Le couteau Quake  et sa variante Quake XL sont deux nouveautés 2016 de SOG, qui est traditionnellement réputé pour la qualité de ses réalisations.

Par curiosité j’ai jeté mon dévolu sur le Quake XL et je dois avouer une certaine perplexité sur cette réalisation très ambivalente. Concrètement, si une fois déployé on dispose d’un excellent couteau dont l’ergonomie est équivalente à un gros fixe, il n’en va pas de même pour le système d’aide à l’ouverture SAT de deuxième génération qui est extraordinairement dure. Cette dureté, de l’ordre de 5 à 6 kg lors de la fermeture de la lame, produit un effet catastrophique en mode de déploiement assisté : le système mécanique postule que vous effectuiez une pression suffisante sur le quillon rétractable (double quillon en fait) qui sert de levier pour déclencher l’ouverture assistée. La surface sur laquelle vous devez effectuer une poussée verticale est trop étroite et les rebords sont crantés, ce qui a tendance à vous écharper la pulpe du pouce… C’est pour le moins un défaut détestable.
 

En pratique, il est impossible d’obtenir une ouverture de la lame en utilisant une seule main, à moins de disposer d’un pouce de 12 cm et encore… la résistance mécanique à vaincre est beaucoup trop forte. J’ai dû procéder, sur mon exemplaire à une ouverture à deux mains, où la main gauche tient le couteau à l’extrémité du manche et où la main droite exerce une double poussée symétrique sur les quillons inférieures avec le pouce et l’index, le couteau s’ouvre alors sans fluidité.

En revanche l’ouverture se déclenche avec une extraordinaire puissance : la lame est éjectée avec un force qui ébranle l’ensemble du couteau. Si ce problème mécanique est l’élément majeur de mes critiques sur ce couteau, on dénote aussi une dérive ramboesque puérile avec un dos de lame cranté, qui fait penser à une scie bien que cela ne soit pas du tout le cas. Le couteau est affligé d’une triple tête de mort à béret de ranger américain, sur la lame et aux extrémités du manche : on l’aura compris SOG essaye un positionnement marketing du type Tough Guy/Tough Knife dont le résultat concret est, il faut bien le dire, pitoyable !!!!
 

 

Le Quake XL se présente comme un très grand fermant tactique, qui est fabriqué à Taïwan, ce qui, en termes qualitatifs, ne pose en principe aucun problème. Le couteau mesure fermé 14,5 cm pour une longueur totale de 26 cm… ce qui le fait entrer dans la catégorie américaine des mégafolders. La masse est considérable puisqu’elle atteint 221 grammes. Donc en bref pas réellement un EDC, sauf pour les aventuriers en mal de sensations fortes…
 

 

L’architecture mécanique est relativement classique avec des platines en acier inoxydable d’une épaisseur de l’ordre de 1,5 mm, hormis les découpes nécessaires au système SAT de 2ème génération (SOG Assisted Technology 2). Les platines sont allégées par plusieurs découpes géométriques en forme de triangles. Ces découpes sont réalisées de manière très propre et on peut s’interroger sur ce que la masse du couteau aurait été sans cet aménagement. On observe que les platines possèdent un crantage sur la totalité de leur surface, ce crantage est relativement peut abrasif.
 

 

Un système de sécurité permettant l’enclenchement d’une sûreté manuelle facultative est présent sur le dessus du couteau sous forme d’un levier dont l’extrémité crantée elle aussi est légèrement agressive pour votre pouce lorsque vous allez prendre en main le couteau : c’est un défaut supplémentaire très déplaisant, lorsque vous activez manuellement cette sûreté elle positionne une barre qui vient s’’interposer derrière le système button lock qui sert de verrou principal.
 

Ce mécanisme n’est pas totalement inutile, mais compte tenu de l’incroyable dureté du système SAT sur la version XL du couteau c’est quasiment une précaution superfétatoire. Concrètement même un appui involontaire sur le bouton de verrouillage n’entraîne pas de déverrouillage intempestif de lame qui est très lourde et dont la puissance surdimensionnée du système SAT contribue à un maintien en place. Bien que le petit levier apparaisse comme potentiellement blessant, cet aspect est en fait très modéré et n’entraîne pas un inconfort trop insupportable lors d’une prise en en main puissante du couteau : c’est juste un désagrément mineur par rapport à la dureté intolérable de l’assistance à l’ouverture.
 

 

Le manche est absolument énorme et autorise une prise en main très puissante du couteau, l’ergonomie est alors très bien étudiée car on dispose d’une prise en main équivalente à celle d’un couteau fixe de grande dimension, pour une personne disposant d’une main très grande.

