Juin 10 27

Couteau TTM

Tanto Thomas MOREL

  • Currently 3.9/5

Note : 3.9/5 (17 notes)


Voici l'une des dernières créations d'un artisan forgeron coutelier dont je vous avais précédement parlé et qui a réalisé pour moi l'un de mes profils de lame préférés... Un of course !

Lorsque j'avais rencontré Thomas il y a deux ans, j'avais d'abord été séduit par son travail de ferronnerie. Je n'avais pas tout de suite remarqué ses talents pour la coutelerie mais, comme je l'avais précisé lors du premier article, c'est un vrai coutelier qui sait travailler du très gros et aussi du trés léger.

Je ne lui avais pas demandé de réaliser de , il a confectionné celui-ci comme il l'a voulu, sobre, d'une grande finesse mais surtout dans un acier très particulier.


Car la particularité de ce magnifique c'est l'origine du fer prélevé dans deux lopins qui datent du XIV ème siècle prenant en sandwich un morceau d'Y2 120.


C'est un acier à lime issue des aciéries du Tarn qui tape à 1,2 % de carbone et qui offre cette texture si particulière à la lame.
L'assemblage des trois éléments doit être effectuée à la soudure à l'arc avant que le tout ne soit porté de nouveau à une vraie soudure à la forge.
L'opération d'étirage, restant assez délicate du fait de la ductilité entre les aciers utilisés, favorise la formation de lèvres sur le lopin occasionnant parfois des ratés se présentant sous la fome de longs cheveux sur la lame, sorte de sillon creusé bien visible ici sous la lumière jaune et présentant un risque de rupture de l'acier si la lame subit une torsion ou que l'on s'en sert comme levier.



Ce pourrait donc sembler raté et destiné à être jeté, sauf bien sur si l'on est sûr de s'en servir pour des travaux ne présentant pas de risque de rupture.


Ce qui est le cas car l'émouture creuse trés fine a été pensée pour effectuer des travaux essentiellement de cuisine.

Le polissage de la lame démontre ici tout le travail en finesse de cet artisan au grand coeur...


laissant apparaître sur la partie supérieure de la lame le grain si particulier de ce très vieil acier.

Ont peut observer sur cette photo l'acier prenant en sandwich le morceau d'Y2 120.


Destiné à l'origine à rester "nu", le manche a toutefois était "habillé" à ma demande de deux plaquettes de bois afin d'offrir une plus confortable préhension en vue de son utilisation presque strictement alimentaire.

Comme ce fût fournis sans étui, je me devais de réaliser quelque chose pour le protéger, surtout afin de préserver le tranchant vraiment rasoir de la lame proche de celle d'un rasoir de barbier.. Ce fut donc un morceau de bambou qui servi. Je vous dévoile ici la technique et cela permettra à certains de s'y exercer...


J'ai donc décidé de le réaliser avec une technique rudimentaire mais efficace sans outil ou presque...


Prenant mon SAK et sa lame scie, j'ai d'abord sectionné à la bonne dimension, le morceau de bambou,


Puis afin d'habiller l'intérieur pour préserver le tranchant, j'ai fendu celui-ci avec mon Outcast de Kershaw qui se défend très bien dans ce genre d'exercice...


Il falait maintenant "raboter" la section du milieu ce qui fût chose faite avec l'outil ouvre boite de mon SAK...


Enfin, habiller l'intérieur avec deux bandes de cuir toujours avec mon suisse...


les deux bandes collées à la colle néoprène, puis percer des trous afin de refermer l'ensemble, ce qui fût réalisé grâce à l'épissoire...


Il restait à ligaturer les deux morceaux façon boîte Bento japonaise...


Un morceau de bouchon en liège au fond permettant la butée de la lame et le foureau était terminé.


Une fois à l'intérieur, le ne dépasse pas et permet ainsi de le transporter en toute sécurité et pour lui et pour moi.



Une vue sur l'avant bras afin de donner une idée des dimensions généreuses de la pièce...


Et une en main comme toujours pour se faire une idée de la préhension...


Un autre est en cours de réalisation mais cette fois il sera gardé par son auteur qui apprécie cette forme, mais je ne manquerai pas de vous en reparler lorsqu'il sera terminé.

J'apprécie vraiment cette pièce car je m'attache souvent à mes parce qu'il y a une histoire, une rencontre qui en résulte, celui-ci est l'un de mes favoris d'autant plus que Thomas l'a réalisé en pensant à moi sans qu'aucun cahier des charges n'ait été préparé à l'avance.

