Couteau Kizer Intrepid
Une custom collaboration de Ray laconico
C’est pourquoi dès la fabrication des couteaux Flashbang et Dorado ils ont opté pour la solution très satisfaisante de la custom collaboration avec des couteliers et designers américains. Les deux couteaux précités sont des créations de Marc Cucachiara. Il s’agissait des premiers couteaux dotés de flipper utilisant un système ball-bearing avec des billes réalisées en céramique technologique.
Etant possesseur d’un modèle Flashbang j’aurai l’occasion, je l’espère de revenir sur ces flippers de seconde génération dans la gamme Kizer. Toutefois, la gamme des couteaux Kizer continue à progresser rapidement avec une troisième génération de flipper qui sont une custom collaboration avec Ray Laconico. Je parle de troisième génération dans la mesure où les framelocks sont depuis lors dotés d’un liner anti-usure à l’extrémité du frame. Pour l’instant le très remarquable Gemini (version industrielle du jazzman qui m’a échappé, pour cause de rupture de stock) n’est pas disponible en France, je me suis donc replié assez logiquement sur le modèle Intrepid toujours conçu par Ray Laconico.
L’Intrepid est un couteau massif qui mesure 11,6 cm fermé pour 21 cm lame déployé : le couteau n’est pas extrêmement grand, mais son architecture toute en puissance lui confère une masse de 162 grammes ce qui commence à compter sérieusement….En outre, ce n’est en rien un EDC raisonnable !
Sur le plan mécanique l’architecture est de manière désormais classique celle d’un framelock de type Reeve Integral Lock (RIL) muni de quelques perfectionnements. Les deux côtes en titane possèdent une épaisseur identique de 3 mm, toutefois à l’extrémité du couteau, à l’arrière du manche comme en allant du côté de la lame on constate une épaisseur d’environ 4 mm.
La platine verrou possède une seule découpe destinée à assurer sa flexibilité pour le verrouillage, pour autant cette platine est très puissante et le verrouillage est rapide et puissant. Le verrouillage est toujours constant dans le temps : la prise en main du couteau n’entraîne pas un enfoncement supplémentaire du verrou, ce qui est un bon signe concernant la qualité de l’ajustage du frame.
Les côtes possèdent une couleur gris perle qui évoque certaines variétés de perle de culture improprement dénommé perles noires. Le détourage des côtes est absolument parfait : il ne subsiste aucun angle vif et le polissage des surfaces est au niveau des meilleurs réalisations européennes et américaines. La texture satinée du titane est particulièrement agréable sur le plan tactile. Le seul reproche que l‘on puisse décemment adresser à cette finition est qu’elle est très fragile aux micro-rayures, que ce soit avec un ongle un peu dur ou bien simplement par abrasion sur le tissu d’un Jean épais lors du port du couteau. Il est bon de rappeler que cette problématique est valable pour tous les couteaux munis de côtes en titane. Le seul moyen de limiter ce phénomène est de doter les côtes d’une très légères texture en relief, a minima comme sur le Lion Steel TRE.
L’alliage utilisé est du Ti6 Al4 V, c’est-à-dire un standard industriel que tous les lecteurs connaissent bien. C’est le même alliage qui est utilisé sur la totalité de la production des Sebenza. Le manche comporte une entretoise en titane pour disposer d’une rigidité optimale, qui est de couleur bleu nuit. Sa réalisation est irréprochable, en revanche elle concoure à alourdir un couteau, sans qu’il soit possible de dire qu’une architecture open frame aurait rendu le couteau plus fragile.
Le manche possède une épaisseur de 10/11 mm avec une hauteur de 3 cm au niveau de la découpe ergonomique située en arrière du quillon inférieur. Les côtes ont été usinées de manière symétriques vers l’avant pour constituer le quillon que vient compléter le flipper en position ouverte. L’arrière du manche reçoit une découpe en forme de bec dirigé vers le sol. En dépit de l’absence totale de crantage sur ce couteau, l’ergonomie est un modèle du genre et autorise une prise en main aussi confortable que sécurisée : la prise en main est celle d’un très sérieux outil de coupe et pas seulement celle d’un couteau de salon. La visserie Torx et l’axe du pivot de la lame reçoivent une couleur bleu du plus bel effet qui vient rompre la monotonie d’une surface grise, ajoute ainsi un peu de fantaisie et réduit l’aspect imposant du couteau : j’ai déjà souligné à plusieurs reprises comment la présence d’une couleur claire est de nature à dédramatiser l’apparence d’un couteau aux yeux des profanes, et cela reste vrai pour l’Intrepid.
La lame ne comporte aucun thumbsthud et son déploiement se fait uniquement au moyen d’un flipper très correctement dimensionné. Ce flipper est associé à un système Ball-Bearing dont les billes sont réalisées en céramique technologique et c’est un vrai succès, en très peu de temps Kizer a mis au point un système qui rivalise totalement avec le système IKBS et le dispositif Kershaw KVT.
La lame est une superbe géométrie clip point en tout point semblable à celle que pourrait posséder un gros fixe. J’aime beaucoup cette géométrie que je trouve au moins aussi polyvalente que du Drop Point. La lame mesure 95 mm de la pointe à la naissance du ricasso, avec un tranchant lisse utile d’au moins 90 mm. La lame est épaisse de 4 mm, mais avec une très bonne gestion de l’épaisseur, notamment grâce à une émouture en creux remarquablement exécutée.
La lame est absolument superbe avec une finition stonewashed parfaitement homogène. Sur le dos de la lame on retrouve une rampe rectiligne non crantée ou le pouce vient trouver son appui. Sur cette rampe se trouve d’ailleurs gravé le nom de Ray Laconico, ce qui est inhabituel, mais évite de surcharger les côtés de la lames.
La lame possède une hauteur maximale de 32 mm, elle possède un faux contre tranchant très classique sur une lame Bowie/Clip Point. Le tranchant est absolument redoutable, l’émouture en creux permet au CPM-S35VN d’exprimer toute sa puissance.
Toujours pour mémoire, et pour rendre mon texte autoporteur, je rappelle que le CPM-S35VN a été développé en 2009 par Crucible en collaboration avec Chris Reeve tout comme son prédécesseur le CMP-S30V. Les données techniques publiées montrent que le S35VN possède la composition suivante : 1,40% de carbone, 14% de chrome, 3% de vanadium, 0,5% de niobium et 2% de molybdène. Cet acier possède donc des carbures de vanadium, de niobium et de chrome. L'adjonction de niobium permet selon Crucible d'obtenir une résistance accrue de 15 à 20% par rapport au S30V concernant les chocs (sollicitations mécaniques transverses). En revanche, les capacités de coupe des deux aciers données par l'indice CATRA sont identiques avec un indice de 145 (la base 100 est donnée par le 440 C, le test est une opération mécanique de coupe de cartons enduits de silice, dans ce test scientifique le 154 CM obtient seulement un indice de 125!!). Toujours selon Crucible pour des applications de coutellerie, le traitement thermique recommandé doit procurer une dureté comprise entre 58-61 HRC.
Le bilan est très positif, l’Intrepid est capable de concurrencer tous les modèles de framelocks commerciaux, avec un bémol pour les aspects tactiques, en raison du système de roulement à bille. Mais bon, c’est déjà très bien et je suis extrêmement content de cette pièce, à la fois belle et fonctionnelle. Au moment où j’écris cette revue j’ai beaucoup de mal à m’intéresser à un autre couteau, tant j’ai plaisir à manipuler ce superbe framelock.
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Mots-clés : Couteaux Kizer
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