Oct. 14 27

Spyderco Sprint Run Manix 2Gray/Cruwear

Un nouvel acier performant le CPM Cruwear

  • Currently 4.5/5

Note : 4.5/5 (2 notes)

Le Manix 2 s’est imposé comme un classique de la gamme et je dois dire que c’est l’un de mes utilitaires préférés en dehors de toute référence à une environnement ou présumé comme tel. C’est pourquoi il est intéressant de se pencher sur un Sprint Run doté d’une lame en acier CPM une nuance atypique, mais qui a déjà été utilisé avec succès par sur une version limitée du Military.


La formidable puissance commerciale de l’entreprise de Golden ainsi que la volonté de Sal Glesser de continuer à innover permettent de plus en plus au public américain d’accéder à des pièces remarquables. Certes en France, la disponibilité des Sprint Run reste très limitée. Le Manix 2 est disponible en plusieurs variantes, dont la version originale dotée d’une formidable lame en 154 CM (cette version n’est plus disponible : elle a été remplacée par une version à lame en CPM-S30V à émouture plate) et des versions allégées disponibles avec des lames en acier Carpenter à émouture full flate. Le Diamond Gray étudié dans cette revue reprend la structure mécanique du Manix 2 original en y ajoutant une lame à émouture plate réalisée dans un acier pour le moins exotique.

Le Manix 2 est doté d’un système de verrouillage Ball Bearing Lock qui offre un verrouillage de type ponctuel par appui d’une bille d’acier sur le talon de la lame. La bille d’acier est poussée par un ressort qui me paraît avoir été raidi par rapport à mon premier Manix 2. La bille d’acier s’engage sur le talon de la lame et est alors prise en étau entre le méplat usiné  sur le talon de la lame et l’entretoise en acier située sur le dessus du manche. Par définition, la bille d’acier est rigoureusement incompressible : par conséquent le verrouillage obtenu est probablement l’un des plus solides du marché. Le premier système Ball Bearing a été imaginé et utilisé sur son premier , le Dodo. A l’époque la bille d’acier possédait un diamètre assez important et pouvait être manipulée à la main, cela était possible, mais pas forcément très facile. Je possède un Sprint Run du Dodo à manche en fibre de carbone et bille en céramique technologique : j’espère avoir le temps d’en faire une revue. Par la suite le système Ball Bearing est plus ou moins tombé en désuétude avant de réapparaître sur un petit , le Pikal, une réalisation tout à fait étonnante par sa qualité. Sur le Pikal, la bille d’acier a été réduite en volume, le diamètre plus faible nécessite donc le recours à des curseurs symétriques réalisés en plexiglass.

La famille des Manix2 et Manix XL a fait renaitre le système Ball Bearing sur le principe utilisé sur le Pikal. Ces deux utilitaires sont des de travail très appréciés de leurs divers propriétaires. Le seul point faible du système réside dans la relative vulnérabilité des curseurs en polymère à des chocs susceptibles de les endommager assez facilement : ce constat est devenu une critique assez répandu du système.

Le Manix 2 Diamond Gray étudié possède une longueur fermée de 11,8 cm pour une longueur totale de 20,5 cm ce qui en fait déjà un plutôt imposant, mais dénué d’agressivité. La masse du est de 122 grammes ce qui reste raisonnable pour un bon de travail polyvalent.

Le manche possède toujours la même courbure, la découpe avant des platines constitue un quillon inférieur très efficace. Le manche possède une zone de crantage supérieure correspondant à l’entretoise métallique indispensable pour le Ball Bearing Lock, ce crantage est rugueux sans être intolérable : le positionnement du pouce pour une action de coupe est toujours aussi confortable. La seconde zone de crantage est située sous le manche dans sa partie antéro-postérieure, elle présente la même sensation tactile que celle de l’entretoise, c’est-à-dire que la main possède un grip particulièrement sûr qui correspond bien à un de travail. Le quillon avant reçoit lui aussi un crantage assez fin mais fort efficace.
Les platines en acier inoxydable du manche sont ajourées par des découpes en forme de trapèze qui jouent un rôle majeur pour alléger le . La visserie torx utilisée ainsi que l’axe du pivot de la lame sont identiques à la structure utilisée sur le Native 5 et sur le Paramilitary 2 : du solide, du très solide même.

Le manche possède une épaisseur proche des 12 mm et sa largeur atteint le maximum dans la partie arrière galbée avec 30 mm. Ce manche autorise une prise en main puissante, sans aucune crainte que la main puisse glisser même en transpirant.

