Mai 14
24
Couteau Spyderco Bob Lum Titanium Tanto
Un classique
Le couteau Spyderco Bob Lum Titanium Tanto a été le premier couteau à lame American tanto introduit par la firme de Golden. Ce couteau constituait le fermant haut de gamme de la marque dans les années 1998/1999. Il a fait l’objet d’un Sprint Run en 2012 avec une lame en VG-10, mais la diffusion a été tellement confidentielle et limitée que la quasi-totalité du stock a été absorbé par le marché intérieur des Etats-Unis. On peut penser qu’une nouvelle édition limitée reste possible compte tenu de la politique générale de Spyderco, avec peut-être quelques pièces pour le marché européen. Cette revue porte sur une version de la série originale que l’on peut reconnaître à l’utilisation de l’acier ATS-55.
Concernant la qualité générale de réalisation on constate que, si des ajustages sont aujourd’hui plus serrés sur certains modèles fabriqués aux Etats-Unis et à Taïwan, la qualité de ce couteau fabriqué à Seki City est indéniable et que pour la question du clip abordé sur le Terzuola Double Bevel on constate un état de surface des flancs beaucoup plus propre sur le Titanium Tanto que sur la production actuelle… Ce qui est un peu énervant compte-tenu des coûts actuels de vente…
Le couteau conçu par Bob Lum et dont une version a été produite par Benchmade avec un verrouillage de type Chris Reeve Integral Lock avec une lame en CPM-M4 peut être considéré comme un classique. A l‘époque les couteaux Spyderco étaient essentiellement disponibles à l’Armurerie de la Bourse sur Paris a des prix considérables dépassant les 1000 francs. La plupart des couteaux réservés au marché français à cette époque possédait des serrations, sans doute parce qu’à cette époque ceux-ci étaient un peu moins demandés aux Etats-Unis (cela était vrai pour le Terzuola Starmate avec sa lame en acier CPM-440V).
Le Titanium Tanto s’inscrivait dans un segment de marché tactique par les dimensions du couteau. Il s’agit effectivement d’un grand couteau fermant mesurant 127 mm fermé pour une longueur totale de 22,10 cm. La masse du couteau était de 130 grammes malgré l’utilisation de titane.
Le couteau recevait une platine unique faisant office de verrou de type Liner Lock en acier inoxydable. Son ajustage était absolument parfait, il n’existe aucun jeu latéral ou vertical sur mon couteau en dépit des années passées et d’une utilisation réaliste (il n’a pas été usé jusqu’à la corde). La platine possédait une épaisseur de l’ordre de 1,5 mm alors que la tendance globale est de passer à 2 mm pour l’ensemble des marques industrielles dans le segment des couteaux tactiques.
Le manche est constitué de deux côtes en titane dont l’épaisseur est comprise entre 2 et 3 mm. Le manche est dépourvu de crantage, comme la plupart des Spyderco métallique de première et deuxième génération. Le manche reçoit une entretoise noire qui paraît être réalisée dans une sorte de Zytel et non en G-10. Le manche est relativement rectiligne comme la plupart des fermants industriels ou customs de cette époque, mais il reçoit une découpe avant des côtes qui forme un quillon protégeant la main qui tient le couteau et un bout de manche en forme de bec que l’on retrouve aussi sur des modèles Emerson. Cette combinaison lui confère une ergonomie tout à fait correcte.
Le manche possède une épaisseur de 10 mm qui reste constante sur toute la longueur du manche. La hauteur du manche atteint 2,4 cm au milieu avec 2,8 cm au niveau du quillon avant et 3,2 cm au niveau du bec arrière du manche. La prise en main est excellente avec des mains moyennes ou grandes.
On observe un axe de pivot de la lame et une visserie de diamètres rassurants, très proche de la visserie Torx inaugurée sur le Paramilitary-2 et le Native-5. A l’évidence, nous sommes en présence d’un couteau très solide et non d’un tactique de plage.
Le clip est le modèle devenu célèbre sur les couteaux de la marque à l’Araignée, il possède deux positions mais n’est pas réversible : il s’agit d’un couteau de droitier. En revanche le clip possède une finition micro-billée grise satinée beaucoup plus discrète que les clips inox actuels. En outre, les côtés du clip ont reçu une vraie finition et ne sont pas laissés brut d’usinage comme sur le Double Bevel.
La lame est caractéristique du travail de Robert Lum, dont elle porte le nom surmonté du kanji. C’est une belle lame dont le design reste largement d’actualité.
La lame possède une épaisseur constante de 3 mm jusqu’à la pointe. La lame mesure 95 mm de la pointe au ricasso. Le tranchant atteint 89 mm avec une zone de serrations très coupante. Sa hauteur moyenne est de 21 mm.
A l’époque Spyderco travaillait sur une nuance d’acier qui a disparu, l’ATS-55. Cet acier est un acier japonais qui se présentait comme une version simplifiée de l’ATS-34, c’est-à-dire que les éléments d’addition permettant une tenue à haute température étaient supprimés. L’objectif était d’introduire un acier haut de gamme moins onéreux que l’ATS-34 en conservant les qualités de coupe de ce dernier. Pour des raisons qui ne sont pas complétement explicitées, vers 2001/2002, Spyderco décida de faire porter son effort sur l’acier VG-10, qui demeure le grand standard de la marque de nos jours.
Sur le plan des capacités de coupe, l’ATS-55 s’est comportée comme l’ATS-34 de mes deux premiers CQC-7B. A l’heure actuelle je ne possède plus que 3 lames en ATS-34, dont deux couteaux Buck avec traitement thermique assuré par Paul Boss.
Pour les couteaux fermants c’est désormais le 154 CM qui reste l’acier de référence aux Etats-Unis, l’ATS-34 est tombé en désuétude, mais on note toutefois que sa version sous forme de métallurgie des poudres le RWL-34 possède le vent en poupe pour beaucoup de couteaux customs.
Il ne m’est pas possible de dire que l’ATS-55 était moins bon que l’ATS-34, même si à titre personnel, je trouve le tranchant des lames en acier 154 CM, dotées d’un bon traitement thermique plus régulier que celui des lames en ATS-34/ATS-55, mais cela est affaire de sensations, et il n’est pas possible d’édicter une règle absolue.
En tout cas le Titanium tanto mérite vraiment d’être acheté, y compris en Sprint Run si cela est possible. On peut aussi penser que la fabrication d’un Double Bevel de même format permettrait de disposer d’un excellent couteau tactique de facture tout à fait moderne.
Derniers commentaires
→ plus de commentaires