J'espère que vous en apprécierez le travail car c'est un garçon qui mérite vraiment d'être connu d'ailleur s'il vous venait de passer dans l'Orne, faites un détour, vous y découvrirez une vraie forge à l'ancienne dans un cadre propice aux inspirations et réalisations de goûts comme sait le faire Thomas.

Le TTM ne sera pas le dernier... To be continued...

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Commentaires

2 - Re:

maxos Moi, j'aime personnellement ce couteau et cet article pour deux raisons.
La première est que j'ai de l'affection pour les projets techniquement un peu fous sur les aciers, et celui-ci est dans le mille là-dessus. Ensuite j'aime beaucoup le travail sur l'étui en bambou, qui est simple, sobre, modeste. On est dans l'épure, la compréhension et la sympathie du geste et de l'outil : on a l'impression que le temps ralentit et devient plus accueillant.

 


maxos | Le Dimanche 27/06/2010 à 19:38 | [^] | Répondre

3 -

cardoso5fr Il est tout bonnement magnifique celui là.

 


cardoso5fr | Le Dimanche 27/06/2010 à 20:37 | [^] | Répondre

4 -

C'est moi qui ai mis une seule étoile (mais ce n'est pas dans mes habitudes) .
Pour me justifier voici quelques explications et vous pourrez me reprendre si j'ai mal compris, le couteau est en acier sandwich (Y2 120 pour le coeur et vieux fer sur les côtés), le sandwich ou San Mai a pour but (en autre) de rendre une lame plus résistante aux contraintes latérales hors d'après Leonidas il semble qu'il y ai eu un problème lors de la forge qui lui interdit certaines tâches qui normalement devraient êtres possibles avec ce genre de ¨construction¨ (il y a de risque de rupture d'après ses propos), en lisant son article et en regardant ses images je pense que l'on peut  en déduire qu'il s'agit d'une mauvaise soudure entre le coeur et les flans donc même si ce n'est que pour effectuer des travaux en cuisine l'humidité va s'infiltrer par endroit entre les couches et ça va s'oxyder .
J'aurai certainement dû passer mon chemin plutôt que de jouer les ¨rabats joie¨ mais si je suis intervenu c'est que je trouve qu'un couteau avec un défaut reconnu ne devrait pas être mis en ¨circulation¨ par son créateur .
Donc voilà j'ai exprimé mon point de vue et si je me suis trompé dans l'interprétation de ce que j'ai lu et bien je m'en excuse auprès de son auteur . 

 


christobal | Le Dimanche 27/06/2010 à 21:48 | [^] | Répondre

5 - Re:

Blue Dog Je me suis posé aussi la question, et ça serait bien d'avoir le point de vue de Léo, et peut-être aussi celui de Thomas Morel, qui pourrait nous fournir de plus amples informations techniques.

 


Blue Dog | Le Dimanche 27/06/2010 à 22:01 | [^] | Répondre

6 - Re:

Guillaume Christobal, tes explications sont parfaitement claires et pleines de bon sens. Moi aussi, je me suis posé la question. Mais je pense que c'est un niveau de tolérance qui est recherché dans le sandwich. Et là, c'est de l'étude de la métallurgie pure.

Je pense qu'Efix pourra nous renseigner.

Ta note est donc logique.

Je sais que sur les Plazen en Sandwich, les torsions sont mal supportées par exemple...

Pas de mal !

 


Guillaume | Le Dimanche 27/06/2010 à 22:09 | [^] | Répondre

8 - Re:

Concernant le San Mai je m'étais documenté auprès de D.Vally (et aussi de A.Wirtz par son intermédiaire) mais je vais encore approfondir la question .
Cela dit j'ai je ne suis pas un expert mais j'ai tout de même l'impression que certains couteliers ont une drôle de conception de la métallurgie   .

 


christobal | Le Dimanche 27/06/2010 à 23:11 | [^] | Répondre

9 - Re:

Guillaume Pour ce que j'en ai retenu - donc deux ex-francs et six sous - les sandwichs sont faits uniquement pour la coupe : pas de chocs latéraux, pas de torsions. Cela permet de mettre un coeur ultra-dur donc ultra-ultra coupant dans un revêtement qui amoindri les chocs. L'usage exclusif de ces lames est le tranchant, pas les usages multiples. C'est pour cela que Plazen fait des lames mono-acier en C130 par exemple, pour d'autres usages.
Wirtz et Vally en ont parlé sur plein de pages web. Ce sont deux références sérieuses en la matière.

