Jui. 14
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Couteau Spyderco C168 GP Battlestation
Une ergonomie supérieure
Spyderco vient d’inscrire à son catalogue 2014 une seconde nouveauté dotée d’une lame tanto, juste après l’introduction du Double Bevel. En fait, bien que se positionnant ouvertement sur le créneau tactique, les deux couteaux sont suffisamment différents pour ne pas être concurrents, ce qui est déjà, en soi, un tour de force. Cette seconde nouveauté est une intrigante réalisation de DIALEX alias Alexandru Diaconescu qui est un économiste, un designer de talent mais aussi un spécialiste en sécurité informatique pour la police roumaine… Chez Spyderco il est bien connu des amateurs des couteaux de la marque à l’araignée depuis 2005, date de sa première collaboration avec Sal Glesser, pour le couteau C102 Adventura au look futuriste qui devint aussi le couteau officiel du forum Spyderco pour l’année 2005. La seconde contribution de DIALEX est encore plus connue, puisqu’elle date de 2011, avec le fameux modèle Junior C150 qui possède une garde intégrale destinée à protéger la main de l’utilisateur. Disons pour simplifier, que les travaux de DIALEX en matière d’ergonomie et de protection des doigts de l’utilisateur sont au niveau de ceux d’Ernest Emerson, référence tout à fait flatteuse en matière de couteaux tactiques. Le Battlestation se présente sur le marché américain comme un couteau de défense compact. Disons le tout de suite, il est beaucoup plus que cela : c'est un fermant tactique très robuste d’une extrême polyvalence. On peut penser que son apparition coïncide avec la disparition du catalogue Spyderco du Chinook de James Keating.
Le couteau mesure 11,2 cm fermé pour 18,3 cm lame déployée, ce qui en fait un couteau compact, mais avec une masse de 128 grammes.
Le couteau est construit autour d’un mécanisme à pompe classique chez Spydie, typique des couteaux fabriqués à Seki City au Japon, c’est-à-dire qu’il n’utilise pas le mécanisme monstrueux du Chinook, ni le système doté d’un stop pin et proche du Tri-Ad-Lock annoncé sur l’énorme Tatanka. Evidemment la réalisation japonaise d’un mécanisme à pompe est en elle-même une garantie de qualité supérieure à la moyenne. Les ajustages sont réalisés avec une précision micrométrique, le verrouillage de la lame est exempt de tout jeu fonctionnel à l’état neuf. Je rappelle que le système Lock Back est susceptible de prendre un peu de jeu fonctionnel en vieillissant, mais restera très supérieur à un Liner Lock usé jusqu’à la corde, même si cette technologie a réalisé d’énorme progrès avec des couteaux de plus en plus solides et fiables dans la durée.
La pompe reçoit une découpe centrale de sécurité passive David Boye Dent qui réduit de manière considérable les risques de désengagement involontaire du verrou lors de la prise en main du couteau pour des travaux de coupe. Cette pompe est massive, légèrement supérieure à celle des Endura qui sont pourtant un modèle du genre, son épaisseur est de 4 mm : le verrouillage est très puissant.
Les platines sont massives en acier inoxydable non ajourées, elles possèdent une épaisseur que l’on peut estimer à 1,5 mm environ. Elles ont fait l’objet d’un travail de découpe et d’usinage majeur, avec une forme complexe qui doit représenter un travail considérable même avec des machines-outils à commandes numériques. La finition et le polissage des rebords des platines sont dépourvus de tout défaut.
Les platines ont été découpées vers l’avant pour dégager une garde inférieure à double quillons symétriques usinés dans la masse. L’ergonomie a fait l’objet d’un travail qui inspire le respect avec un manche galbé dont la partie arrière est plus protubérante afin de permettre une prise en main puissante mais dépourvue de crispation. La partie arrière du manche est fuyante, avec une inclinaison qui permet là aussi un appui parfait de la paume de la paume de la main qui tient le couteau.
La partie avant, au niveau des quillons mesure 3,4 cm hauteur, avec une zone lisse qui tombe à 2,2 cm et une zone arrière galbée qui atteint les 3,2 cm.
Les côtes sont en G-10 noir, avec une texture suffisamment agrippante sans être râpeuse pour autant. Le détourage des côtes est irréprochable, on note en arrière de la garde inférieure une zone en G-10 qui a été creusée et laissée avec un état de surface plus lisse : cette configuration permet d’accueillir confortablement l’index le long du manche.
On note que le manche est totalement dépourvu de zone crantée, mais cela n’a aucune incidence négative sur la prise en main qui est un modèle du genre.
Le clip est enfin un clip digne de ce nom avec une structure trombone agréable et parfaitement finie contrairement au clip du Double Bevel à la fois laid et aux côtés dépourvus de polissage. Le clip assure une excellente rétention en poche et l’on note avec satisfaction qu’il est réversible.
La lame est un profil American Tanto modifié, avec une pointe qui remonte légèrement, munie d’un faux contre tranchant non affuté : cette configuration rappelle légèrement le style de Bob Lum, en plus agressif. A mon avis on a introduit une géométrie de type clip point renforcée sur une lame tanto américanisée. Ce qui en fait une réalisation fort intéressante.
La lame est réalisée en acier VG-10 avec une émouture réalisée en creux sur un profil de sabre. Cette lame est massive, son épaisseur atteint les 3,5 cm. Le Round Hole Trademarck (appellation juridique du Spyderhole en raison du renouvellement de la protection par brevet) possède un diamètre de 13 mm autorisant une ouverture très fluide.
La lame mesure 75 mm en tenant compte du finger choil cranté, avec un tranchant lisse surpuissant de 62 mm. Le finger choil cranté, assez massif sur une lame courte permet d’effectuer des coupes de précision avec une tenue avancée de la lame. Cette caractéristique lui confère franchement une dimension d’utilitaire compact mais puissant, sans rapport direct avec son appellation commerciale un peu trop martiale.
Le pouce se positionne tout naturellement en arrière du Spyderhole et au niveau du verrou sur une surface intégralement plate et dépourvue de crantage.
Bien que la lame soit plus courte que celle du Double Bevel, l’ergonomie supérieure de ce couteau permet d’exercer une puissante de coupe sensiblement plus forte, sans fatigue ni crispation inutile. En clair, voici un couteau parfaitement capable de faire une carrière très pacifique d’EDC, en conservant une ligne tendue qui devrait plaire aux amateurs de lame tanto et de fermants d’inspiration tactique.
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