Mars 16 27

Couteau Spyderco C194CFTIP Myrtle

Une custom collaboration de Filip de Leeuw

  • Currently 4/5

Note : 4/5 (4 notes)

Le C194CF TIP Myrtle est la seconde custom collaboration de Sypderco avec le coutelier belge Filip de Leeuw, la première custom collaboration commercialisée en 2015 était un superbe à friction doté d’une lame en acier VG-10 et d’un superbe étui de ceinture en cuir noir. Ce étant doté d’une lentille assez longue j’aurai tendance à la considérer comme une version moderne du piémontais.

Le Myrtle est un design beaucoup plus exotique, mais je pense que c’est aussi la force de que de proposer des designs sortant de l’ordinaire. Filip de Leeuw n’est pas un inconnu en France, mais jusqu’aux deux customs collaborations avec il était surtout connu par les amateurs de custom de très haut niveau. Les informations que l’on peut collationner sur son travail montre qu’il est un coutelier très doué, qui s’est spécialisé dans les fermants utilisant des matériaux de pointe.
 

Filip de Leeuw a exercé son travail de coutelier à temps partiel et est au moins partiellement un autodidacte : être un autodidacte quelle que soit la matière concernée montre une capacité d’investissement intellectuelle et personnelle très puissante. Il semble que son activité de coutelier ait été stoppé une certaine période de temps pour des problèmes de santé, on ne peut donc que se réjouir d’un retour via la firme de Golden.

Une partie importante de sa production a concerné des à friction superbes et des fixes, puis au fur et à mesure du développement de ses compétences il est passé à la fabrication de fermants possédants des mécanismes de verrouillage, avec notamment une déclinaison talentueuse du système Reeve Integral Lock (RIL).
 
Le Myrtle est typiquement une illustration de l’utilisation de cette technologie avec une fabrication de très haut niveau, proche du mid-tech par le sous-traitant taïwanais de dont je ne me lasse de louer le professionnalisme. Le mesure 12,5 cm fermé pour une longueur totale de 21,8 cm. Sa masse est de 144, 58 grammes ce qui commence à faire un peu tout en restant acceptable : la vocation du Myrtle est officiellement d’être un a vocation utilitaire.
 

 
Le Myrtle est un dont la construction mécanique est relativement complexe, bien que la technologie RIL utilisé soit très proche du design imaginé par pour le . Le ressort de la platine verrou possède trois découpes situées à l’extérieur. Le fonctionnement du verrou est absolument irréprochable, lors du déploiement on entend un claquement sonore immédiat résultant d’un verrouillage très solide de la lame.
 



Un essai modéré de flexion vers la pointe de la lame montre l’absence totale de jeu vertical ou latéral. On remarque que le bout du verrou en n’est pas renforcé par un liner anti-usure en acier trempé comme sur le Mantra. Bien sûr on peut estimer que cette disposition n’était pas conforme au design du coutelier, mais on peut aussi être dubitatif sur l’emploi facultatif de cette technologie qui tend à devenir la norme en coutellerie industrielle.
 

 
Le utilisé est un alliage TI6Al4V de grade 5, classique sur des de qualité. La platine verrou possède une épaisseur de 3 mm, et cette pièce paraît très solide à tout point de vue, son usinage est un modèle du genre avec des états de surface d’une absolue propreté. Le reçoit sur l’ensemble de sa surface une finition stonewash flatteuse. La côte opposée au possède une structure complexe avec une platine en de 1 mm d’épaisseur (ajourée de deux découpes circulaires) qui reçoit une mitre en de 2 mm, et dans sa partie antérieure une côte en fibre de carbone marbrée possédant de riches nuances noires et argentées : tout a été fait pour placer le au niveau d’une réalisation custom. Le manche possède une largeur de 12 mm  pour une hauteur de 30 mm. Le manche paraît relativement rectiligne, mais en fait lors de la prise en main on prend conscience d’un léger galbe qui lui confère réellement une très bonne ergonomie.
 

 
La visserie qui maintient assemblé le manche est située du côté droit, et il s’agit de vis torx de diamètre moyen. Les quatre vis torx visibles sur le côté gauche correspondent à la fixation de la mitre en et de la côte en fibre de carbone marbré : certains amateurs américains font remarquer que la visserie inox est un peu trop voyante. Cette critique est recevable et on peut estimer qu’une teinte du type bronzage armurier aurait été plus séante, toutefois le préjudice esthétique, à supposer qu’il existe, me paraît minime. L’axe du pivot de la lame est massif et reçoit de chaque côté deux rondelles en bronze phosphoré.
 



