Spyderco Brad Southard
Un couteau d'exception
Pendant longtemps Sal Glesser a estimé que l’ouverture par flipper n’apportait rien au Spyderhole, mais finalement devant l’engouement du public américain pour les systèmes mis au point par Kit Carson pour CRKT il a été décidé de faire son entrée avec une réalisation originale.
D’emblée on doit préciser que le couteau est fabriqué par le sous-traitant taïwanais de Spyderco et qu’il figure avec le Domino sur la liste des couteaux les mieux ajustés et les mieux finis de la firme à l’Araignée.
Le Southard est un couteau qui dispose d’un mécanisme de verrouillage de type Reeve Integral Lock (RIL) avec une platine verrou disposant d’un ressort très efficace. On note que la platine n’a pas été renforcée par un liner interne en acier comme sur le Domino. Aucune explication n’est fournie à ce sujet, on peut toutefois estimer que le design de Brad Southard était dépourvu de cette pièce et que la volonté du concepteur l’a emporté.
Le Southard est un couteau relativement compact avec 11 cm fermé pour 20,2 cm lame ouverte. On peut dire qu’il est un peu grand pour un EDC, mais son aspect proche du custom lui confère une élégance qui personnellement le classe dans les couteaux de gentleman. Sa construction est de type open frame. Sa masse est de 124 grammes.
La structure du manche est de type hybride comme sur les couteaux de la gamme Zero Tolerance sauf que pour le Southard, la platine opposée au verrou est-elle aussi réalisée en titane. La platine verrou est un pur chef d’œuvre d’ajustage avec un verrouillage immédiat de la lame. Ce verrouillage est très solide on n’observe aucun jeu. La platine framelock est épaisse de 3 mm, voire 3,5 mm. La platine opposée possède une épaisseur de 2 mm et reçoit une côte en G-10 marron qui possède elle aussi une épaisseur de 2 mm.
Le G-10 possède une surface assez rugueuse, qui possède l’avantage de fournir un excellent grip. Le manche est galbé et offre une prise en main de grande qualité : le couteau devient un prolongement naturel de la main.
Une pièce en G-10 marron est intégrée du côté droit au niveau de l’axe du pivot qui sert à la maintenir en place. Cette pièce assez épaisse vient jouer le rôle d’un Lock Bar Stabilizer sans pour autant recopier le concept de Rick Hinderer. La pièce rapportée en G-10 joue à merveille sa fonction de mécanisme anti-déformation élastique du verrou.
Le manche possède une largeur de 1,8 cm pour une hauteur maximale de 2,5 cm.
Le côté en G-10 possède une large échancrure pour permettre l’accès au Spyderhole qui a été conservé pour bien marquer l’identité du couteau. Toutefois, à l’usage bien que le système soit utilisable il est beaucoup moins facile à mettre en œuvre que le déploiement par flipper.
Le flipper ne reçoit aucun crantage et en position de lame déployée il offre un petit quillon avant suffisant pour protéger la main de l’utilisateur.
Les pièces en titane reçoivent toute une finition stonewashed externe et interne du plus bel effet.
Le clip est au niveau des réalisations customs en la matière bien qu’il ne possède qu’une seule position : il est clair que le couteau est conçu pour des droitiers. Le seul reproche que je lui adresse est d’être beaucoup trop brillant avec sa finition polie miroir. Hormis cet aspect le clip fonctionne très bien et permet un très bon maintien en poche, même s’il est un peu dur d’origine.
Le système de déploiement de la lame ne fait pas appel à des washers en bronze phosphoré mais à des roulements à billes. On pense tout de suite à l’IKBS, mais en la matière Brad Southard insiste sur la différence de nature du système retenu sur ce couteau.
Il n’existe pas de stop pin apparent, en revanche il existe deux butées internes positionnées sur le talon de la lame qui viennent prendre appui à l’intérieur des platines en position ouverte. Cette construction désormais classique paraît très solide.
Le Southard est un très bon flipper avec une fluidité très proche du système IKBS. Le Domino utilise la même technologie que le Southard avec une petite perte de fluidité (à peine mesurable) sans conséquence.
La lame est une forme qui combine une influence wharncliff avec un drop point ce qui permet d’obtenir une lame ultra polyvalente dont le tranchant optimisé est courbe. Cette forme est parfaite pour un utilitaire. La lame mesure 92 mm environ en tenant compte a minima du ricasso pour une surface de coupe d’au moins 90 mm en raison de la courbure du tranchant.
L’épaisseur de la lame est de 4 mm avec une excellente gestion de l’épaisseur : la lame n’apparaît jamais comme fragile, sa hauteur maximale est de 2,6 cm. Le dos est intégralement plat et reçoit un crantage de 2,5 cm pour positionner le pouce d’une manière confortable.
L’acier utilisé est un acier Carpenter CTS-204P issu de la métallurgie des poudres et qui possède une composition chimique exceptionnelle : carbone 1,90% ; silicone 0,60% ; molybdène 1,00% ; manganèse 0,35% ; chrome 20,00% ; vanadium 4,00%, le reste étant bien sûr composé de fer. Cet acier complexe possède des qualités mécaniques optimales avec une dureté de 58 RKC selon les données publiées par Carpenter. Son tranchant exceptionnel est dû à la présence de carbure de vanadium très dur et sa résistance à la corrosion surclasse les réalisations de Crucible notamment les CMP-S60V et S90V.
L’émouture est réalisée en creux et confère à la lame une puissance de coupe réellement exceptionnelle. La lame reçoit une finition stonewashed parfaite.
Au final, un très bon couteau ergonomique et doté d’une lame haut de gamme avec une finition étonnante, au niveau de la plupart des couteaux customs actuels. La principale objection réside dans un prix de vente déraisonnable pour le marché européen. Spyderco semble avoir pris conscience de ce problème, et hormis le Hungarian Ethnic Folder 2013/2014 les autres nouveautés délaissent les aciers Carpenter et Crucible pour opérer un recentrage sur le VG-10 avec une gamme de prix beaucoup plus réaliste.
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