Le couteau peut être manipulé en toute sécurité, sans problème et le pouce trouve un appui considérable derrière le quillon supérieur. L’épaisseur des côtes en aluminium est de l’ordre de 6 à 7 mm au maximum avec un quadrillage latéral très agressif : il sera difficile de déraper sur cette sorte de rappe à bois. Le manche possède une épaisseur de 17 à 18 mm au minimum pour une hauteur exceptionnelle de 37 mm, ce qui est tout à fait considérable pour un fermant même tactique !!!

Ce qui donne visuellement une impression massive qui correspond bien à la réalité de ce couteau énorme, qui se révèle une fois laborieusement déployé un outil d’une grande puissance surclassant sans difficulté la plupart de ses concurrents.
 

 

La pièce qui sert de double quillon et de levier très approximatif de déploiement est réalisée en polymère et constitue une véritable garde à double quillon inférieur et supérieure de couleur noire avec des bords latéraux crantés totalement inutiles, voire grotesques. Bien que les polymères de conception moderne possèdent une résistance hors norme, cette pièce articulée autour d’un axe mécanique de faible diamètre, subit une poussée très forte rendue nécessaire par une ouverture calamiteuse, et vient se positionner au contact de la carcasse métallique d’une manière assez brutale (euphémisme). On peut donc émettre un doute raisonnable sur sa longévité, dans le cadre d’un usage intensif du couteau.
 

Si le concept est intéressant, il eut été sans doute beaucoup plus raisonnable d’opter pour une pièce métallique et pour un axe de plus grande dimension…Le calage de cette pièce en position ouverte est tout à fait remarquable, il n’en reste pas moins qu’elle encaisse à chaque ouverture une quantité de mouvement et un choc mécanique qui laissent dubitatif, même si le concept de l’ouverture déclenchée par un quillon amovible demeure très intéressante. Il est évident que le concept est inachevé, ou bien atteint des limites mécaniques évidentes en configuration XL ( je ne suis pas en mesure de parler du Quake de base).
 

La visserie torx utilisée sur la manche est de faible diamètre, toutefois elle paraît de très bonne qualité In fine. On note que l’axe de pivot est massif du côté droit, avec une bavure assez détestable dans l’aluminium, résultant d’une finition médiocre assez peu courante chez SOG.
 

 

Le clip SOG est ostentatoire à satiété, mais il est de bonne qualité et assure une bonne rétention en poche, à condition que vous possédiez des poches assez grandes pour recevoir un tel monstre.
 

La lame est sans grande surprise chez SOG une géométrie Clip Point particulièrement réussie. Cette lame est réalisée en acier VG-10 dont SOG possède une formidable maitrise, avec des traitements thermiques complétés par des phases de trempe cryogénique, pour une dureté comprise entre 58 et 60 RKC. Si l’on met de côté les crantages usinés sur le dos, on peut dire que la lame est absolument superbe son usinage et sa finition sont exempts de toute défectuosité avec  une superbe émouture en creux qui est mise en valeur par une finition bead Blasted.
 

 

 

 

Cette lame possède une épaisseur de 3/3,5 mm plutôt raisonnable et efficace, la pointe possède un faux contre-tranchant non affuté qui ne présente aucun danger pour l’utilisateur, pas plus que les crantages qui sont dépourvus d’angles vifs. La lame de 4.5 pouces possède une zone coupante de 111 mm. Dans son argumentaire marketing SOG stigmatise la lame en précisant qu’elle est optimisé pour les efforts de coupe en perforation : décidément les têtes de la mort qui tue (copyright Guillaume) sont le corolaire des argumentaires marketing qui puent !!!.
 

 

Ce tranchant possède une capacité de coupe exceptionnelle, qui malgré les défauts inexcusables du système d’assistance à l’ouverture en fond un outil coupant supérieurement efficace, qui accroche parfaitement la matière, et incite donc à porter un jugement global plutôt modéré, car une fois la lame déployée vous être en possession d’un couteau exceptionnel. La lame possède une hauteur très impressionnante de 30 à 34 mm exceptionnel sur un fermant.
 

 

A mon avis, les défauts présents sur ce couteau montrent surtout la limite des dispositifs d’assistance à l’ouverture qui deviennent un handicap sur les fermants de grandes dimensions, alors qu’un système Arc Lock aurait tout simplement permis un déploiement onctueux. A force de vouloir jouer la carte « badass(hole) » ridicule, on finit par transformer un excellent concept en pièce de collection pour amateur de couteau tactique et de système mécanique complexe. Une copie à corriger sérieusement pour SOG, sous peine de sombrer dans le ridicule…

 

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