Le déploiement manque de fluidité sur mon exemplaire, pour deux raisons cumulatives : la première est que les ajustages sur les fabriqués pour à Taïwan sont traditionnellement très serrés, en particulier dans le cas de (j’ai rencontré le même problème sur mon Tuff) ; la seconde est liée au fait que le Round Hole permettant le déploiement de la lame est légèrement sous-dimensionné, compte tenu du caractère massif de cette dernière. Un peu de WD-40 va réduire au minimum les points de friction constatés. Sur le plan mécanique, on constate que le talon de la lame est usiné de manière rectiligne au niveau de son contact avec le stop pin massif. Toutefois, il est hautement improbable que le soit fragile ! L’entretoise en G-10 vient conforter le sentiment de robustesse.

 

 
Le clip en est assez massif et relativement dur : en fait en plus d’assurer la bonne rétention du en poche, il est un palliatif mécanique à l’absence de Lock Bar Stabilizer, d’après la documentation officielle.
 

 
La lame est le plat de résistance de ce , sa géométrie est quelque chose d’absolument hors du commun, et bien qu’elle coupe très fort les emballages comme l’affirme la documentation de la firme à l’araignée, on peut rester dubitatif sur la nature de ce profil. Selon , il s’agirait d’un aménagement de la lame en forme de feuille avec une pointe tombante. Personnellement, je suis en désaccord sur cette interprétation géométrique, car si l’on regarde attentivement la lame à l’envers on s’aperçoit qu’il s’agit en fait d’une géométrie clip point inversée ! Par contre nul doute sur l’originalité du design, ce qui est aussi un facteur d’importance pour un collectionneur, mais un peu moins pour un utilisateur à la recherche d’un utilitaire.
 



 
L’acier choisi est l’excellent CPM-S30V qui fut le résultat d’une collaboration technique entre Crucible et , tout comme son successeur le CPM-S35VN au demeurant. A priori l’acier est utilisé avec une dureté de 58/60 RKC tout à fait classique en coutellerie.

 

 
La lame impressionnante mesure 95 mm de la pointe au ricasso, avec une surface coupante lisse de 90 mm : c’est un minimum car le tranchant possède deux surfaces courbes qui laissent présumer un tranchant en fait légèrement plus long de 2 mm. La lame possède une épaisseur de 4 mm et l’émouture est une géométrie plane intégrale superbe dont le tranchant est très fin et très coupant. En revanche, l’entretien du tranchant de ne pas être une sinécure… Le dos de la lame est intégralement plat. La finition satinée de la lame est irréprochable.
 

 
Ma conclusion au terme de cette revue est que le Myrtle est une fantastique réalisation de sur la base d’un design très sophistiqué, d’un coutelier qui gagne vraiment à être connu et reconnu. La réalisation est absolument somptueuse et je suis très content d’ajouter cette pièce à ma collection.
 

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Commentaires

1 -

Guillaume Bonjour,

C'est magnifique et j'aime de prime abord ce couteau. Avec une restriction et une supposition.

La restriction, c'est l'aspect du côté gauche avec les quatre vis de maintien de la mitre et de la plaquette. Ca casse la ligne du couteau. Une simple platine titane me plairait mieux. Les goûts et les couleurs...

La supposition c'est que la forme de la lame est parfaitement adaptée... à l'assiette !
Avec cette forme, seule la pointe est en contact avec le fond de l'assiette et on dispose d'un tranchant acéré pour le steak ! Ainsi, on ne détruit pas le fil sur la porcelaine ou autre. Et cela reste une lame utilitaire pour le reste.

Je dis cela, et of course, je n'en suis pas sûr, parce qu'il y a quelques années beaucoup de couteliers belges avaient cette préoccupation en tête pour leurs designs...

Guillaume a donné 3 couteaux à Darksun

 


Guillaume | Le Dimanche 27/03/2016 à 16:44 | [^] | Répondre

2 - Re:

Bonjour,
Je suis dubitatif, en un mot, quand à la forme de la lame avec la sensation de la voir montée à l'envers. Sérieux la supposition de l'assiette? En théorie je comprends mais dans ce cas c'est comme couper avec une lame droite sur une planche usée et creusée, non? 
Je ne parle même pas de l'aiguiser, l'assurance de pourrir la lame pour ma part.


Je vais le mettre dans la catégorie "pour se la pêter"

 


rastaratata | Le Dimanche 27/03/2016 à 19:09 | [^] | Répondre

3 - Re:

Guillaume Oui, je suis sérieux quand je parle du coup de l'assiette. 

"Pour se la pêter", je serais plus nuancé, je pense que tu veux dire par là qu'il y a une recherche de sophistication excessive ?

 


Guillaume | Le Dimanche 27/03/2016 à 20:03 | [^] | Répondre

4 - Re:

Guillaume En cherchant un peu, j'ai trouvé une confirmation sur le blog d'un collectionneur de Spyderco :

"The blade may seem a bit unusual, but it’s actually designed for the type of practical utility chores most people use a knife for; opening packages and cutting food"

Je traduis : "La lame peut sembler un peu inhabituelle mais elle est conçue pour le genre de corvées utilitaires concrètes pour lesquelles les personnes utilisent un couteau ; ouvrir des paquets et couper la nourriture"

Tous les détails sont là : spydercollector.wordpress.com/2015/03/14/spyderco-2015-production-prototype-filip-de-leeuw-myrtle/

En ce sens, la forme de la lame est pertinente car seule le pointe est en contact avec le fond de l'assiette, comme pour une lame pied de mouton ou Wharnecliffe.



