Couteau Spyderco Gayle Bradley 2
Une optimisation réussie
Dans cette revue je vous fournirai les éléments d’appréciations sur la version 2 et dans un second temps je vous donnerai ceux relatifs au Bradley 1. Car j’estime en fait que les deux couteaux sont en réalité relativement différents.
D’une manière sommaire, il est possible de dire que la version 1 était un couteau doté de liner à la Zero Tolerance qui l’orientait plutôt dans la catégorie des couteaux de travail, alors que la version 2 est un couteau qui a été optimisé pour une fonction d’EDC polyvalent (que rien n’empêche d’utiliser comme couteau de travail). En fait, je pense que les deux couteaux auraient pu continuer à exister sur le catalogue de Spyderco sans être redondants.
Le Gayle Bradley tire son nom d’un célèbre coutelier qui était un champion de concours de coupe et qui imposé le CPM-M4 comme acier pour la réalisation des lames (on note la démarche similaire à celle de Warren Osborne).Le couteau possède une longueur de 12,2 cm en position fermée, tandis que la longueur totale passe à 21,5 cm une fois la lame déployée. La masse est très raisonnable, elle est de 128 grammes ce qui correspond bien à la démarche d’optimisation que j’ai décrite.
Le couteau est un Liner Lock de facture très classique avec des platines dont l’épaisseur est identique 1 à 1,5 mm. Les deux platines sont ajourées par des découpes circulaires qui permettent de gagner un peu de poids. La finition des platines est irréprochable. Le système Liner Lock est extrêmement bien ajusté, contrairement au Bradley 1 dont le Liner Lock ne s’engage que pour une épaisseur limitée, celui du Bradley 2 s’engage complétement au talon de la lame : dans la pratique cela permet d’obtenir une égale robustesse de verrouillage de la lame. L’examen du couteau ne permet de discerner aucun jeu vertical ou latéral de la lame, de toute évidence nous sommes en présence d’un couteau très solide. La platine qui fait office de verrou possède un crantage plus prononcé pour faciliter le désengagement du verrou, mais bien que certains présentent cet ajout comme un élément majeur, le dégagement du Liner du Bradley 1 ne m’a jamais posé de problème, même s’il demande un peu plus de force.
La structure du couteau est de type Open Frame avec une absence totale d’entretoise, la visserie du manche comprend 6 vis torx de diamètre moyen, l’axe du pivot de la lame est bien dimensionné, le stop pin paraît solide bien que moins épais que sur le Bradley 1.
On note que le Round Hole (qui est la dernière appellation du Spyderhole) possède un diamètre nettement plus faible que sur le Bradley 1, mais cette réduction est sans conséquence pour les opérations de déploiement de la lame. La présence de deux rondelles en bronze phosphoré de part et d’autre de la lame permet d’obtenir une excellente ouverture, aussi fluide que sur le modèle 1. Sur le plan esthétique la réduction de la taille du Round Hole confère à la lame un aspect plus homogène, mais c’est une simple constatation factuelle, elle ne permettrait pas en soit de départager les deux variantes du couteau.
Les côtes en fibre de carbone possèdent une épaisseur comprise entre 2,2 et 3 mm. Leur état de surface est très propre avec une texture très légèrement abrasive (mais sans rapport avec un G-10) qui permet de disposer d’un surcroit de grip pas déplaisant du tout. Le détourage des côtes en fibres de carbone est un modèle du genre, et il est toujours possible de dire que le sous-traitant taïwanais de Spyderco fabrique toujours les plus beaux couteaux de la marque à l’Araignée.
Le manche possède une épaisseur de 13 mm pour une hauteur de 25 mm. Bien que la poignée paraisse rectiligne, elle permet une excellent prise en main du couteau, vers l’avant les platines et les côtes ont été découpées pour permettre la constitution d’un petit quillon inférieur qui protège bien la main lors des travaux de coupe : sur ce point le concept est plus abouti que sur la version 1 qui possédait une sorte de bosse suivi d’un décrochage, mais la non plus il n’y rien de significatif. Toutefois, les différents aménagements cumulés permettent de dire que la prise en main du Bradley 2 est globalement optimisée par rapport à celle du Bradley 1. Les deux Bradley possèdent le même clip Spyderco en forme de cuillère qui sans être « beau » est très efficace, il assure une excellente rétention en poche, et est en outre réversible mais en position Tip Up seulement. Par ailleurs la finition noire du clip est un gage de discrétion, le positionnement du clip sur le Bradley 2 est identique à celui du premier modèle dans la mesure où une faible partie du manche demeure visible.
La lame possède une superbe géométrie Drop Point, avec un peu de tension apportée par un faux contre tranchant. La lame possède une épaisseur de 3 mm, avec une excellente gestion dégressive de la matière qui permet l’obtention d’une pointe très fine qui permettra les travaux de coupe les plus précis, tout en bénéficiant des qualités de résilience de l’acier CPM-M4.
La lame mesure 95 mm en englobant totalement le ricasso et dispose d’un tranchant utile de 88/89 mm, ce qui lui confère une grande polyvalence. La lame possède une hauteur maximale de 32 mm au niveau du Round Hole, puis cette hauteur diminue à 22/20 mm. L’émouture de cette lame est réalisée en creux, comme sur le Bradley 1 et permet l’obtention d’un formidable tranchant. Le dos de la lame est intégralement plat, à l’exception d’une rampe crantée située à l’arrière du Roud Hole et fournie un très pont appui au pouce.
L’acier CPM-M4 est un produit issu de la technologie de la métallurgie des poudres de la société américaine Crucible. La caractérisation physico-chimique en fait un composé métallurgique qui selon les sciences de l’ingénieur le classe à la fois dans les aciers spéciaux (pourcentage de carbone supérieur à 0,6), mais surtout dans la catégorie des aciers outils dits rapides, c’est-à-dire destinés à déchiqueter d’autres aciers.
Spyderco a choisi de livrer ses lames en acier CPM-M4 sans revêtement de surface, juste avec une finition satinée très agréable, toutefois la firme de Golden est tout à fait consciente de la question de la vulnérabilité de l’acier à la corrosion, puisqu‘une petite notice met en garde contre les agrumes (en particulier les citrons… mais on pourrait sans doute l’étendre à l’ananas…).
Au final, nous sommes en présence d’un couteau de qualité supérieure, doté d’une très bonne ergonomie avec une capacité de coupe très puissante pour une masse qui demeure raisonnable. Un entretien régulier et pointilleux de la lame devrait permettre de disposer d’un outil coupant très performant et d’une grande élégance.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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