En résumé : un couteau n'est pas une barre à mines, surtout pas un couteau en sandwich.

My two cents - as I said before. 

 


Guillaume | Le Dimanche 27/06/2010 à 23:31 | [^] | Répondre

7 - Re:

maxos Questions très intéressantes, Christobal. Elles permettent (par la réopnse qui leur sera donnée) de mieux comprendre le rapport technique d'usinage/ usage.

 


maxos | Le Dimanche 27/06/2010 à 22:59 | [^] | Répondre

10 - Pertinentes...

leonidas Vos remarques et avis à tous sont ici pertinents. Loin de moi de comprendre toutes les techniques des aciers et particulièrement de leurs assemblages, j'en perçois pourtant la subtilité ! Les règles techniques liés à cet assemblage hors normes ne sont pas perçues par moi comme des défauts majeurs dans la réalisation de ce couteau dans la mesure où, comme je le précise dans l'article l'objet est destiné principalement à la découpe alimentaire et ne devrait, après essuyage méticuleux ne poser aucuns problèmes. Le risque d'infiltration de l'humidité dans la veine présente dans l'acier ne pouvant être complètement écarté, il n'est pas à exclure l'apparition d'une corrosion soit elle minime pouvant entraîner là aussi un risque de rupture prématuré de l'acier au pire, la formation de rouille le rendant éventuellement impropre à toute utilisation pour laquelle il était initialement prévu.
Là aussi le choix de conserver cette pièce particulière viens dans le fait que Thomas a pensé ce couteau pour moi, que j'étais avertis dès le départ des risques énoncés plus haut et que j'ai toutefois convenu avec lui de conserver le couteau car on ne jette pas une pièce artisanale (en tout cas pour moi) réalisée par un personnage comme Thomas sous le seul prétexte d'une faiblesse présente sur une lame de cette qualité.
Thomas m'a présenté ce projet une fois réalisé sans qu'aucune demande de ma part est été faite et j'eus en ce temps le libre choix de l'accepter ou non.
Mais au delà de la perception de la perfection de la pièce, ce qui compte pour moi c'est bien l'attachement de la réalisation et le sortir des mains de l'artisan du couteau que le zéro défaut recherché.
Si ce critère n'était pas, j'aurais cherché une lame industrielle sans valeur autre que celle marchande mais vierge de tout caractère.
Mais il convient que j'inviterai Thomas à vous expliquer lui-même les raisons de son choix.

Merci pour ceux qui apprécient la démarche.

 


leonidas | Le Lundi 28/06/2010 à 00:16 | [^] | Répondre

11 - Tanto Rescue !

navydog Pas content du Tanto de Léo J'arrive ...Qu'est-ce que je vois  La lame est ceci et cela...Bla, Bla, Bla tout ça c'est du Technique  (Y2 120 fusion de XIV + ...)

Perso, j'ai d'emblé après lecture mis la note "5" pas en pensant à lame  mais l'âme du coutal  et là on est servi...avec la Forge de Thomas qui a parlée et cet acier Antique, qui ne cesse et ne cessera de parler, et faire parler  de plus finition Tanto 
Merci Léo, pour ce fourreau "naturel" improvisé dont j'ai suivi les étapes avec attention  j'avoue 2-3 fois  tout ça avec les outils du parfait couteauphile
Remerciement à Mr T. MOREL pour cet ouvrage somme toute audacieux

 


navydog | Le Lundi 28/06/2010 à 22:33 | [^] | Répondre

12 - Re: Tanto Rescue !

Il y a un truc qui me chagrine sur ce couteau : le laminé 3 couches, ok, quand il s'agit d'améliorer les performances d'une lame pour laquelle on utilise un acier très carburé, mais dans le cas présent, il y a un problème, quelque chose d'antinomique.
Si on veut protéger le corps de la lame, on l'enrobe le plus loin possible vers le fil, ce n'est pas le dos qui est le plus fragile, mais le tranchant. Et puis, avec une trempe sélective, on épargne le dos. 
Le fait de pratiquer une émouture concave, efface complètement l'enrobage en vieux fer et la partie en Y2 est à nu. Une géométrie droite avec finition très légèrement convexe eut été beaucoup plus probante !
Donc, le laminage 3 couches est purement cosmétique et ne sert absolument à rien, puisqu'il ne protège pas la partie la plus fragile de la lame, mais seulement le dos. Ce type de géométrie affaiblit les lames, n'apporte rien, sauf sur un rasoir coupe-chou.
Quant à la "chambre en ville", elle va s'amplifier au contact des aliments, de l'eau, etc ... Une lame avec un défaut de ce type, je ne crois pas qu'Eric l'aurait vendue, mais bon, on voit mal sur la photo, difficile de juger. Et j'aime bien le travail de Thomas Moral, en général.
Bref, je ne suis pas convaincu ...

