Le
couteau C194CF TIP Myrtle est la seconde custom collaboration de Sypderco avec le coutelier belge Filip de Leeuw, la première custom collaboration commercialisée en 2015 était un superbe
couteau à friction doté d’une lame en acier VG-10 et d’un superbe étui de ceinture en cuir noir. Ce
couteau étant doté d’une lentille assez longue j’aurai tendance à la considérer comme une version moderne du piémontais.
Le
couteau Myrtle est un design beaucoup plus exotique, mais je pense que c’est aussi la force de
Spyderco que de proposer des designs sortant de l’ordinaire. Filip de Leeuw n’est pas un inconnu en France, mais jusqu’aux deux customs collaborations avec
Spyderco il était surtout connu par les amateurs de
couteaux custom de très haut niveau. Les informations que l’on peut collationner sur son travail montre qu’il est un coutelier très doué, qui s’est spécialisé dans les fermants utilisant des matériaux de pointe.
Filip de Leeuw a exercé son travail de coutelier à temps partiel et est au moins partiellement un autodidacte : être un autodidacte quelle que soit la matière concernée montre une capacité d’investissement intellectuelle et personnelle très puissante. Il semble que son activité de coutelier ait été stoppé une certaine période de temps pour des problèmes de santé, on ne peut donc que se réjouir d’un retour via la firme de Golden.
Une partie importante de sa production a concerné des
couteaux à friction superbes et des fixes, puis au fur et à mesure du développement de ses compétences il est passé à la fabrication de fermants possédants des mécanismes de verrouillage, avec notamment une déclinaison talentueuse du système Reeve Integral Lock (RIL).
Le Myrtle est typiquement une illustration de l’utilisation de cette technologie avec une fabrication de très haut niveau, proche du mid-tech par le sous-traitant taïwanais de
Spyderco dont je ne me lasse de louer le professionnalisme. Le
couteau mesure 12,5 cm fermé pour une longueur totale de 21,8 cm. Sa masse est de 144, 58 grammes ce qui commence à faire un peu tout en restant acceptable : la vocation du Myrtle est officiellement d’être un
EDC a vocation utilitaire.
Le Myrtle est un
couteau dont la construction mécanique est relativement complexe, bien que la technologie RIL utilisé soit très proche du design imaginé par
Chris Reeve pour le
Sebenza. Le ressort de la platine verrou possède trois découpes situées à l’extérieur. Le fonctionnement du verrou est absolument irréprochable, lors du déploiement on entend un claquement sonore immédiat résultant d’un verrouillage très solide de la lame.
Un essai modéré de flexion vers la pointe de la lame montre l’absence totale de jeu vertical ou latéral. On remarque que le bout du verrou en
titane n’est pas renforcé par un liner anti-usure en acier trempé comme sur le Mantra. Bien sûr on peut estimer que cette disposition n’était pas conforme au design du coutelier, mais on peut aussi être dubitatif sur l’emploi facultatif de cette technologie qui tend à devenir la norme en coutellerie industrielle.
Le
titane utilisé est un alliage TI6Al4V de grade 5, classique sur des
couteaux de qualité. La platine verrou possède une épaisseur de 3 mm, et cette pièce paraît très solide à tout point de vue, son usinage est un modèle du genre avec des états de surface d’une absolue propreté. Le
titane reçoit sur l’ensemble de sa surface une finition stonewash flatteuse. La côte opposée au
framelock possède une structure complexe avec une platine en
titane de 1 mm d’épaisseur (ajourée de deux découpes circulaires) qui reçoit une mitre en
titane de 2 mm, et dans sa partie antérieure une côte en fibre de carbone marbrée possédant de riches nuances noires et argentées : tout a été fait pour placer le
couteau au niveau d’une réalisation custom. Le manche possède une largeur de 12 mm pour une hauteur de 30 mm. Le manche paraît relativement rectiligne, mais en fait lors de la prise en main on prend conscience d’un léger galbe qui lui confère réellement une très bonne ergonomie.
La visserie qui maintient assemblé le manche est située du côté droit, et il s’agit de vis torx de diamètre moyen. Les quatre vis torx visibles sur le côté gauche correspondent à la fixation de la mitre en
titane et de la côte en fibre de carbone marbré : certains amateurs américains font remarquer que la visserie inox est un peu trop voyante. Cette critique est recevable et on peut estimer qu’une teinte du type bronzage armurier aurait été plus séante, toutefois le préjudice esthétique, à supposer qu’il existe, me paraît minime. L’axe du pivot de la lame est massif et reçoit de chaque côté deux rondelles en bronze phosphoré.
Le déploiement manque de fluidité sur mon exemplaire, pour deux raisons cumulatives : la première est que les ajustages sur les
couteaux fabriqués pour
Spyderco à Taïwan sont traditionnellement très serrés, en particulier dans le cas de
framelock (j’ai rencontré le même problème sur mon Tuff) ; la seconde est liée au fait que le Round Hole permettant le déploiement de la lame est légèrement sous-dimensionné, compte tenu du caractère massif de cette dernière. Un peu de WD-40 va réduire au minimum les points de friction constatés. Sur le plan mécanique, on constate que le talon de la lame est usiné de manière rectiligne au niveau de son contact avec le stop pin massif. Toutefois, il est hautement improbable que le
couteau soit fragile ! L’entretoise en G-10 vient conforter le sentiment de robustesse.
Le clip en
titane est assez massif et relativement dur : en fait en plus d’assurer la bonne rétention du
couteau en poche, il est un palliatif mécanique à l’absence de Lock Bar Stabilizer, d’après la documentation
Spyderco officielle.
La lame est le plat de résistance de ce
couteaux, sa géométrie est quelque chose d’absolument hors du commun, et bien qu’elle coupe très fort les emballages comme l’affirme la documentation de la firme à l’araignée, on peut rester dubitatif sur la nature de ce profil. Selon
Spyderco, il s’agirait d’un aménagement de la lame en forme de feuille avec une pointe tombante. Personnellement, je suis en désaccord sur cette interprétation géométrique, car si l’on regarde attentivement la lame à l’envers on s’aperçoit qu’il s’agit en fait d’une géométrie clip point inversée ! Par contre nul doute sur l’originalité du design, ce qui est aussi un facteur d’importance pour un collectionneur, mais un peu moins pour un utilisateur à la recherche d’un utilitaire.
L’acier choisi est l’excellent CPM-S30V qui fut le résultat d’une collaboration technique entre Crucible et
Chris Reeve, tout comme son successeur le CPM-S35VN au demeurant. A priori l’acier est utilisé avec une dureté de 58/60 RKC tout à fait classique en coutellerie.
La lame impressionnante mesure 95 mm de la pointe au ricasso, avec une surface coupante lisse de 90 mm : c’est un minimum car le tranchant possède deux surfaces courbes qui laissent présumer un tranchant en fait légèrement plus long de 2 mm. La lame possède une épaisseur de 4 mm et l’émouture est une géométrie plane intégrale superbe dont le tranchant est très fin et très coupant. En revanche, l’entretien du tranchant
risque de ne pas être une sinécure… Le dos de la lame est intégralement plat. La finition satinée de la lame est irréprochable.
Ma conclusion au terme de cette revue est que le Myrtle est une fantastique réalisation de
Spyderco sur la base d’un design très sophistiqué, d’un coutelier qui gagne vraiment à être connu et reconnu. La réalisation est absolument somptueuse et je suis très content d’ajouter cette pièce à ma collection.
Ils ont lu aussi :
Mots-clés : Couteaux Spyderco
Derniers commentaires
→ plus de commentaires