Le modèle Advocate est une réalisation de Gayle Bradley. C’est un magnifique
framelock qui marque de nouveau un progrès qualitatif de la part de
Spyderco.
Comme les plus beaux
couteaux de la marque, l’Advocate est fabriqué par le sous-traitant taiwanais de la marque à l’Araignée. Comme sur les autres Bradley il reçoit une lame en CPM-M4 issus des concours de coupe.
Le
couteau mesure 11,50 cm fermé pour une longueur totale de 20,60 cm, ce qui en fait un
couteau de grande taille, avec une masse de 111 grammes, ce qui le rend
EDC compatible, mais trop grand pour un usage urbain.
Sur le plan mécanique, le système est un Reeve Integral Lock (RIL) modifié.
La platine verrou possède un ressort à trois découpes externes. Par rapport à la platine utilisée sur un
Sebenza, l’interface en
titane qui vient s’engager au talon de la lame est remplacé par un insert en acier trempé qui est montée dans un évidement de la platine verrou et occupe environ 1,5 mm. La fixation est faite au moyen de deux vis torx de petit diamètre non traversières. La partie en acier trempé est également traversée par deux axes qui paraissent provenir du frame en
titane, le montage est donc très élégant car totalement invisible de l’extérieur tout en reposant sur des principes mécaniques robustes.
La pièce en acier trempé possède aussi une fonction de Lock Bar Stabilizer, avec une partie haute cylindrique qui vient prendre appui dans un évidement supérieur de la partie en
titane.
L’architecture mécanique du
Spyderco Advocate peut être considérée comme éprouvée. L’ajustage du mécanisme
framelock est parfait et le verrouillage de la lame est immédiat. Il n’existe aucun jeu mécanique résiduel, vertical ou bien latéral, et lors de la prise en main, il n’y a aucun enfoncement secondaire du verrou.
Les deux côtes en
titane possèdent la même épaisseur de 2,5 mm approximativement. Ces côtes sont toxifiées et reçoivent une texture magnifique du type peau d’orange, alors que les bords des côtes ont été polis miroir. L’ensemble possède, sur mon exemplaire, une finition argentée absolument magnifique. Il est possible que cette finition argentée prenne une teinte bronze en fonction de la nature et de l’intensité de l’éclairage.
L’alliage de
titane utilisé est classique, du type
Ti6 Al4 V de grade 5, il a largement fait ses preuves. Les deux côtes sont symétriques, sauf sur un point, la platine de gauche reçoit une légère découpe, très bien polie afin de faciliter le retrait du verrou : cet aménagement n’est pas cosmétique et permet réellement un dégagement plus facile.
Le manche possède une largeur de 8,5/9 mm ce qui est très fin pour un
framelock et donne à ce
couteau une ligne élancée tout en possédant une masse réduite compte tenu de son encombrement.
Le manche possède une hauteur de 24 mm à l’aplomb du verrou, puis vers le centre du manche on dispose de 29 mm, avec un léger galbe qui confère une excellente ergonomie : le
couteau tombe bien en main et se verrouille très bien pour les opérations de coupe de toute sorte.
Le manche est assemblé au moyen d’une visserie torx de diamètre moyen qui respire la solidité avec quatre vis : deux vis de chaque côté. Le
couteau dispose d’un axe de pivot de la lame bien dimensionné.
Il n’existe pas de stop pin apparent, comme sur un certain nombre de flipper moderne,
Spyderco a opté pour un montage avec un stop pin interne avec découpe d’un rail transversale dans le talon de la lame.
Ce montage m’a personnellement toujours donné satisfaction sur les
couteaux qui en sont dotés, je ne pense pas du tout qu’il contribue à un quelconque affaiblissement du
couteau. Au demeurant un assez grand nombre de
couteaux customs reprennent cette architecture.