 


Efix | Le Mercredi 30/06/2010 à 17:55 | [^] | Répondre

13 - Re: Tanto Rescue !

cardoso5fr Je ne voie pas la chambre à louer ? C'est la jonction dont parle léo sur une des première photos?

 


cardoso5fr | Le Mercredi 30/06/2010 à 18:11 | [^] | Répondre

14 - La polémique...

leonidas Une dernière chose et après on en parle plus :

Je l'ai dit plus haut, donc je me répète, Thomas destinait ce couteau à la poubelle. Je n'ai pas voulu, j'ai insisté, il m'a cédé.

J'aurais aussi pu cacher cette faiblesse, je ne l'ai pas fait par respect pour les lecteurs, bien mal m'en a pris, cela discrédite le couteau et surtout Thomas.

Mes excuses auprès de lui.

 


leonidas | Le Jeudi 01/07/2010 à 22:53 | [^] | Répondre

15 - Re: La polémique...

Guillaume Non, non, il n'y a pas de polémique Juste un sain échange de points de vue et une réflexion déjà très avancée sur la métallurgie ! C'est complexe.

Le travail de Thomas Morel n'est pas en cause, c'est un forgeron hors-pair. Les essais et études sont les bienvenues. Tout est bien, pourvu que l'on apprenne.

 


Guillaume | Le Vendredi 02/07/2010 à 01:38 | [^] | Répondre

16 - Allez.. mon grain de sel à moi :

Anzioluz En lisant l'article, il était clair que ce couteau était potentiellement fragile.
Et Léo, avec son habituelle franchise, n'a nullement caché la faiblesse de l'engin.
Bravo aussi à Thomas d'avoir poussé le plus loin possible son art de la forge.

Je n'ai jamais caché que je ne suis nullement passionné par les couteaux qui ne sont pour moi que des outils necessaires devant être si possible beaux, mais surtout efficaces, solides, et ergonomiques.

J'avoue qu'après des années de pratique du trek, je suis sceptique quant à la fiabilité du damas et du sandwhich dans des conditions "extrêmes" d'utilisation ; à cause justement de l'éventualité de ces defauts lors des opérations d'étirage et de soudure : on croit être équipé d'un couteau à forte résilience.. qui peut casser à la première torsion..

Pour être complet, il faut aussi dire que des risques de défaut non visibles à l'oeil nu existent aussi avec les aciers inox dont la multiplicité des composants n'en fait pas toujours un ensemble stable.

Malgré l'inconvénient majeur qu'est la rouille, je ne pars plus qu'avec des couteaux en acier carbone homogène, tels le XC75, le C130, etc...

Avis perso à deux balles... mais partagé aussi par des trekkeurs, forestiers, éleveurs, etc..

Merci à toi, Léo, pour ton article qui nous a tous fait cogiter et progresser.

 


Anzioluz | Le Samedi 03/07/2010 à 11:58 | [^] | Répondre

17 -

Torpen Et bien, je trouve l'objet d'une rare classe, tant et si bien que s'il eut été une cuillère je lui aurai aussi mis la meilleure note.

 


Torpen | Le Lundi 05/07/2010 à 20:43 | [^] | Répondre

18 -

 De même, je le trouve très beau !
Ce qui me plait le plus, c'est qu'il mêle le traditionnel (acier et forme tanto, somptueuse ici) et un manche qui me semble un peu plus moderne dans le style, sans jurer.
C'est sûr, il ne mérite pas la poubelle 

 


Alex le rasta | Le Mardi 06/07/2010 à 10:43 | [^] | Répondre

19 - Re:

"Pour être complet, il faut aussi dire que des risques de défaut non visibles à l'oeil nu existent aussi avec les aciers inox dont la multiplicité des composants n'en fait pas toujours un ensemble stable."

Oui et non, car ce problème est définitivement résolu avec les aciers résultants de la métallurgie des poudres.
Ensuite, le choix est une affaire personnelle.

 


Efix | Le Samedi 10/07/2010 à 11:12 | [^] | Répondre