Couteau TTM
Tanto Thomas MOREL
Voici l'une des dernières créations d'un artisan forgeron coutelier dont je vous avais précédement parlé et qui a réalisé pour moi l'un de mes profils de lame préférés... Un Tanto of course !
Lorsque j'avais rencontré Thomas il y a deux ans, j'avais d'abord été séduit par son travail de ferronnerie. Je n'avais pas tout de suite remarqué ses talents pour la coutelerie mais, comme je l'avais précisé lors du premier article, c'est un vrai coutelier qui sait travailler du très gros et aussi du trés léger.
Je ne lui avais pas demandé de réaliser de tanto, il a confectionné celui-ci comme il l'a voulu, sobre, d'une grande finesse mais surtout dans un acier très particulier.
Car la particularité de ce magnifique tanto c'est l'origine du fer prélevé dans deux lopins qui datent du XIV ème siècle prenant en sandwich un morceau d'Y2 120.
C'est un acier à lime issue des aciéries du Tarn qui tape à 1,2 % de carbone et qui offre cette texture si particulière à la lame.
L'assemblage des trois éléments doit être effectuée à la soudure à l'arc avant que le tout ne soit porté de nouveau à une vraie soudure à la forge.
L'opération d'étirage, restant assez délicate du fait de la ductilité entre les aciers utilisés, favorise la formation de lèvres sur le lopin occasionnant parfois des ratés se présentant sous la fome de longs cheveux sur la lame, sorte de sillon creusé bien visible ici sous la lumière jaune et présentant un risque de rupture de l'acier si la lame subit une torsion ou que l'on s'en sert comme levier.
Ce couteau pourrait donc sembler raté et destiné à être jeté, sauf bien sur si l'on est sûr de s'en servir pour des travaux ne présentant pas de risque de rupture.
Ce qui est le cas car l'émouture creuse trés fine a été pensée pour effectuer des travaux essentiellement de cuisine.
Le polissage de la lame démontre ici tout le travail en finesse de cet artisan au grand coeur...
laissant apparaître sur la partie supérieure de la lame le grain si particulier de ce très vieil acier.
Ont peut observer sur cette photo l'acier prenant en sandwich le morceau d'Y2 120.
Destiné à l'origine à rester "nu", le manche a toutefois était "habillé" à ma demande de deux plaquettes de bois afin d'offrir une plus confortable préhension en vue de son utilisation presque strictement alimentaire.
Comme ce couteau fût fournis sans étui, je me devais de réaliser quelque chose pour le protéger, surtout afin de préserver le tranchant vraiment rasoir de la lame proche de celle d'un rasoir de barbier.. Ce fut donc un morceau de bambou qui servi. Je vous dévoile ici la technique et cela permettra à certains de s'y exercer...
J'ai donc décidé de le réaliser avec une technique rudimentaire mais efficace sans outil ou presque...
Prenant mon SAK et sa lame scie, j'ai d'abord sectionné à la bonne dimension, le morceau de bambou,
Puis afin d'habiller l'intérieur pour préserver le tranchant, j'ai fendu celui-ci avec mon Outcast de Kershaw qui se défend très bien dans ce genre d'exercice...
Il falait maintenant "raboter" la section du milieu ce qui fût chose faite avec l'outil ouvre boite de mon SAK...
Enfin, habiller l'intérieur avec deux bandes de cuir toujours avec mon suisse...
les deux bandes collées à la colle néoprène, puis percer des trous afin de refermer l'ensemble, ce qui fût réalisé grâce à l'épissoire...
Il restait à ligaturer les deux morceaux façon boîte Bento japonaise...
Un morceau de bouchon en liège au fond permettant la butée de la lame et le foureau était terminé.
Une fois à l'intérieur, le tanto ne dépasse pas et permet ainsi de le transporter en toute sécurité et pour lui et pour moi.
Une vue sur l'avant bras afin de donner une idée des dimensions généreuses de la pièce...
Et une en main comme toujours pour se faire une idée de la préhension...
Un autre tanto est en cours de réalisation mais cette fois il sera gardé par son auteur qui apprécie cette forme, mais je ne manquerai pas de vous en reparler lorsqu'il sera terminé.
J'apprécie vraiment cette pièce car je m'attache souvent à mes couteaux parce qu'il y a une histoire, une rencontre qui en résulte, celui-ci est l'un de mes favoris d'autant plus que Thomas l'a réalisé en pensant à moi sans qu'aucun cahier des charges n'ait été préparé à l'avance.
J'espère que vous en apprécierez le travail car c'est un garçon qui mérite vraiment d'être connu d'ailleur s'il vous venait de passer dans l'Orne, faites un détour, vous y découvrirez une vraie forge à l'ancienne dans un cadre propice aux inspirations et réalisations de goûts comme sait le faire Thomas.
Le TTM ne sera pas le dernier... To be continued...
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Moi, j'aime personnellement ce couteau et cet article pour deux raisons.
![En Haut [^]](/public_images/skins/itheme/fleche-haut-13.png)
Il est tout bonnement magnifique celui là.
Je me suis posé aussi la question, et ça serait bien d'avoir le point de vue de Léo, et peut-être aussi celui de Thomas Morel, qui pourrait nous fournir de plus amples informations techniques.
Christobal, tes explications sont parfaitement claires et pleines de bon sens. Moi aussi, je me suis posé la question. Mais je pense que c'est un niveau de tolérance qui est recherché dans le sandwich. Et là, c'est de l'étude de la métallurgie pure.
Vos remarques et avis à tous sont ici pertinents. Loin de moi de comprendre toutes les techniques des aciers et particulièrement de leurs assemblages, j'en perçois pourtant la subtilité ! Les règles techniques liés à cet assemblage hors normes ne sont pas perçues par moi comme des défauts majeurs dans la réalisation de ce couteau dans la mesure où, comme je le précise dans l'article l'objet est destiné principalement à la découpe alimentaire et ne devrait, après essuyage méticuleux ne poser aucuns problèmes. Le risque d'infiltration de l'humidité dans la veine présente dans l'acier ne pouvant être complètement écarté, il n'est pas à exclure l'apparition d'une corrosion soit elle minime pouvant entraîner là aussi un risque de rupture prématuré de l'acier au pire, la formation de rouille le rendant éventuellement impropre à toute utilisation pour laquelle il était initialement prévu.
Pas content du Tanto de Léo J'arrive
La lame est ceci et cela...Bla, Bla, Bla tout ça c'est du Technique
(Y2 120 fusion de XIV + 
mais l'âme
du coutal 
En lisant l'article, il était clair que ce couteau était potentiellement fragile.
Et bien, je trouve l'objet d'une rare classe, tant et si bien que s'il eut été une cuillère je lui aurai aussi mis la meilleure note.




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