Oct. 14
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Spyderco Sprint Run Manix 2Gray/Cruwear
Un nouvel acier performant le CPM Cruwear
Le Manix 2 sest imposé comme un classique de la gamme Spyderco et je dois dire que cest lun de mes utilitaires préférés en dehors de toute référence à une environnement tactique ou présumé comme tel. Cest pourquoi il est intéressant de se pencher sur un Sprint Run doté dune lame en acier CPM Cru Wear une nuance atypique, mais qui a déjà été utilisé avec succès par Spyderco sur une version limitée du Military.
La formidable puissance commerciale de lentreprise de Golden ainsi que la volonté de Sal Glesser de continuer à innover permettent de plus en plus au public américain daccéder à des pièces remarquables. Certes en France, la disponibilité des Sprint Run Spyderco reste très limitée. Le Manix 2 est disponible en plusieurs variantes, dont la version originale dotée dune formidable lame en 154 CM (cette version nest plus disponible : elle a été remplacée par une version à lame en CPM-S30V à émouture plate) et des versions allégées disponibles avec des lames en acier Carpenter à émouture full flate. Le Diamond Gray étudié dans cette revue reprend la structure mécanique du Manix 2 original en y ajoutant une lame à émouture plate réalisée dans un acier pour le moins exotique.
Le Manix 2 est doté dun système de verrouillage Ball Bearing Lock qui offre un verrouillage de type ponctuel par appui dune bille dacier sur le talon de la lame. La bille dacier est poussée par un ressort qui me paraît avoir été raidi par rapport à mon premier Manix 2. La bille dacier sengage sur le talon de la lame et est alors prise en étau entre le méplat usiné sur le talon de la lame et lentretoise en acier située sur le dessus du manche. Par définition, la bille dacier est rigoureusement incompressible : par conséquent le verrouillage obtenu est probablement lun des plus solides du marché. Le premier système Ball Bearing a été imaginé et utilisé sur son premier couteau, le Dodo. A lépoque la bille dacier possédait un diamètre assez important et pouvait être manipulée à la main, cela était possible, mais pas forcément très facile. Je possède un Sprint Run du Dodo à manche en fibre de carbone et bille en céramique technologique : jespère avoir le temps den faire une revue. Par la suite le système Ball Bearing est plus ou moins tombé en désuétude avant de réapparaître sur un petit couteau, le Spyderco Pikal, une réalisation tout à fait étonnante par sa qualité. Sur le Pikal, la bille dacier a été réduite en volume, le diamètre plus faible nécessite donc le recours à des curseurs symétriques réalisés en plexiglass.
La famille des Manix2 et Manix XL a fait renaitre le système Ball Bearing sur le principe utilisé sur le Pikal. Ces deux utilitaires sont des couteaux de travail très appréciés de leurs divers propriétaires. Le seul point faible du système réside dans la relative vulnérabilité des curseurs en polymère à des chocs susceptibles de les endommager assez facilement : ce constat est devenu une critique assez répandu du système.
Le Manix 2 Diamond Gray étudié possède une longueur fermée de 11,8 cm pour une longueur totale de 20,5 cm ce qui en fait déjà un couteau plutôt imposant, mais dénué dagressivité. La masse du couteau est de 122 grammes ce qui reste raisonnable pour un bon couteau de travail polyvalent.
Le manche possède toujours la même courbure, la découpe avant des platines constitue un quillon inférieur très efficace. Le manche possède une zone de crantage supérieure correspondant à lentretoise métallique indispensable pour le Ball Bearing Lock, ce crantage est rugueux sans être intolérable : le positionnement du pouce pour une action de coupe est toujours aussi confortable. La seconde zone de crantage est située sous le manche dans sa partie antéro-postérieure, elle présente la même sensation tactile que celle de lentretoise, cest-à-dire que la main possède un grip particulièrement sûr qui correspond bien à un couteau de travail. Le quillon avant reçoit lui aussi un crantage assez fin mais fort efficace.
Les platines en acier inoxydable du manche sont ajourées par des découpes en forme de trapèze qui jouent un rôle majeur pour alléger le couteau. La visserie torx utilisée ainsi que laxe du pivot de la lame sont identiques à la structure utilisée sur le Native 5 et sur le Paramilitary 2 : du solide, du très solide même.
Le manche possède une épaisseur proche des 12 mm et sa largeur atteint le maximum dans la partie arrière galbée avec 30 mm. Ce manche autorise une prise en main puissante, sans aucune crainte que la main puisse glisser même en transpirant.
