Le Starmate est une création de Robert Terzuola, qui a été produite à deux reprises par Spyderco, une première fois à la fin des années 1990, avec une lame en acier CPM-440V, c’est-à-dire avec une nomenclature moins brouillonne en CPM-S60V. Cette première mouture était fort mal distribuée en France, l’essentiel des couteaux étaient disponibles à l’Armurerie de la Bourse, uniquement avec des serrations sur la lame et un prix de vente qui dépassait les 1500 francs.

Une seconde version a été produite par Spyderco il y a 4/5 ans avec cette fois une lame en VG-10 dépourvue de serrations, j’ai donc jeté mon dévolu sur ce couteau et je pense avoir bien fait car il n'est toujours pas un couteau permanent du catalogue de la firme de Golden  sous la dénomination C55G. Je ne doute guère qu’il ne reste pas très longtemps au catalogue et, dans le pire des cas, il y fera un troisième passage car c’est un couteau qui est considéré par les amateurs américains comme un « modern classic » et qui est capable d’être vendu en très grande quantité.
 

Le couteau est par son architecture un outil très solide sans posséder le poids d’un âne mort comme le récent CRKT BT-70. Le couteau mesure 12,5 cm fermé pour 22 cm lame déployée. Sa masse est de 139 grammes.

La structure est du type open frame sans entretoise en G-10 venant alourdir le couteau pour un bénéfice mécanique incertain. Le couteau comprend deux platines en acier inoxydable d’une épaisseur identique de l’ordre de 2 mm. On note que les deux platines ont été ajourées au maximum de ce qui est possible sans compromettre la rigidité structurelle de l’ensemble. La platine de droite est ajourée par cinq découpes circulaires de diamètres variables, tandis que la platine verrou est ajouré par six découpes circulaires de petit diamètre, dont trois dans le Liner Lock et avec une dernière découpe circulaire de plus grand diamètre en bout de manche. L’ensemble est fort bien réalisé, et permet d’envisager l’utilisation du couteau comme EDC.

Le système de verrouillage est un Liner Lock modifié par Robert Terzuola, c’est-à-dire que le verrou possède une face convexe qui vient prendre appui dans un usinage concave au talon de la lame : cette construction procure un verrouillage optimal pour un dispositif de type Liner Lock et permet d’avoir une grande confiance lors de l’utilisation du couteau. C’est un apport majeur de Bob Terzuola à la construction mécanique des fermants tactiques modernes.

Le manche reçoit des côtes en G-10 noir, dont la texture est un peu rêche sans être abrasive, qui apportent vraiment un plus lors de la prise en main. L’épaisseur du G-10 noir est de 1,5 mm. Le manche est un peu rectiligne, avec une prise en main qui rappelle fort celle des couteaux tactiques des années 1979/1986, mais elle est excellente parce qu’elle offre une surface de prise en main très confortable. En outre la partie inférieure du couteau offre une double découpe ergonomique en forme concave qui optimisent la prise en main.

La visserie du manche est une visserie torx de moyen diamètre, extrêmement efficace pour obtenir un assemblage très solide. Le manche possède une épaisseur de 11 mm pour une hauteur de 26 à 27 mm. La découpe avant des platines et des côtes forme un moignon de quillon avant, ce qui appréciable, tout en sachant que la protection offerte reste inférieure à un véritable quillon : à bien y réfléchir la prise en main du couteau est suffisamment sûre pour que cela n’ai aucun impact sur la sécurité de l’utilisateur lors des travaux de coupe.

Le clip est le fameux clip Spyderco en forme de cuillère, je n’ai guère d’estime pour ce clip d’autant plus qu’il est ridiculement brillant en poche, une finition noire à l’aide d’une nitruration ou d’un dépôt par PVD aurait quand même été supérieure. Toutefois, la retenu en poche du couteau est irréprochable, et luxe rarissime pour un couteau industriel, le clip possède 4 positions, donc j’admets tout de même qu’il est de grande qualité et bien adapté au couteau. La finition des flancs du clip reste perfectible comme sur pratiquement tous les couteaux Spyderco et c’est bien dommage pour le prix…

La lame est réalisée dans l’excellent acier japonais VG-10 dont la qualité du tranchant le dispute à la facilité d’entretien. La lame possède une géométrie Drop Point très sympathique, en tout cas assez tendue pour être intéressante tout en restant d’une grande polyvalence.

La lame possède une épaisseur de 4 mm, qui ne sera jamais pénalisante pour les travaux de coupe, puisque la gestion dégressive de l’épaisseur est parfaitement adaptée à une lame de couteau utilitaire. L’émouture est réalisée en creux avec l’obtention d’un tranchant très coupant.

La lame mesure 100 mm si l’on intègre le ricasso et le tranchant utile est de 90 mm, ce qui peut être considéré comme satisfaisant sur un Spyderco ou trop souvent des lames courtes sont encore plus raccourcies par la présence de finger choil, pas forcément utiles sur de petits couteaux ; on pense notamment au Native 5 mais pas seulement.

Le déploiement de la lame au moyen du Spyderhole est particulièrement onctueux grâce à l’utilisation de rondelles en bronze phosphoré. La lame du Starmate est un chef d’œuvre d’usinage de précision avec une finition satinée parfaite et des marquages réduits au minimum, avec seulement la mention Spyderco et le logo de la firme à l’araignée, la mention de l’acier et le dragon de Robert Terzuola. A priori toutes les inscriptions ont été effectuées avec un laser.

La lame comprend un faux contre-tranchant non affuté, et son dos est intégralement plat à l’exception d’une zone crantée située à l’arrière du Round hole sur 15 mm pour poser le pouce. Cet appui est très bien pensé, et permet par la même occasion d’effectuer une pression contre le Spyderhole, le contrôle directionnel et le contrôle de la force à appliquer sont donc très faciles à exercer. On note que le talon de la lame, à hauteur de l’appui sur le stop pin a reçu un usinage en creux léger, dans le style de Chris Reeve et dispose donc d’un calage mécanique parfait.

Ce couteau est une réalisation exceptionnelle qui devrait plaire à tous les amateurs de couteaux tactiques, autant que de beaux couteaux, une custom collaboration de Robert Terzuola est toujours un grand moment d’émotion, et à l’heure actuelle nous disposons sur le marché des fermants industriels de trois couteaux, le Starmate, le BT-70 qui est un fermant tactique lourd chez CRKT ainsi que le modèle FX-515 chez Fox qui est un très bon couteau à mi-chemin du couteau tactique et du couteau de gentleman. En ce qui me concerne pour disposer de tous les modèles, il n’y rien à jeter…

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