Les côtes en G-10 Diamond Gray possèdent un superbe motif en forme de losange, du plus bel effet visuel. Ces côtes ont une texture moins abrasive que celle de mon Manix 2 original, mais elles remplissent bien leur fonction avec un petit effet design agréable.

Le clip est malheureusement le clip en forme de cuillère de , certes efficace en poche, mais trop brillant. On note que le clip est réversible. Les flancs du clip sont mieux finis que ceux des clips de série, toutefois, la partie latérale inférieure laisse voir un défaut de polissage un peu déplacé sur un en série limitée…

La lame possède la forme classique en fer de lance de la plupart des à vocation utilitaire. La partie antérieure du Spyderhole reçoit un crantage situé sur une rampe très fonctionnelle pour le pouce. Le Spyderhole possède un diamètre de 12 mm très facile à utiliser.

La lame mesure 85 mm mais est dotée d’un finger choil cranté permettant de positionner un doigt en position avant en toute sécurité pour une coupe de précision. Le seul aspect négatif de cette organisation est de réduire la partie coupante à 75/76 mm, ce qui est respectable, mais peut apparaître un peu cours pour la longueur assez importante de cette lame.

La lame possède une épaisseur classique de 3 mm avec un dos intégralement plat. L’acier retenu est un acier outil fort peu connu, en l’occurrence il s’agit du CPM Cruwear, un acier produit par Crucible. Crucible ne fournit pas de data sheet sur cet acier CPM, en revanche les données sont disponibles pour le Cruwear ordinaire. L’utilisation de la métallurgie des poudres pour produire cet acier ne peut que renforcer ses qualités intrinsèques qui sont la résistance à l’usure et une bonne résilience : les données métallographiques disponibles sur le Cruwear classique montrent une résilience et une résistance à l’usure plus forte et surtout plus homogène que le D2.

La teneur en carbone du Cruwear est inférieure à celle du D2 qui atteint 1,55% (les autres composants chimiques du D2 étant le chrome avec 11,5%, le vanadium : 0,80% ;  et le molybdène avec 0,90%).
Le Cruwear perd l’aspect semi-inoxydable du D2 et devient vulnérable à la corrosion comme un acier au carbone en l’absence de l’entretien nécessaire pour une telle lame.

D’une manière générale, Crucible explique que le Cruwear contient moins de carbure que le D2, mais que les carbures du Cruwear sont des carbures possédant une plus grande capacité de coupe et une moindre usure. Sur le plan technique cela se traduit par une composition chimique qui est la suivante : carbone 1,10% ; chrome 7,50% ; vanadium 2,40% ; tungstène 1,15% ; molybdène 1,60%.

Les carbures qui apportent l’essentielle de la puissance de coupe sont donc des carbures de vanadium et des carbures de tungstène. En outre, Crucible indique dans son datasheet que les quantités de tungstène et de molybdène sont suffisantes pour provoquer un durcissement secondaire de l’acier permettant d’atteindre 65 RKC, ce qui n’est pas possible sur le D2 classique.

Le CPM Cruwear reste un acier assez marginal en coutellerie puisque c’est la seconde fois ou l’utilise pour réaliser la lame d’un Sprint Run, le premier était un Mlitary.

A l’heure actuelle nous avons pléthore d’aciers de qualité avec le CPM-S30V et son évolution le S35VN, mais aussi l’Elmax utilisé de série par Zero Tolerance ainsi que des nuances plus rares comme le M390 et le CPM-S90V.

Sur le plan technique, il est certain qu’il est souhaitable d’avoir une activité de R&D importante, c’est un gage de qualité, mais il faut se défier de la multiplication des aciers dont le seul but est d’attirer l’attention de collectionneur. Je reconnais que c’est mon cas avec l’achat de ce Sprint Run. Toutefois, si l’on recherche des aciers possédant des caractéristiques assez proche on pense tout de suite au CPM-M4 et au CPM-3V. Si l’on admet que la question de l’absence d’insensibilité à l’humidité n’est pas un problème, nul doute qu’ils offrent déjà des avantages équivalents ou supérieurs au CPM-Cruwear.

Pour conclure, une excellente lame dans un très bon acier, mais dans un secteur fort concurrentiel, en outre la vulnérabilité à la corrosion me laisse toujours un peu sceptique sur un fermant . Même si l’entretien d’une lame me paraît quand même faire partir des bases pour un amateur qui se respecte.

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