Les côtes en G-10 Diamond Gray possèdent un superbe motif en forme de losange, du plus bel effet visuel. Ces côtes ont une texture moins abrasive que celle de mon Manix 2 original, mais elles remplissent bien leur fonction avec un petit effet design agréable.
Le clip est malheureusement le clip en forme de cuillère de Spyderco, certes efficace en poche, mais trop brillant. On note que le clip est réversible. Les flancs du clip sont mieux finis que ceux des clips de série, toutefois, la partie latérale inférieure laisse voir un défaut de polissage un peu déplacé sur un couteau en série limitée
La lame possède la forme classique en fer de lance de la plupart des Spyderco à vocation utilitaire. La partie antérieure du Spyderhole reçoit un crantage situé sur une rampe très fonctionnelle pour le pouce. Le Spyderhole possède un diamètre de 12 mm très facile à utiliser.
La lame mesure 85 mm mais est dotée dun finger choil cranté permettant de positionner un doigt en position avant en toute sécurité pour une coupe de précision. Le seul aspect négatif de cette organisation est de réduire la partie coupante à 75/76 mm, ce qui est respectable, mais peut apparaître un peu cours pour la longueur assez importante de cette lame.
La lame possède une épaisseur classique de 3 mm avec un dos intégralement plat. Lacier retenu est un acier outil fort peu connu, en loccurrence il sagit du CPM Cruwear, un acier produit par Crucible. Crucible ne fournit pas de data sheet sur cet acier CPM, en revanche les données sont disponibles pour le Cruwear ordinaire. Lutilisation de la métallurgie des poudres pour produire cet acier ne peut que renforcer ses qualités intrinsèques qui sont la résistance à lusure et une bonne résilience : les données métallographiques disponibles sur le Cruwear classique montrent une résilience et une résistance à lusure plus forte et surtout plus homogène que le D2.
La teneur en carbone du Cruwear est inférieure à celle du D2 qui atteint 1,55% (les autres composants chimiques du D2 étant le chrome avec 11,5%, le vanadium : 0,80% ; et le molybdène avec 0,90%).
Le Cruwear perd laspect semi-inoxydable du D2 et devient vulnérable à la corrosion comme un acier au carbone en labsence de lentretien nécessaire pour une telle lame.
Dune manière générale, Crucible explique que le Cruwear contient moins de carbure que le D2, mais que les carbures du Cruwear sont des carbures possédant une plus grande capacité de coupe et une moindre usure. Sur le plan technique cela se traduit par une composition chimique qui est la suivante : carbone 1,10% ; chrome 7,50% ; vanadium 2,40% ; tungstène 1,15% ; molybdène 1,60%.
Les carbures qui apportent lessentielle de la puissance de coupe sont donc des carbures de vanadium et des carbures de tungstène. En outre, Crucible indique dans son datasheet que les quantités de tungstène et de molybdène sont suffisantes pour provoquer un durcissement secondaire de lacier permettant datteindre 65 RKC, ce qui nest pas possible sur le D2 classique.
Le CPM Cruwear reste un acier assez marginal en coutellerie puisque cest la seconde fois ou Spyderco lutilise pour réaliser la lame dun Sprint Run, le premier couteau était un Mlitary.
A lheure actuelle nous avons pléthore daciers de qualité avec le CPM-S30V et son évolution le S35VN, mais aussi lElmax utilisé de série par Zero Tolerance ainsi que des nuances plus rares comme le M390 et le CPM-S90V.
Sur le plan technique, il est certain quil est souhaitable davoir une activité de R&D importante, cest un gage de qualité, mais il faut se défier de la multiplication des aciers dont le seul but est dattirer lattention de collectionneur. Je reconnais que cest mon cas avec lachat de ce Sprint Run. Toutefois, si lon recherche des aciers possédant des caractéristiques assez proche on pense tout de suite au CPM-M4 et au CPM-3V. Si lon admet que la question de labsence dinsensibilité à lhumidité nest pas un problème, nul doute quils offrent déjà des avantages équivalents ou supérieurs au CPM-Cruwear.
Pour conclure, une excellente lame dans un très bon acier, mais dans un secteur fort concurrentiel, en outre la vulnérabilité à la corrosion me laisse toujours un peu sceptique sur un fermant tactique. Même si lentretien dune lame me paraît quand même faire partir des bases pour un amateur qui se respecte.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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