 


Guillaume | Le Dimanche 27/03/2016 à 20:23 | [^] | Répondre

5 - Re:

Pour se la pêter, oui c'est ça, agréable à l'oeil avec sa forme toute en rondeurs mais d'une utilité restreinte. Sophistication excessive, c'est un peu...excessif peut être. En regardant encore et encore, je dirais qu'elle est à l'envers, l'avis du candide de service.
Néanmoins je ne vais pas mettre en doute la recherche effectuée par le concepteur et lorsque j'en aurais une entre les mains je ne manquerais pas de faire un essai.

Merci pour ces explications, j'en découvre tous les jours.

Et pour l'aiguiser? Avec quelle pierre?

 


rastaratata | Le Dimanche 27/03/2016 à 20:39 | [^] | Répondre

6 - Re:

 Bonjour Darksun,

merci pour la revue, j'avoue que je ne savais pas trop quoi penser de ce design. De prime abord, je n'étais pas très chaud mais ce que tu dis sur la lame, et surtout son épaisseur, a attiré mon attention. Mais quelle silhouette étrange, on dirait qu'elle est montée à l'envers...

J'adore le manche de ce couteau, et je n'hésiterai pas à tenter de bleuir/cerakoter les torx. Il est magnifique au repos !




 


FullMetalJackass | Le Dimanche 27/03/2016 à 21:23 | [^] | Répondre

8 - Re:

Darksun Bonjour,

sur le montage de la lame, c'est l'idée du montage inversé d'une lame d'inspiration clip Point qui a été émise à plusieurs reprises.

Le couteau est très beau mais l'entretien de la lame ne devrait pas être une sinécure même en disposant d'un très bon matériel.

Mais une chose est certaine selon moi, il n'y a que Spyderco pour commercialiser un design aussi atypique et j'en suis vraiment très content!!!!

 


Darksun | Le Lundi 28/03/2016 à 10:13 | [^] | Répondre

9 - Re:

En parlant de beaux designs, j'avoue que je bave devant le Tighe Stick, mais le Emerson Roadhouse va certainement arriver avant. J'ai envie de changer de crèmerie en ce moment, après avoir été un peu déçu par le Ulize, très beau mais plutôt frêle.

 


FullMetalJackass | Le Mardi 29/03/2016 à 05:00 | [^] | Répondre

10 - Re:

Darksun


je possède le Stick et le Roadhouse : clairement j'ai rédigé une revue que j'ai proposé à Guillaume sur le Stick, je pense que tu pourrais attendre de la lire pour te faire une idée plus précise. le couteau est superbe mais vraiment baroque!!!

Sincèrement le Roadhouse est un excellent design d'Emerson très racé et distingué : sans conteste l'un de ses meilleurs tanto.

 

 


Darksun | Le Mardi 29/03/2016 à 19:10 | [^] | Répondre

11 - Re:

 Il me tarde de lire ton passage en revue ! J'ai du mal à trouver le Super Roadhouse en finition straight et lame satin, mais je ne désespère pas. Au pire je vais prendre une version dentelée, mais ça casse un peu la silhouette...

 


FullMetalJackass | Le Mercredi 30/03/2016 à 05:40 | [^] | Répondre

12 - Re:

Darksun Bonjour,

j'ai acheté mon Roadhouse sur ce site et il y a un mini-Roadhouse disponible ces couteaux sont très rares en France : essaye Lamia Couteaux en Finlande.

 


Darksun | Le Mercredi 30/03/2016 à 07:36 | [^] | Répondre

13 - Re:

 Merci pour le conseil Darksun, mais je vis actuellement au Canada, donc je me sers plutôt chez des revendeurs situés sur le continent nord-américain. J'en ai trouvé en lame noire fixe et G10 desert tan, et un autre en satin et noir mais à dents. Comme je n'ai aucun “pur” Emerson, quoi que je choisisse je pense que je ne regretterai rien :)

 


FullMetalJackass | Le Jeudi 31/03/2016 à 00:16 | [^] | Répondre

7 - Re:

Darksun

Bonjour Guillaume,

Effectivement, les critiques concernant la visserie trop voyante ont été formulées par de nombreux amateurs américains.

Pour ce qui est du contact de la pointe avec une assiette je pense que ton hypothèse alimentaire est très probablement la bonne.

Et d'une manière générale, c'est bien un couteau à vocation utilitaire, même s'il est grandement incertain que cette usage devienne effectif!!!

 


Darksun | Le Lundi 28/03/2016 à 10:09 | [^] | Répondre