Le manche comprend des côtes en G-10 noir d’une épaisseur de 3 mm dont la texture soyeuse est celle d’un G-10 poncé. Il est certain que les deux côtes concourent à la bonne prise en main du couteau concernant l’épaisseur du manche, je regrette à titre personnel que le G-10 ne fournisse pas un peu plus de grip, mais il convient de dire que cela est sans conséquence pour la qualité de prise en main du couteau.
 

Disons que le volume du manche et son ergonomie avec un quillon avant résultant de la découpe des platines et des côtes en G-10 et un rebord arrière permettant de bien caler les doigts de la main permettent un usage très sûr et très facile du couteau.
 

 

L’ajustage des platines et du mécanisme à pompe est un modèle du genre, au même niveau de qualité que les Lock Back Spyderco fabriqués à Seki City. Certes dans la cas du couteau Fox Ron Lake la pompe est beaucoup plus décalée vers l’arrière du manche, et le ressort n’est pas un simple feuillard métallique ayant la forme d’une lamelle, mais un véritable ressort à spirales : tout cela est bien fait et très bien ajusté. L’ouverture de la lame n’est pas trop ferme, en revanche le verrouillage est plutôt ferme ce qui me convient bien en termes de sécurité.
 

Le couteau est équipé du fameux dispositif de sécurité coulissant dont la commande est intégrée sur la côte gauche. Le système possède la forme d’un curseur qui permet de positionner un système de blocage sous la pompe arrière par simple coulissage d’une pièce métallique. Ce système est très sûr, il peut aussi être activé lorsque la lame est fermée de manière à en bloquer l’extraction, mais à mon avis cette deuxième fonction est moins pertinente que la sécurisation de la lame en position ouverte.
 

Le manche possède une épaisseur de 12 mm pour une hauteur maximale de 25 mm dans la partie la plus galbée du manche, au niveau du quillon on obtient 28 mm et en bout de manche 27 mm.
 

D’une manière générale le couteau est dépourvu de zone de crantage, à l’exception notoire de la zone du quillon avant, ou un quadrillage assez agressif est censé permettre une utilisation avancée de  la lame pour des travaux de coupe de précision. Dans la pratique cette position avancée avec l’index appuyé sur la zone crantée est tout à fait possible, d’autant plus que la lame possède un ricasso non affuté assez important. Sur le plan de l’ergonomie, on doit toutefois considérer que le système de finger choil Spyderco est meilleur à l’usage.
 

 

La visserie apparente est constituée de 6 vis Torx de chaque côté du manche. Le pivot de la lame est assez massif mais reçoit en son centre l’emprunte en creux d’une visserie torx de diamètre moyen.
 

La lame est réalisée en acier N690Co. La dénomination complète de l’acier est N690Co (Böhler-Uddeholm), Il s’agit d’un acier martensitique au chrome, avec addition de cobalt, molybdène et vanadium. Il existe une variante N690 ISO Extra qui est réalisée par fusion par arc sous vide.
 

A l’origine, il s’agit d’un acier de coutellerie, mais pas seulement. Il  a été conçu pour les applications de découpe (coutellerie, instruments chirurgicaux...) ainsi que les pièces soumises à forte sollicitation (roulements, valves, pistons, etc.). La dureté d’utilisation recommandée pour cet acier est comprise entre 58 et 60 RKC.
 

Mon usage particulier avec cet acier montre que l’on dispose d’un acier de qualité qui permet l’obtention et l’entretien facile de tranchants très coupant. Sur le plan du ressenti, on peut dire que le N690Co évoque autant le VG-10 que le 154 CM.
 

La lame du Ron Lake possède une géométrie Drop Point ultra polyvalente. La lame est épaisse de 3 mm pour une hauteur moyenne de 23 mm. Le dos de la lame est intégralement plat, à l’exception d’une sorte de petit vague située au niveau de la pointe. Cette aménagement n’a aucune fonction mécanique, en revanche elle tend à conférer un peur de tension dans la géométrie Drop Point en rajoutant un élément Spear Point très modéré.
 

L’émouture est de type plate sur mon exemplaire et permet dès réception de disposer d’une lame très coupante. La lame mesure 78 mm ricasso compris pour un tranchant de 70/71 mm. Il est certain que la suppression du finger choil exotique aurait permis de récupérer au moins 2 mm de tranchant.

Ce couteau a été porté en EDC et s’est révélé très performant pour des travaux de coupes du domaine de l’ouverture d’emballage cartonné. Son port à la ceinture dans un étui noir est très discret, ce qui est de bon alois et en fait un outil facile à saisir, même si l’extraction de l’étui est moins rapide que lors de l’utilisation d’un clip de poche. Compte tenu du fait que c’est un couteau qui n’a rien de tactique et qui renvoie à une autre époque quasiment, on peut considérer que c’est une excellente réalisation à mettre au crédit de Fox.

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