Couteau Spyderco C180 GP Tatanka
Du très lourd...
Techniquement, c’est un moyen juridique de contourner les brevets qui verrouillent le système Trid Ad Lock, et sur le plan du résultat le système est très probant, on dispose réellement d’un verrouillage ultra puissant. En position fermée, la lame est maintenue par un appui surpuissant d’une technologie similaire faisant appui sur la face opposée au talon de la lame : c’est pour cette raison que Spyderco fait figurer un avertissement dans les boites du Tantaka demandant aux utilisateurs de fermer à deux mains le couteau. La lame associée à un système surpuissant devient une véritable guillotine à doigt, et donc l’avertissement est tout à fait justifié.
Le Tatanka possède le monogramme caractéristique des réalisations de Sal Glesser, ce qui en fait une réalisation majeure à tout point de vue. La longueur fermée est de 16,57 cm tandis qu’une fois la lame déployée, le couteau atteint la longueur considérable de 29,5 cm, soit une longueur supérieure à nombre de couteaux fixes déjà très respectables… La masse est à la hauteur d’une telle réalisation puisqu’elle atteint les 269 grammes, c’est du lourd, peut-être même un peu trop pour un fermant.
Il paraît bien évident que le Tatanka n’est pas destiné à un usage d’EDC, mais est plutôt un couteau à vocation utilitaire, de facto c’est un couteau très puissant dont la solidité lui permet d’être le concurrent d’un couteau fixe, parce que la véritable question est de savoir, si pour un usage d’utilitaire puissant le Tantaka est bien capable de remplacer un fixe à lame de 4 ou 5 pouces. A titre personnel, je pense que le système de verrouillage offre une puissance d’arrêt qui permet de pallier à la présence d’un couteau fixe. Maintenant, il est évident que le couteau fixe restera toujours le plus solide, et que la Tatanka offre seulement un gain de taille pour le transport, dans une grande poche, ou bien dans un étui de ceinture (encore mieux adapté pour un tel couteau). Donc tout va être une question de compromis et d’affinité personnelle avec un tel matériel...
La construction du Tatanka fait appel à une architecture à pompe surpuissante dont la réalisation a été confiée au sous-traitant japonais de Seki-City comme pour les Endura, et pour un système Lock back je ne pense pas qu’il existe une réputation de sérieux et de qualité supérieure dans le monde du couteau fermant. Même si Taïwan assure également des prestations de service haut de gamme, pour Spyderco comme pour Cold Steel.
L’ajustage est de très bon niveau et ne souffre aucune critique, le système de pompe mid-lock reçoit une découpe de sécurité passive Dabid Boye Dent surdimensionnée c’est à-dire à la taille de la pompe : le système conserve tout son intérêt, aucune prise en main du manche n’est susceptible de désengager le verrou (heureusement !!!). Les platines du dispositif sont ajourées par des découpes : deux petits découpes circulaires vers l’avant du manche et pour le reste des deux platines, deux découpes supplémentaires de forme oblongue, l’objectif a été d’alléger le couteau tout en conservant la rigidité structurelle convenant à un tel monstre. Le manche possède une lègère courbure permettant si nécessaire de tenir le couteau par l’extrémité du manche. Si cette prise en main ne présente aucun risque, en revanche elle est mal adaptée à un travail de coupe de précision, et ce même dans l’optique d’une précision moyenne. La meilleure prise en main restera une prise en main intermédiaire permettant a minima au pouce d’atteindre la partie inférieure de la rampe crantée de la lame : cette prise en main ne nécessite pas la force d’un hercule, mais des mains plutôt grandes comme sur le K2.
Le manche possède une épaisseur constante de 11 mm tout à fait raisonnable, tandis que la hauteur du manche est de l’ordre de 3,2 cm au centre (à l’aplomb du David Boye Dent), la courbure arrière du manche évoque une navaja, tandis que la découpe avant des platines forme un quillon inférieur dont la présence est nécessaire. La visserie torx utilisées est de diamètre moyen avec 4 vis traversières destinées à maintenir assemblé le manche, un diamètre identique est utilisé pour le stop pin et l’axe de la lame est de fort diamètre : tout est bien dimensionné en proportion du couteau. Les côtes en G-10 noir procurent une excellent prise en main.
Le clip en forme de cuillère est le clip standard de Spyderco, mais cette fois il est noir, ce qui est mieux en terme de discrétion, il possède 4 positions, ce qui est une très bonne chose. Le clip assure un maintien correct du couteau en poche, mais il faut vraiment une grande poche, et il est difficile de dire que le couteau se fait oublier : pour des activités professionnelles ou outdoor cela ne posera guère de problème.
La lame massive est réalisée en acier VG-10, elle possède une épaisseur de 4 mm pour une longueur de 127 mm et un tranchant lisse de 109 mm. On note la présence d’un finger choil permettant une tenue avancée du couteau pour des coupes de précision et qui me paraît très justifié pour une utilisation rationnelle du couteau.
La lame possède un dos plat à l’exception de la rampe d’appui crantée située à l’arrière du Spyderhole : l’ouverture une main à l’aide de celui-ci est tout à fait possible, même si elle demande plus de force que la plupart des couteaux Spyderco y compris le K2. Mon exemplaire est arrivé baignant dans l’huile au niveau de l’axe du pivot de la lame et j’ai bien peur que le maintien de cette zone bien huilée éventuellement avec du Blue Lube Benchmade soit une condition sine qua non de l’ouverture une main.
La lame est très intéressante, elle possède une géométrie drop point, mais elle possède un faux contre-tranchant qui est le bienvenu sur le plan esthétique. Le dos de la lame est intégralement plat. L’émouture de type sabre permet l’obtention d’un tranchant très puissant : ce colosse manié avec dextérité ouvre une simple enveloppe de courrier sans la moindre déchirure du papier… On constate que vers l’avant de la lame, la diminution raisonnable de l’épaisseur aboutie à une émouture quasiment plate.
D’une manière générale cette lame est redoutable et aucun emballage ni feuillard de carton ne lui résiste. En position repliée elle est parfaitement centrée.
Le couteau est supérieurement efficace, mais il n’en demeure pas moins très grand, et certains pourront dire trop grand. Il est difficile de dire dans quelle mesure un tel couteau est susceptible de concurrencer le très classique et efficace Endura, une possibilité restant ouverte à ce jour serait la réalisation d’un Endura renforcé à l’aide du Power Lock, avec une lame ne dépassant pas 4 pouces pour éviter de tomber dans un gigantisme, certe jouissif pour l’amateur de couteau, mais pas forcément facile à justifier pour l’accomplissement de tâche utilitaire ou tactique. Dans le passé, les superfolders se sont surtout avérés destinés à un marché de niche, mais il est vrai que Cold Steel a réussi à fidéliser une clientèle autour de ce concept, notamment avec le grand modèle d’Espada ou la version XXL du Voyager. Toutefois, le Tatanka est dans une gamme de prix plus importante, il paraît bien se vendre aux Etats-Unis, mais cela ne préjuge en rien de sa carrière future en France.
A titre purement personnel, je dois juste dire que je suis très content de mon acquisition, mais ma démarche est celle d’un collectionneur…
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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