Le clip est le fameux clip en forme de cuillère de
Spyderco, qui comme je l’ai régulièrement écrit est largement en deçà de la qualité des
couteaux produits. Toutefois, sur l’Advocate le clip a fait l’objet d’une finition pointilleuse avec un polissage des flancs presque parfait (pour une fois), en outre il est réversible, ce qui est assez rare sur un
framelock. Le clip est tout à fait opérationnel et assure une très bonne rétention en poche.
L’Advocate est un flipper, qui possède un mécanisme de type Ball Bearing « à friction réduite » selon la documentation de
Spyderco. Les systèmes à flipper de type Carson sont souvent difficile à régler mais sur mon
couteau la mécanique est parfaitement fluide.
La rétention est assez forte, ce qui aboutit à une bonne détente qui permet une ouverture complète de la lame par une seule impulsion sur le flipper. Ce flipper est assez proéminent, il n’est pas du tout cranté et il fait faire porter l’effort sur son extrémité. La proéminence du flipper a été conçue d’origine pour constituer un quillon inférieur qui protège parfaitement l’index de l’utilisateur. Cette
protection n’est pas un luxe compte tenu de la redoutable lame en CPM-M4.
La lame possède une épaisseur de 3 mm, pour une longueur de 90 mm et un tranchant lisse de 80 mm. Le différentiel de 10 mm correspond à l’aménagement d’un finger choil à l’avant du flipper pour faciliter une prise de main avancée du
couteau pour effectuer des coupes de précision. Le finger choil n’est pas cranté mais s’est avéré utilisable en toute sécurité.
La lame est pourvue d’un Spyderhole de 12 mm de diamètre qui autorise très facilement son déploiement.
La lame possède une hauteur maximale de 23 mm.
Sa géométrie est du type Drop Point avec une esquisse de faux contre-tranchant. Une rampe crantée de 17/18 mm est usinée dans l’acier de la lame derrière le Spyderhole, l’appui pour le pouce est parfait.
La lame possède une émouture plate intégrale qui donne naissance à un tranchant très coupant comme sur les autres fermants Bradley que je possède.
Toutefois, ce tranchant est un peu plus fin que les deux fermants Bradley antérieurs (je parle des deux modèles éponymes et non du modèle Air) qui sont plus orientés
couteaux de travail, alors que l’Advocate serait en quelque sorte un hybride entre un
EDC luxueux et un
couteau de travail fort solide.
L’acier CPM-M4 est un produit issu de la technologie de la métallurgie des poudres de la société américaine Crucible. La caractérisation physico-chimique en fait un composé métallurgique qui selon les sciences de l’ingénieur se classe à la fois dans les aciers spéciaux (pourcentage de carbone supérieur à 0,6), mais surtout dans la catégorie des aciers outils dits rapides, c’est-à-dire destinés à déchiqueter d’autres aciers et à fabriquer des forets.
Il s’agit d’une évolution technologique majeure de l’acier M4, lui-même produit par Crucible. Par rapport à l’acier standard M4, le CPM-M4 a été modifié par une augmentation en carbone afin de lui conférer une dureté optimale pour les travaux de coupe. On note également un apport en souffre notable (High Sulfur) selon Crucible, qui permettrait d’obtenir un meilleur usinage de l’acier CPM-M4. Sa composition chimique est donnée par un Data Sheet de Crucible : carbone 1,42% ; chrome 4,00% ; vanadium : 4,00% ; tungstène : 5,50% ; Molybdène : 5,25%, manganèse : 0,30% et souffre 0,06%.
Fondamentalement, le CPM-M4 est un acier au carbone qui reste vulnérable à la corrosion et particulièrement au jus de citron…
Avec l’Advocate de Gayle Bradley
Spyderco frappe fort, une nouvelle fois, avec un niveau qualitatif bluffant.
De manière irrésistible la firme de Golden tire le niveau des
couteaux industriels vers le haut, avec une contrepartie qui est malheureusement le coût conséquent des
couteaux, cela est vrai pour le marché des Etats-Unis, mais aussi et surtout pour le marché français.
Toujours est-il que voilà une pièce superbe et fonctionnelle dont vous ne regretterez pas l’acquisition.
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Mots-clés : Couteaux Spyderco
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